My heart calls your name

20

Lorsqu'ils furent sortis du palais, George et Victoria s'arrêtèrent à l'entrée de celui-ci.
Ils reprirent leur souffle après cet instant de rire et se regardèrent droit dans les yeux.
Puis Victoria plaqua ses lèvres sur celles de George. Cette entreprise plu fortement à celui-ci, qui intensifia le baiser.
Victoria ressentit à nouveau la chaleur la consumer, comme le jour où ils avaient été surpris dans le jardin. Elle ne savait toujours pas comment l'expliquer, mais elle avait envie qu'il pose ses mains sur elle à nouveau.
Elle commença à gémir pendant leur baiser.
George sentit son sexe devenir dur, mais il savait qu'il ne pouvait pas aller plus loin.
Pas aujourd'hui. Ce n'est pas encore le moment.
Il mit fin à leur baiser et l'entraîna dans leur attelage, en direction d'une destination inconnue pour Victoria.

Victoria regardait par la fenêtre, comme à son habitude lors de ses trajets en diligence.
- Nous sommes arrivés, lui dit George.
- Oh !
George descendit en premier puis tendit sa main pour aider Victoria à descendre à son tour.
- Merci, dit celle-ci avec un grand sourire.
George était décidément un véritable gentleman.
- Où sommes-nous, George ?
- Au palais de Buckingham, votre nouvelle maison.
- Vraiment ? C'est spectaculaire ! s'exclama Victoria qui contemplait déjà l'extérieur de la bâtisse.
- Tant mieux, vous êtes ici chez vous, répondit George en lui souriant.
- Oh George, vous et moi ici, ça va être incroyable !
- Vous et moi ?
- Eh bien oui ? N'oubliez pas que nous sommes mariés désormais.
- Oui, bien sûr. Mais... Je ne vivrai pas ici...
- Où vivrez-vous alors ?
Victoria se sentait prise au dépourvu.
- Au palais de Kew, où je résidais déjà la plupart du temps.
- Pourquoi est-ce que je ne viens pas vivre la bas avec vous ?
- Je... C'est compliqué, Victoria...
- Mais... Je ne comprends pas...
George ne répondit pas. Il comprenait que Victoria soit déçue, mais il ne pouvait ni vivre, ni passer sa nuit de noces avec elle. C'était trop risqué.
- George... Expliquez-moi...
- Je ne peux pas, c'est tout, répondit-il d'un ton ferme.
Pourquoi devenait-il tout à coup si froid, si... distant ?
- Et pour notre nuit de noces ?
- Vous me demandez d'accomplir mon devoir conjugal ?
- Eh bien, oui, je suppose... Je ne sais pas très bien en quoi cela consiste, mais je sais que nous devons passer la nuit ensemble. C'est le soir de notre mariage...
- Je... Je ne peux pas... Je suis désolé...
Victoria sentit des larmes se former dans ses yeux. Elle qui avait passé une si bonne journée en sa compagnie, voilà qu'il devenait froid, et qu'il voulait l'abandonner ici.
Où était passé le jeune homme qui l'avait fait changer d'avis à propos de leurs noces à peine quelques heures plus tôt ? Celui qui avait fini par lui faire une vraie demande en mariage ?
Où était son ami ?
- Est-ce pour cela que vous m'avez fait votre demande ? dit-elle en sanglotant. Pour me laisser seule ?
- Ma demande n'aurait rien changé Victoria, nous avons été surpris...
Voilà qu'elle sentit le sol s'effondrer sous ses pieds. Il lui avait pourtant dit qu'il souhaitait réellement l'épouser, et pas simplement parce qu'ils avaient été surpris. Tout n'était alors que mensonge ?
- Au contraire ! s'exclama Victoria. C'est votre demande qui m'a fait changé d'avis ! J'aurais fui autrement !
Elle criait de rage et de tristesse, déçue et blessée par les propos de George.
Pourtant, ils avaient passé de bons moments aujourd'hui... Comment pouvait-il prétendre le contraire ?
Victoria se sentait indésirable, comme quelqu'un qu'on aurait imposé à George, qui ne l'avait jamais vraiment apprécié. Mais pourtant, ce baiser, et toutes ces soirées passées ensemble...
- Pourquoi ?! cria-t-elle. Pourquoi George ?!
- C'est ainsi ! cria celui-ci à son tour. C'est moi qui décide Victoria, je suis votre roi !
Il était visiblement très en colère, ou plutôt, il semblait contrarié.
- Je vois, comme il vous plaira, répondit Victoria d'un ton sec. Je pensais que pour moi vous n'étiez que George, mais je me suis trompée. Bonne nuit, Votre Majesté, dit-elle en lui adressant une révérence.
Elle tourna les talons et commença à partir.
- Victoria...
Elle se retourna pour l'écouter, toujours les larmes aux yeux.
- C'est... C'est pour votre bien...
- Bien sûr, Votre Majesté, répondit Victoria.
Comment est-ce que cela pouvait être pour son bien ? Elle allait être seule, dans une maison qu'elle ne connaissait aucunement, avec des gens qu'elle ne connaissait pas non plus. Et sa famille ne vivait pas si proche du palais...
Elle monta les marches qui menait à l'entrée du palais puis entra, laissant George dehors.
Celui-ci fit tomber violemment une décoration qui se trouvait sur un rebord en bas des escaliers en poussant un cri de rage, sous le regard de Reynolds et quelques autres domestiques.
Ses mains commençaient à trembler. Il fallait qu'il parte, et vite.
C'est ainsi qu'il partit dans son carrosse, en direction du palais de Kew, laissant Victoria dans ce nouveau palais, seule.

Victoria s'arrêta au milieu du hall d'entrée du palais, ne sachant où aller. Brimsley la regarda d'un air compatissant.
Même si cela venait probablement d'une bonne intention, elle songea que la pitié des autres était la dernière chose dont elle pouvait avoir besoin !
- Montrez-moi ma chambre, Brimsley.
- Par ici, Votre Majesté, répondit celui-ci en lui désignant la direction de la main.
Elle parcourut les couloirs d'un pas pressé, suivie par Brimsley, qui peinait à suivre la même cadence.
- Pouvez-vous me laisser seule, Brimsley ?
- Je n'y suis pas autorisé, Votre Majesté.
Elle s'arrêta alors et se retourna vers Brimsley, puis avança vers celui-ci, qui fit quelques pas en arrière.
- Eh bien je vous y autorise, reprit-elle.
- Je ne peux tout de même pas vous laisser. C'est mon devoir envers La Couronne, Votre Majesté.
- Et n'en suis-je pas un membre désormais ?
- Si bien sûr, Votre Majesté. Mais-
- Arrêtez de m'appeler comme ça, l'interrompit-elle.
- Je ne peux vous appeler autrement, Votre Majesté.
- Parfait... soupira Victoria.
Elle reprit la cadence en direction de sa chambre puis s'arrêta devant la porte. Elle songea un instant à demander à Brimsley si il allait aussi devoir la suivre dans sa chambre et la regarder dormir, mais elle décida de se passer de ce commentaire.
Après tout, Brimsley n'avait pas le choix, c'était son travail. Et il n'était pas responsable de son altercation avec George.
Victoria rentra alors dans sa chambre, fut préparée pour la nuit puis s'allongea sur le bord de son lit, les yeux rivés sur le plafond.
Elle ne put s'empêcher plus longtemps de se défouler sur les coussins, les larmes commençant à s'emparer de ses yeux.
Elle trouvait tout cela injuste, et voulait rentrer chez elle.
Si seulement elle avait fui...
Elle se laissa tomber à nouveau sur le lit, à plat ventre, enfouit la tête dans l'un des coussins pour pleurer, puis finit par s'endormir.