Chapitre 10

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Il ne savait pas combien de temps ils étaient en train d'essayer de sortir de tous ces nœuds de fil rouge, mais Izuku savait très bien au contraire, que l'énervement et la soif de compétition résidaient bien entre eux tous. Ils s'acharnaient aussi rapidement que possible, se dictant des directives pour s'entraider. Soulevant quelques fois le fil pour permettre aux plus jeunes ou aux plus vieux de passer en-dessous. Tout en jetant quelques regards aux autres familles aux alentours, qui n'en menaient pas large non plus. Haussant quelques fois la voix, laissant un bruit assourdissant dans la salle devant ce besoin de se libérer le plus rapidement possible.

Tout cela rassura alors Izuku, qui il ne savait comment, s'était retrouvé avec un bras coincé dans le dos, alors que les trois personnes autour de lui essayaient de le libérer, et qui avait peur de se laisser distancer à cause de ce léger imprévu. Cela le faisait rire des fois, quand il voyait son fils se concentrer et lancer des ordres à tout va, et qui se faisait royalement écouter, même par le grand blond, qu'il voyait se retenir de jurer à chaque nœud qui se formait un peu plus. Il le voyait essayer de garder son calme avec les enfants, en leur dictant les gestes qu'ils devaient faire, tout en lui jetant souvent des regards noirs au vu de son hilarité qu'il laissait parfois transparaître. Maintenant, il ne savait pas trop pourquoi, mais il avait laissé ses a priori de côté, et ses douloureux souvenirs derrière lui pour profiter de l'instant présent, et peut-être pouvoir également redécouvrir un peu l'homme qui faisait passer son fils sous un fil rouge, en ce moment-même.

Quand il le regardait comme ça, se mettant à fond dans ce qu'il faisait, il ne pouvait pas s'empêcher de l'imaginer plus petit, avec le même caractère qu'il avait pu côtoyer jusqu'au collège. Il se revoyait avec lui rire aux éclats pour des broutilles, s'échanger des cartes de super-héros quand l'autre ne l'avait pas. Se remémorer leurs soirées à dormir chez l'autre pour finalement s'endormir devant les jeux vidéo. Devoir se faire séparer en cours à cause de leurs bavardages incessants. Être considéré comme un membre de la famille Bakugo. De son rire si spécial, qu'il avait maintenant perdu toutes notations. Et ils se retrouvaient là, dix ans plus tard, avec des enfants, à jouer à un jeu ridicule mais qui prenait son sens pour pouvoir s'amuser. Et il était nostalgique. Jamais plus il ne pourrait être proche de Katsuki comme ils l'étaient tous maintenant. Tout simplement parce que déjà, Katsuki le faisait simplement pour les enfants. Il ne voulait plus rien avoir avec lui. Et lui non plus, ne voulait pas d'ailleurs.

Il était certes nostalgique du passé. De ce qui avait pu se passer entre eux. Mais également bouleversé par les regrets de la tournure de leur relation, et de la déchirure que cela avait pu lui créer. Sur ses traumatismes également, dont il avait réussi à surmonter l'ampleur après des années durant à se détester, à se mutiler, à s'insulter de tous les noms, tous les jours, jusqu'à presque vouloir en finir. Jusqu'à ce qu'il rencontre Hana.

C'était un soir d'hiver, il sortait du boulot, son écharpe remontait jusqu'à son menton, tremblant de froid, et essayant de réchauffer ses mains en soufflant dessus. Il s'était arrêté, au bord d'un passage piéton, jouant quelques fois avec la neige à l'aide du bord de sa botte d'hiver, et fixait de temps en temps le feu en face de lui, espérant qu'il passe au vert au plus vite, voulant retrouver la chaleur de sa voiture, pour ensuite retrouver la chaleur de sa maison. Des personnes s'étaient accumulées autour de lui, espérant également faire de même. Et quand finalement, les voitures arrêtèrent de passer devant lui, à lui souffler leur vent de passage glaciale dessus, et le feu tournant au vert, il avait posé un pied sur le passage piéton pour s'élancer, et dans sa vitesse, était tombé. Il n'avait pas pu se rattraper à quelque chose, ni quelqu'un, et était tombé lourdement sur le sol, en grimaçant sous l'impact. La honte l'avait alors submergé, en sentant son pantalon se mouiller au contact de la neige, lui laissant sûrement une belle tâche, et surtout devant les regards qui passaient à côté de lui, sans l'aider outre mesure. Jusqu'à ce qu'elle apparaisse. Soudainement, sans qu'il ne s'en rende compte. Alors qu'il s'était levé, et qu'elle s'était retrouvée momentanément devant lui, pour lui demander si tout allait bien. Au début, choqué par ce qui venait de se passer, il n'avait pas réagi, et l'avait observée. Blonde, les cheveux longs, lisses, les yeux foncés, donnant un contraste saisissant, les joues rondes et rafraîchies par la soirée froide, il n'avait rien dit, et avait juste pensé à quel point elle était jolie. Puis quand ils se firent klaxonner, c'est elle qui avait réagi aussitôt, en lui attrapant le poignet, et l'emmenant en sécurité sur le trottoir, sa main froide entrant en contact avec sa peau. Et ainsi, ils avaient tous les deux rigolé, se moquant de la situation, et intimidé, il n'avait pas osé lui demander son numéro. Et il était alors prêt à partir, quand soudainement, elle lui avait dicté son numéro, sous sa surprise. Il était resté encore interdit, et se moquant alors de nouveau de lui, elle lui avait marqué sur un bout de papier ce qu'elle lui avait dit, et était partie sans demander son reste.

Jamais trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant