Chapitre 14

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— On fait moins la maline, Moore !

Mon cœur bat plus fort que jamais et je dois reprendre le souffle qu'il vient de me couper.

— Putain Elliot, tu m'as fait peur !

— C'était le but.

Adossé contre la porte, les bras croisés, il me gratifie d'un sourire en coin. Il est satisfait de son petit jeu. Il s'avance doucement, le regard brûlant.

— Alors, Moore, on a peur des fantômes ?

Sa voix n'est plus qu'un murmure. Sans me quitter des yeux, il passe sa main autour de ma taille.

— Dans tes rêves, Myers !

D'un geste vif, il comble l'espace qui nous sépare encore et presse son corps contre le mien. Sa bouche frôle mon oreille.

— Dans mes rêves, on est déjà bien plus loin que ça... chuchote-t-il d'une voix rendue rauque par le désir.

Fascinée par ses yeux qui aimeraient me déshabiller, j'ai le souffle coupé. Tout me dit de reculer. Mais tu continues de m'attirer. Ses gestes sont des promesses. Je veux croire qu'elles sont vraies. Dans ma tête, une douce musique me dit de ne plus hésiter. Je veux plus lutter. J'agrippe sa nuque et scelle nos lèvres qui depuis trop longtemps se cherchent.

«Tonight we'll find a dune that's ours... »

Nos lèvres se dévorent. Ses doigts se referment sur moi et on bascule sur le matelas. Au-dessus de moi, ses cheveux caressent mon cou. Chaque baiser devient plus profond, plus avide. Son parfum est le plus doux des poisons. Dans l'obscurité de cette chambre désaffectée, plus rien n'existe, si ce n'est ce moment volé. Mes mains s'impatientent et je commence à parcourir son corps fiévreux. Je retire sa veste et la fait valser au pied du matelas.

— Impatiente ?

— Rappel moi, qui a poussé qui sur ce matelas ?

Je me penche en avant et pince sa lèvre entre mes dents avant de l'obliger à rouler sur le dos. À califourchon, je prends le contrôle de la situation. Contre ses hanches, les miennes dansent. Mes mouvements deviennent un doux supplice. Ses yeux se ferment et il se retient de jurer. Du moins, il essaie.

— Tina, putain...

Ce n'est pas une plainte. Il m'attrape par la taille pour m'avoir plus près de lui. Encore plus près. J'agrippe l'ourlet de son t-shirt et le passe au-dessus de sa tête. Quand je dévoile son torse tatoué, il est moins confiant que je l'aurais imaginé. Le dragon sur son épaule tente de me raisonner. Je pourrais bien me brûler. Tant pis, ma bouche se pose sur sa peau marquée d'encre. Un gémissement s'échappe et sa main agrippe mes cheveux pour me forcer à prolonger mes baisers. Son cou, sa clavicule, ses oreilles, aucune parcelle ne saurait rester ignorée. Il empoigne mes hanches et ma robe empêche le serpent qu'il porte au doigt de venir me mordre.

On intensifie les mouvements de nos bassins. Il dépose d'innombrables caresses sur mon corps tremblant, avant de glisser ses mains sous ma robe. Je m'embrase, et il agrippe ma poitrine à travers mon soutien-gorge. Un soupir lascif quitte le seuil de ma bouche pour s'échouer dans son oreille. Je le sens sourire contre mes lèvres et il se paye le luxe de me taquiner entre deux baisers.

— Doucement, les fantômes pourraient t'entendre.

Désireux de poser lui aussi ses lèvres sur ma peau, il retire la robe sous laquelle ses mains se sont égarées, puis Il recule pour me regarder. J'essaie de cacher les marques qui strient ma peau. Il retire mes bras et laisse la lune me frapper de son éclat. Mes défauts, il ne les voit pas.

— T'es magnifique, dit-il avant de m'embrasser.

Je me sens rougir. Il se perd dans mon cou, encore vierge de nos péchés, et y dépose un millier de baisers. Animés par cette flamme qui nous consume tous les deux, on s'abandonne dans notre secret. Le désir prend le dessus sur toute retenue. Mon corps tremble plus fort tandis que ses doigts continuent d'avancer entre mes cuisses. Il sourit au contact de ma peau humide.

— Déjà ? J'ai même pas encore commencé...

Je ne me laisse pas impressionner. Je pose ma main entre ses jambes. Il sursaute mais ce n'est pas tellement par surprise.

— T'es mal placé pour parler !

Il se mord la bouche pour étouffer son plaisir puis me contemple. Il ne sait plus si c'est vraiment moi. À deux doigts de franchir un pas, on se regarde une dernière fois. Après ça, tout changera. Après ça, tout se bousculera. Je veux pas y penser, laisse-moi t'aimer pour une nuit.

Je noue mes bras autour de son cou et défait nos entraves. Il sait que j'ai fait mon choix. Son sourire s'étire sous mon oreille et ses doigts s'aventurent plus bas, jusqu'à s'introduire en moi. J'enterre mon visage dans ses cheveux pour étouffer ma voix. À mon tour, je traverse la fragile barrière de ses vêtements. Ma main douce se faufile dans son caleçon et saisit le membre qui s'y languit. Il jette sa tête en arrière et ses cheveux glissent sur ses épaules.

L'ombre de notre union danse sur les murs. Nos yeux se parent de notre extase. On devient esclave de nos caresses. Mes paupières se ferment et je ne sens plus que nos mains qui s'affairent à satisfaire l'autre. La réalité se trouble. Seule son odeur me garde ancrée. Je veux m'abreuver encore et encore à cette source jusqu'à connaître l'ivresse.

Dans l'urgence de ce besoin qui exige d'être comblé, nos gestes deviennent saccadés. On n'arrive plus à se taire. Nos chairs trempées de sueur se confondent. Mon corps se resserre sur ses doigts. Je sens ses jambes convulser contre moi tandis que la même vague est sur le point de nous emporter. Il nage à contre-courant pour me laisser le temps de le rattraper. Dans un dernier geste, nos voix s'élèvent et signent notre reddition.

À bout de souffle, on reste un moment paralysé l'un contre l'autre. J'ai la tête qui tourne. Mes dernières forces suffisent seulement à contempler mon épuisement. Je finis par m'allonger sur le matelas. Hors de ses bras, j'en conserve l'empreinte. Lui reste assis. Je crois qu'il réalise seulement ce qui vient de se passer. Est-ce qu'il regrette déjà ? Je me relève et pose ma main sur son dos.

— ça va ?

Essoufflé, il hoche sa tête qu'il garde baissée. Finalement, il me sourit.

— Tu me dois... il s'arrête, sa respiration est entrecoupée. Tu me dois un caleçon propre, Moore.

Elliot se met à rire et j'attrape le cousin derrière moi pour lui lancer. Il est trop tôt pour regretter. Il rattrape l'objet sans difficulté pour me l'envoyer sur la tête. C'est l'euphorie de l'après, alors on joue comme des gamins. Nos rires se mêlent et comblent le vide laissé par nos soupirs qui se sont tus. Bercée par l'obscurité, on se laisse tomber, apaisés. Dehors, il ne fait plus totalement nuit mais on continue de parler. Mes paupières aimeraient se fermer. Je veux pas dormir. Je m'accroche à sa voix pour rester encore un peu avec lui. Par moments, je force mon éveil et acquiesce à son histoire que je ne comprends plus.

Il voit que mes efforts sont vains. Je l'abandonne enfin, mais je sens sa main qui trouve la mienne sous la couette. Nos doigts s'entrelacent et son souffle termine de me bercer.

— Bonne nuit... princesse.

Goodbye MaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant