Chapitre 14

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Izuku avait considérablement influencé le destin. Il avait délibérément choisi de se mettre en péril pour que Katsuki arrête le véhicule, et qu'ils puissent ainsi quitter l'habitacle. À l'intérieur, il se sentait suffoquer. Oppressé entre son siège, sa ceinture qui lui comprimait la poitrine et la taille, le ton montant, et l'atmosphère pesante, il n'avait qu'un seul désir : sortir de là. Certes, il avait réussi son coup, peut-être pas de la manière la plus sécurisée, mais il avait réussi, et se retrouvait maintenant aux abords d'un petit parc qu'il venait à peine de remarquer. En face de Katsuki, qui lui tenait la main pour l'empêcher de s'éloigner, de fuir à nouveau, il le regardait avec des yeux emplis d'espoir, espérant qu'il acquiesce aux paroles qu'il venait de lui adresser.

S'il avait pu fuir, il aurait dit non, et serait parti en courant. Il n'avait pas envie d'entendre ces excuses, bien que toute sa vie il ait espéré les recevoir. Et maintenant, se retrouver confronté à celles-ci, si subitement sans qu'il ait eu le temps de les anticiper, cela l'avait fait paniquer. Et il paniquait toujours. Il ne savait comment réagir, ni quoi dire, et il sentait le stress s'insinuer sous sa peau, parcourant son corps d'une légère transpiration, sa respiration devenant plus lourde, et son cœur battant rapidement. Peut-être un peu trop à son goût. Il détestait cet état. Dans son esprit, il ne pouvait simplement pas affronter cela maintenant. Il aurait peut-être préféré que ce soit lui finalement qui le confronte et l'oblige à présenter ces excuses, lui demander pourquoi il avait agi ainsi, et peut-être lui en infliger une pour se venger de toutes ces années de souffrance. Pourtant, c'était Katsuki qui avait fait le premier pas. Et pour lui, c'était une première. Alors, prenant une grande inspiration, les épaules tendues, il porta son regard vers celui de son interlocuteur, et dit :

- Quelques minutes, seulement.

À la fin de sa phrase, Katsuki semblait soulagé. Une tension s'était dissipée en lui, et il ne fut pas surpris de se faire légèrement entraîner à l'intérieur de ce parc. Finalement, cet endroit était beaucoup plus propice aux excuses qu'une simple voiture. Il se laissa donc gentiment guider, et observa les alentours, se disant finalement qu'il pourrait y emmener Ren jouer. Et en quelques minutes seulement, ils se retrouvèrent devant un banc, isolé de tous, et Izuku nota l'attention de garder leur conversation la plus privée possible. Prenant cette fois l'initiative, il préféra s'asseoir en premier, et fut plus qu'heureux de sentir le bois sous sa peau, lui permettant de dissimuler un peu son anxiété. Dans un premier temps, il fixa ses chaussures, s'amusant à entrechoquer les bords, pour ne pas laisser cette ambiance pesante l'engloutir, et pour s'occuper avant d'aborder la raison de leur présence.

- Izuku...

À l'entente de son prénom, le cœur prêt à sortir de sa poitrine, il releva néanmoins la tête vers son vis-à-vis. Celui-ci semblait tout aussi mal à l'aise que lui, se mordillant légèrement les lèvres, se balançant d'une jambe à l'autre, évitant de croiser son regard. Cela le soulagea quelque peu de savoir qu'il n'était pas le seul à ressentir ce stress, qui lui tordait les entrailles. C'était insupportable.

- Oui ?

- Bon sang..., je ne sais même pas par où commencer.

Izuku n'en revenait pas de voir Katsuki dans cet état, en face de lui. Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait pas vu bafouiller, et ne pas savoir quoi dire devant lui, de peur de prononcer des paroles qu'il n'aurait pas dû. Alors en le regardant se tortiller de gêne, une main derrière la nuque, et l'autre dans une des poches de son jean, il le reconnut. Son Katsuki d'enfance. Finalement, il n'était peut-être pas si éloigné. Pour l'aider un peu, il lui dit d'un ton condescendant et plein de reproches, détournant les yeux des siens :

- Des excuses seraient le mieux, non ?

Du coin de l'œil, il vit que Katsuki s'était arrêté dans son malaise, et sentit très bien son regard posé sur lui. Ainsi, il avait réussi à le mettre encore un peu plus mal à l'aise, mais il savait également que cela allait le faire réagir. Il avait toujours été comme cela. Il fallait le bousculer un peu, pour l'emmener dans ses retranchements, pour qu'il prenne enfin son courage à deux mains et dise les choses. Alors la petite phrase qu'il lui avait lancée ne devait pas lui faire de mal. Portant toujours son regard sur les feuilles jonchant le chemin, refusant de le regarder pour l'instant pour enfoncer le clou un peu plus pour ce qui allait suivre, il attendit.

Jamais trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant