Chapitre 5

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Izuku avait ressenti une profonde aversion pour l'interaction qu'ils avaient eue quelques minutes auparavant. Le simple fait de le voir constituait déjà une épreuve majeure, mais devoir lui parler et supporter ses sourires arrogants qu'il aurait voulu lui faire ravaler était au-delà de ses forces. Oui, c'était bien trop. Alors, il avait feint de ne pas le connaître, même s'il le connaissait depuis l'enfance. Même s'il avait tout partagé avec lui, de ses plus simples secrets à ses peurs les plus profondes, pour finalement être traité comme un moins que rien du jour au lendemain. Humilié, insulté, ignoré, rejeté, et, durant les pires journées, battu. Jamais de la main de Katsuki, mais de celles de ses amis autoproclamés. Il était donc évident qu'il ne pouvait supporter sa présence maintenant. En voyant son visage, il se remémorait ce qui le faisait pleurer autrefois. Il se souvenait de son Katchan, si attentionné envers lui, qui lui avait planté le couteau le plus tranchant dans le dos. Et maintenant, il semblait si indifférent à son égard, ne ressentant apparemment aucune once de regret. Toujours cet adolescent arrogant, légèrement adouci par la présence de sa fille, mais fondamentalement inchangé. Alors il valait mieux qu'ils s'évitent. Il n'aurait plus à le supporter, et vice versa. Il pourrait enfin l'effacer de sa vie, comme il avait réussi à le faire jusqu'à présent, et tout rentrerait dans l'ordre.

C'était ce que sa femme lui avait conseillé un jour : de ne pas se focaliser sur le passé, mais d'avancer tranquillement sur son propre chemin, en faisant les choix qu'il estimait justes. En ce moment, ce choix était de maintenir une distance avec le blond et de continuer sa vie comme s'il ne l'avait jamais recroisé. Il en était tout à fait capable, vu qu'ils l'avaient fait pendant presque dix ans. Cela ne devait pas être si difficile.

— Papa, ça va ?

Sans s'en rendre compte, Izuku s'était plongé dans ses pensées en regardant par la fenêtre. Il détourna alors le regard et le posa sur son fils, qui le regardait, inquiet. Il lui offrit un doux sourire et le rassura, tout en chassant ces mauvaises pensées dirigées vers une seule personne :

— Ça va aller oui, ne t'inquiète pas. On devrait aller chercher celui sur qui tu es tombé.

Il lui fit un signe de tête en direction de la carte qu'il tenait toujours entre ses mains, et son fils acquiesça gentiment, soulagé de voir son père aller bien. Ils se déplacèrent alors dans la pièce, Izuku évitant de croiser la famille Bakugo et détournant toujours le regard lorsque son regard croisait celui du blond. Ils s'arrêtèrent finalement devant un couple de parents qu'il avait observé au début de la journée. L'homme avait les cheveux rouges, et la femme les cheveux roses. Il leur offrit un sourire amical, le plus chaleureux possible pour dissimuler son trouble, et observa ensuite son fils demander au petit garçon s'il s'agissait bien de sa carte.

— Ça fait longtemps que vous habitez ici ? On connaît pratiquement tout le monde aux alentours, mais c'est la première fois qu'on vous voit.

Izuku releva alors la tête pour regarder la jeune femme qui venait de lui parler. Elle semblait amicale, avec ses yeux particuliers et sa façon de s'exprimer toujours joyeuse. C'était rafraîchissant d'avoir des personnes comme elle dans son entourage. Évitant de trop se méfier, il s'adressa à elle tout aussi gentiment et répondit calmement à sa question :

— Nous avons déménagé il y a un an, mais nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour visiter les alentours. Nous nous sommes peut-être croisés, mais nous n'avons pas eu l'occasion de nous présenter.

— Oui, c'est peut-être pour cela ! J'espère que la raison de votre déménagement n'était pas trop grave.

— Mina, cela ne se dit pas, la rabroua son mari, lui donnant un coup dans la hanche pour la ramener à la raison, tout en lançant un regard d'excuse à Izuku.

Jamais trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant