Chapitre 1

479 26 18
                                    

Le réveil affichait 7h00. Il diffusait dans la pièce, bercée par de légers ronflements, une mélodie douce et apaisante, destinée à extirper du sommeil celui qui se reposait encore sous les couvertures.

Ce dernier s'était couché tard la veille, accaparé par un dossier qu'il n'avait pas réussi à finaliser et que son supérieur attendait impatiemment pour la fin de la journée. Un client, qui avait omis de lui fournir les informations nécessaires, selon ces dires.

Ainsi, il avait sacrifié son sommeil, s'occupant d'abord rapidement de son enfant, expédiant son repas tout aussi promptement, pour ensuite se plonger dans son travail sur son ordinateur. Il avait jeté quelques rares coups d'œil à la batterie qui se déchargeait inexorablement, ajustant la luminosité de l'écran dont l'intensité devenait insoutenable au fil des heures. Et heureusement, il avait réussi à terminer à temps.

Mais malgré la satisfaction d'avoir accompli ce qui lui avait été demandé, la culpabilité s'était emparée rapidement de lui. Lorsqu'il avait réalisé le peu de temps qu'il avait passé avec son fils, qu'il avait pratiquement envoyé directement au lit après le repas, et qu'il prit également conscience qu'il ne lui avait même pas fait prendre une douche. Il s'était alors indigné de son propre comportement, se maudissant d'avoir laissé son travail prendre le pas sur sa vie personnelle, alors même qu'il s'était promis de ne jamais le faire après la naissance de son enfant. Le 20 juin précisément, où il avait arrêté de fumer, cessé ses virées en moto tous les week-ends, et s'était concentré sur sa famille. Et pourtant, la veille, il avait manqué à sa dernière résolution.

Reprenant son ordinateur portable qu'il avait laissé en charge sur le bureau du salon, il l'avait alors allumé pour laisser apparaître le fond d'écran où son fils souriait de toutes ses dents. Il avait entré la date d'anniversaire de sa femme comme mot de passe et accédait directement à ses mails. Il avait prit quelques minutes pour réfléchir à la formulation de ses phrases, cherchant à éviter d'être trop abrupt et à ne pas laisser déborder ses sentiments. Passant plusieurs fois sa main dans ses cheveux bouclés pour mieux réfléchir, il avait finalement finit par trouver l'inspiration. Au bout d'une trentaine de minutes, il avait terminé son mail, informant qu'il ne pourrait pas assister à la représentation qui se déroulerait dans leurs locaux, car il tenait à être présent pour la rentrée matinale de son fils, prévue dans environ une heure. Sans se demander une seule seconde, si la réponse à son message serait positive ou non. 

Ainsi, Izuku peina à ouvrir les yeux ce matin-là, se retournant sur son oreiller qui englobait sa tête, y enfouissant légèrement son visage pour souffler un peu, avant de refermer doucement les yeux, cherchant à prolonger encore un peu les prémices du sommeil qui engourdissaient encore ses membres. Attendant de ne plus pouvoir supporter la douce mélodie, il étira ses muscles tout en gardant les yeux fermés, ne se sentant pas encore assez fort pour les ouvrir.

Après quelques minutes, il dégagea doucement la couette, tendit le bras pour tâtonner sa table de nuit à sa gauche, se cognant la main sur le coin au passage, et atteignit enfin les boutons de son réveil pour l'éteindre. La mélodie s'arrêta, et il se redressa difficilement, laissant ses pieds rencontrer le tapis près de son lit. Il bailla, mettant une main devant sa bouche, et grimaça en sentant son haleine matinale, se disant qu'un bon brossage de dents s'imposait. Rassemblant toute l'énergie qu'il pouvait, il se leva ensuite, et alla ouvrir la porte de sa chambre, ornée en son centre d'un attrape-rêves.

Il parcourut ensuite le couloir, savourant le craquement du parquet sous son poids, et atteignit rapidement la cuisine, qu'il illumina en appuyant simplement sur un interrupteur. Tout en se grattant légèrement le ventre d'une main et en bâillant à nouveau, il attrapa une dosette dans son placard pour préparer son café. Il la plaça dans sa machine, referma celle-ci, posa sa tasse favorite à l'emplacement prévu et appuya avec difficulté sur le bouton pour lancer le processus, qui lui offrirait enfin son dû. Il observa un instant la machine cracher son liquide noir corsé, puis se redirigea vers le couloir pour retourner dans sa chambre et s'habiller. Un rituel quelque peu singulier qu'il avait acquis au fil des années.

Jamais trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant