Dieu merci, j'ai fermé le loquet... Si la personne qui se cache derrière attend ma permission avant d'entrer, alors ce n'est pas ma mère.
— Tina, ma chérie. Je peux entrer ?, demande mon père de l'autre côté.
Bingo. Je regarde partout autour de nous pour trouver une solution, mais c'est finalement Elliot qui la trouvera. Il se jette par terre et glisse sous mon lit pour s'y réfugier.
— J'arrive !, m'exclamé-je en déverrouillant la porte.
Sur la poignée, mes mains laissent une trace de mon anxiété, mais devant mon père, je n'en dévoile rien.
— Tina, je peux savoir pourquoi tu verrouilles ta chambre comme ça ?
Il n'est pas énervé, juste étonné, et mon excuse est vite trouvée.
— Parce que j'en ai marre que maman rentre sans demander, dis-je l'air excédée.
Il hoche la tête. Ce n'est pas pour ça qu'il est venu. Il s'appuie sur le cadre.
— Écoute, Tina, ton directeur a téléphoné.
Aussi tard ? J'imagine la gestion de crise en cours au lycée. Ça a dû être un ballet d'appels entre les fausses victimes, les faux coupables et tout le reste que je n'arrive pas à imaginer. Dans ma tête, je peux pas m'empêcher de penser que c'est bien fait pour monsieur Hughes. La lettre que j'ai écrite à Ashley, je l'ai toujours en travers de la gorge. Mon père se racle la gorge, il est gêné.
— Il m'a dit que tu as défendu tes amies. C'est vrai ?
Ses yeux sont pleins de remords quand il me demande. Ne m'obligez pas à rejouer ça... J'assemble le peu de mots que je peux. Ce sera bien assez.
— Je... euh... Oui...
Il retire ses lunettes et se frotte les yeux en soufflant. Son regard se détourne.
— Écoute, ça... ça n'enlève pas tout ce que tu as fait, commence-t-il. Tu nous as menti et tu as bu et je sais que tu comprends que ça méritait que je te punisse. Je fais semblant d'opiner pour le contenter. Mais, j'ai peut-être été un peu dur avec toi... J'aurais dû mieux t'écouter.
Ça me fait mal qu'il faille d'horribles mensonges pour que tu me dises ça, papa. Mon père attend que je parle mais moi, j'attends la fin de sa phrase. Celle avec les excuses qui auraient dû la ponctuer. Allez, dis-le... juste une fois... Je peux toujours rêver, ça ne viendra pas. Comme je ne dis rien, il reprend pour éviter que ça ne
devienne étouffant.
— Il m'a dit que tu réintègres l'équipe ?
Je hoche la tête.
— C'est bien, tu dois être contente.
J'adore quand les gens pointent des évidences pour combler le vide. Je garde les mains dans les poches sans rien dire. Est-ce qu'on a terminé ?
— Tu n'es pas descendue manger. Tu n'as pas faim ? Ta mère a fait du poulet.
Je secoue la tête.
— Nan, je... je révise.
Il sourit et me caresse la joue.
— Si tu changes d'avis, je t'en ai mis de côté. Je t'ai laissé une cuisse...
C'est ce que tu préfères, non ?
— C'est ce que tu préfères, non ?
Mon père ne sait pas dire qu'il m'aime, alors il mange du blanc de poulet. Je m'en contenterai pour le moment.
VOUS LISEZ
Goodbye Mary
Любовные романы[Amour et Rock'n'Roll] Tina Moore, une lycéenne de 18 ans, voit sa vie bien rangée basculer du jour au lendemain lorsque sa meilleure amie Mary se suicide. Bouleversée, elle fait la rencontre de l'excentrique Elliot, un garçon qui semble avoir pour...