Chapitre 4

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Lorsqu'il poussa la porte, tous les regards se tournèrent vers lui. Cela n'avait rien d'étonnant, étant donné les bonnes dix minutes de retard qu'ils accusaient. Il demeura interdit quelques instants, scrutant les personnes présentes jusqu'à croiser son regard. Celui-ci, avec ses yeux émeraude, le fixait sans grande émotion. Mais que faisait-il ici ? Question futile, puisqu'ils se trouvaient dans une salle d'élèves ; s'il était là, c'était pour une raison précise. Lorsqu'il détourna le regard de lui, il ne s'en offusqua pas le moins du monde, s'en moquant même éperdument, et croisa alors un autre regard vert, assis sur la chaise devant Izuku. Ce garçon lui ressemblait énormément, et un pincement au cœur le prit en se remémorant l'amitié qu'il avait eue avec Izuku. Ne voulant pas ressasser le passé, il s'avança alors dans la classe, n'oubliant pas de fermer la porte derrière lui. Puis, il progressa jusqu'à la place de sa fille, juste devant celle du fils d'Izuku, s'efforçant de ne pas croiser son regard. Il n'en avait nullement envie, et voir sa tête ici ne le mettait pas de bonne humeur.

Il installa sa fille sur sa chaise, posa son sac au sol, et ôta sa casquette, laissant ses cheveux libres. Il s'efforça d'ignorer le regard qu'il sentait peser sur sa nuque, ne voulant absolument pas embarrasser sa fille en demandant à son voisin de derrière de s'occuper de ce qui le regardait. Ce n'était évidemment ni le lieu ni le moment. Il était là pour sa fille et devait se concentrer sur elle, qui commençait déjà à faire connaissance avec sa voisine de classe, une petite fille aux cheveux bleus, portant des lunettes carrées, et aux joues un peu trop rebondies. Observant ce spectacle, il jeta un coup d'œil aux parents à sa droite et ne put réprimer une grimace devant le sourire sincère que lui adressa la femme, et devant le salut de tête de l'homme. Il n'avait pas vraiment envie de faire connaissance avec d'autres personnes. Ce n'était pas dans ses priorités, et il ne voulait pas se livrer aux autres. Il avait déjà assez de problèmes comme cela dans sa vie.

Il détourna alors le regard, s'empêchant de fixer Izuku derrière lui pour voir ce qui avait changé chez lui, car à première vue, à part un enfant, pas grand-chose. Rien que d'y penser, il lâcha un juron. Sa vie ne le concernait plus, et il devait à tout prix l'ignorer. C'était mieux pour eux deux. Il savait pertinemment qu'il ne pourrait pas avoir de conversation avec lui sans s'insulter toutes les deux minutes.

— Pas de gros mots, papa, lui chuchota alors sa fille, qu'il remercia d'un ébouriffement de cheveux, avant de se concentrer sur l'institutrice qui semblait présenter un jeu.

— Le jeu est très simple. Je vais vous distribuer une carte, et vous devrez cocher toutes les informations qui vous concernent, comme "a un animal de compagnie", "sait nager", sans dire votre nom. Je ramasse ensuite les cartes, je les redistribue, et vous devez retrouver la personne sur qui vous êtes tombés !

Des exclamations de joie se firent entendre, et Katsuki ne put que soupirer devant un jeu si puéril, mais devant le contentement de sa fille, il réprima ses pensées. Lorsqu'ils reçurent leur carte, il se pencha vers sa fille pour l'aider à répondre, en l'aidant à sortir un stylo de cette trousse qui les avait mis en retard.

— Pourquoi as-tu coché qu'on avait un animal ?

 — Eh bien, il y a Milou. 

— Il n'est pas à nous, Yuki. 

— Oui, mais c'est à mamie. Et mamie fait partie de la famille, donc Milou aussi.

Exaspéré, il ne dit rien et la laissa cocher ce qu'elle voulait. Malgré ses six ans, elle savait déjà parfaitement lire, car depuis toute petite, elle avait été captivée par la lecture, comme sa mère finalement. Alors il n'avait pas hésité à lui apprendre, et depuis, tous les soirs, elle demandait un nouveau livre à lire. Bien évidemment, tous les soirs, il était fier d'elle. Il se moqua d'elle quelques fois, par exemple sur sa couleur préférée, le vert, qu'il trouvait si niais et qu'il avait détesté fut un temps, peut-être encore aujourd'hui. Ou encore sur son jouet préféré, un doudou orque qu'elle ne quittait jamais. Pour l'embêter, il la traitait de bébé. Sous les exclamations de sa fille qui le repoussait à chaque phrase qu'il disait, tout en lui rétorquant que c'était lui le bébé, Katsuki riait, adorant la voir s'énerver si mignonnement, avec ses joues gonflées.

Jamais trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant