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De retour chez elle, Victoria se prépara à aller se coucher. Tandis qu'elle se peignait les cheveux, elle pensa à nouveau à son altercation avec Daisy, plus tôt dans la soirée. Repenser à sa menace ne faisait que l'agacer davantage.
C'est pourquoi, alors qu'une semaine s'était écoulée sans aucune festivité, quand elle fut mise au courant par sa mère qu'elles avaient reçu une invitation du palais pour une grande soirée mondaine, elle demanda une nouvelle robe pour l'occasion. Si elle pouvait essayer d'impressionner Daisy au bal royal, elle se jetterait sur l'occasion.
Et après tout, si la princesse Augusta souhaitait la parrainer pour cette saison, cela lui permettrait sans doute d'être présentée à des prétendants plus élégants et avec de meilleures conversations, et Victoria ne pouvait rien espérer de mieux.
Lorsque, quelques jours plus tard, elles se rendirent chez la couturière, Victoria passa plus de temps qu'elle n'en avait jamais eu envie à choisir une nouvelle robe et assortiments. Quand elle en trouva enfin une à la hauteur de ses exigences, elle comprit qu'elle devrait être parfaite lors de la soirée organisée par la famille royale.

Palais Saint-James, 20 octobre 1761, bal royal.

George, qui se devait de saluer tous les invités à la soirée organisée par la princesse douairière en son honneur, tenait une conversation avec une jeune fille qu'il trouvait inintéressante. Celle-ci ne faisant que le fixer en battant des cils, faisant beaucoup trop de révérences à son goût, et insistant quand même étonnamment avec son éventail pour attirer son regard sur sa poitrine !
Une demoiselle qui ne voyait sûrement en lui qu'un titre, tout ce qu'il détestait.
Il ne l'écoutait déjà plus depuis bien longtemps, et se demandait pourquoi il n'avait toujours pas vu miss Evans de la soirée. Aurait-elle entreprit de ne pas venir ?
Mais il pensa que sa mère, lady Evans, n'aurait pas trouvé cela convenable de ne pas se rendre à la soirée organisée par la famille royale, car elle était vue par beaucoup de personnes comme le plus important des événements mondains !
Et il ne se trompait pas, car Victoria fit son entrée du haut des escaliers. Celle-ci était vêtue d'une robe au tissu soyeux, d'un blanc couleur neige, accompagné de gants blancs en dentelle ainsi que d'un éventail de la même couleur semblant être fait de plumes, et portait sur sa tête un magnifique diadème orné de diamants.
Tous les regards se tournèrent vers elle, et la regardèrent descendre les marches pas à pas.
George se dirigea instantanément en direction de l'escalier, laissant l'autre demoiselle seule et perplexe.
Lorsque Victoria arriva en bas de l'escalier, George lui adressa une révérence. Victoria fit de même et, lorsqu'elle se redressa, fit tomber - très certainement de façon volontaire - son éventail à terre.
C'est alors que, l'ensemble des invités du roi virent celui-ci s'agenouiller devant Victoria afin de ramasser son éventail et de le lui tendre, et qu'ils en eurent les yeux ébahis.
C'est ce moment que choisit Victoria pour regarder fixement Daisy avec un air de défi.
- M'accorderez-vous cette danse ? l'interrompit George.
- Bien sûr, Votre Majesté, répondit-elle.
George l'entraîna sur la piste de danse et ils commencèrent à danser. Aucun couple d'invités ne les suivirent, et se contentèrent de les fixer, bouleversés.
- Vous êtes... magnifique, dit George en la dévisageant de haut en bas.
- Merci, répondit Victoria en rougissant.
- Qui essayez-vous d'impressionner ?
- Je ne peux pas simplement être jolie ? demanda-t-elle, sur la défensive.
- Vous l'êtes toujours, mais ce soir encore plus.
Elle lui sourit et sentit ses joues s'enflammer davantage.
- Il paraît évident que vous êtes contrariée, d'humeur rancunière, dirais-je, poursuivit-il.
- Peut-être... répondit Victoria en évitant de le regarder, gênée.
- Allons, dites moi ! Qui est à l'origine de cette détermination naissante ?
- Je ne peux pas me permettre de vous dire ce genre de choses...
- Pourquoi donc ? demanda-t-il.
- Pour des raisons évidentes. Je ne suis pas une quelconque jeune femme qui essaye de nuire à l'image de ses semblables devant les prétendants, moi.
Ce dernier mot fit lâcher un léger rire au jeune roi. Elle avait de toute évidence bien été contrariée par quelqu'un.
- Suis-je un prétendant ? plaisanta-t-il.
- Comment ?
- Vous avez dit « devant les prétendants ».
- Je parlais de n'importe quel monsieur assistant aux festivités, répondit Victoria, qui se rendit compte qu'elle devrait faire plus attention au choix de ses mots désormais.
- Je vois, dit-il en souriant.
Il n'était visiblement jamais résolu à arrêter de plaisanter avec elle.
- Dans tous les cas, nous ne sommes pas assez proches pour que je vous dise qui m'a contrarié.
- Oh ! Très bien... Alors mettons plus de proximité entre nous : appelez moi George.
- Je ne peux pas faire ça, répondit Victoria.
George la regarda, dubitatif.
- Je ne suis pas autorisée à faire ça, reprit-elle.
- Eh bien je vous y autorise. Je suis roi après tout, Victoria.
Elle rit.
- Je ne peux me résigner à vous appeler par votre prénom, ce ne serait pas raisonnable. Mais puisque vous avez l'air d'apprécier le mien, faites donc.
- Très bien, répondit-il en souriant. Alors, maintenant que nous sommes plus... proches, qui essayez-vous d'impressionner ?
Pour seule réponse, Victoria lui fit un signe de la tête en direction de Daisy.
- Je vois. Et qu'a-t-elle dont fait pour mériter un tel châtiment ? dit-il en riant.
- Sachez simplement que beaucoup de demoiselles veulent s'attirer vos convoitises, Votre Majesté.
- Je sais en effet cela, reprit-il, d'autant que cette demoiselle m'a fait l'honneur d'une conversation avant votre arrivée.
- Oh, vraiment ? Un honneur en effet, dit Victoria, s'empêchant de rire.
George hocha la tête pour affirmer.
Il lui semblait qu'avec elle, tout était plus simple. Ils ne se connaissaient que depuis peu mais ils plaisantaient souvent ensemble et parfois, dépassaient presque la limite du raisonnable en tant que deux parfaits inconnus.
- C'était juste avant que je ne la quitte pour venir m'agenouiller devant vous et participer à votre... mascarade, dit-il en lui souriant.
- Comme c'est élégant de votre part, rit Victoria.
Après quelques danses, les deux vedettes de la soirée passèrent le reste de leur soirée ensemble, à rire et à discuter.

My heart calls your name Où les histoires vivent. Découvrez maintenant