My heart calls your name

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Palais de Buckingham, 21 janvier 1762, salle à manger du palais.

C'en était assez, ils allaient parler. Ils allaient avoir une vraie discussion. Elle lui dirait ce qui l'avait contrarié autant.
Qu'importe qu'elle veuille dîner ou non avec lui, cette fois-ci, elle ne l'éviterait pas.
George était à table, attendant Victoria. Il faisait tournoyer le vin dans son verre pour se distraire.
À l'évidence, Victoria ne voudrait pas le rejoindre. Mais il avait ordonné à Brimsley de la faire venir, alors elle viendrait, coûte que coûte.
Il entendit le bruit de ses pas dans le couloir qui menait à la salle à manger.
Le souffle de George devint court lorsqu'il la vit rentrer. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu apprêtée en tenue de soirée, et elle était radieuse - bien qu'elle le le soit toujours, à ses yeux.
Elle soupira bruyamment pour laisser savoir son mécontentement.
- Votre Majesté, prononça-t-elle pour seuls mots en lui adressant une révérence, avant d'aller s'assoir en face de lui à l'autre bout de la grande tablée.
George détestait qu'elle l'appelle comme ça. Elle était sa femme, pas son sujet.
- Pour vous je ne serai jamais « Votre Majesté », répondit-il.
Victoria ne répondit rien, visiblement indifférente.
- J'ai pensé que nous devrions parler à cœur ouvert, poursuivit-il face à ce silence.
Victoria ne répondit toujours pas et coupa à nouveau bruyamment le contenu de son assiette.
- Victoria, ça en devient sincèrement ridicule...
- Ce n'est pas ridicule ! cria-t-elle en frappant ses couverts sur la table.
George frappa à son tour ses poings sur la table tout en se levant de sa chaise, ce qui la fit sursauter, et lui cria :
- Allez-vous enfin me dire ce qui vous contrarie autant ?!
Brimsley et Reynolds se regardèrent, franchement paniqués. Devaient-ils intervenir ?
- Vous ne souhaitez pas être avec moi, dit Victoria en se levant de sa chaise à son tour.
- Qu'est ce qui v-
- Vous mettez vos rêves et vos désirs de côté, l'interrompit-elle.
Oh.
Brimsley défia Reynolds du regard.
Ce dernier poussa un soupir inaudible tout en fermant un instant les paupières.
C'était donc cela qui l'avait tant contrariée.
- Je... C-Ce n'est pas ce que je voulais dire... bredouilla George.
- Mais vous l'avez dit, répondit fermement Victoria.
- Victoria, je regrett-
- D'avoir dit cela ou que je l'ai entendu ? le défia-t-elle.
- Ce n'est pas juste, dit George, qui en avait assez qu'elle se montre immature avec lui.
- Non, ce qui n'est pas juste c'est la situation dans laquelle je me retrouve depuis que je vous ai rencontré. Vous et vos mensonges incessants. Je n'y comprends plus rien.
Elle marqua une pause puis poursuivit :
- Vous savez quoi ? Débrouillez-vous pour faire un bébé royal avec Vénus, puisqu'elle est votre rêve, elle.
Elle commença à marcher en direction de la sortie de la salle à manger.
- Victoria, restez ici, ordonna George.
Celle-ci ne l'écouta pas et continua à avancer.
- Restez ici ! hurla George en tapant à nouveau des poings sur la table.
Tout le monde sursauta, et Victoria s'arrêta net. Elle se retourna ensuite vers lui et lui dit sèchement :
- Vos désirs sont des ordres, Votre Majesté.
À l'évidence, aux yeux de leur deux valets, ils géraient tout deux très mal la situation.
George s'avança d'une démarche dangereuse en direction de Victoria, énervé.
Cela allait mal terminer, pensa Reynolds.
Mais contre toute attente, George s'arrêta face à elle, ils se regardèrent quelques secondes, puis se jetèrent l'un sur l'autre et s'embrassèrent fougueusement.
Aucun domestique dans la pièce ne sembla comprendre ce qu'il se passait, pas plus que Brimsley et Reynolds.
Mais ces deux là commençaient à être habitués à voir les monarques être pris de désir l'un pour l'autre à des moments inattendus.
George interrompit le baiser et lui dit :
- Je vous aime, Victoria...
- Arrêtez de parler, répondit cette dernière.
George attendit un instant puis plaqua à nouveau ses lèvres sur les siennes.
Il commença à descendre sa main et la glissa sous les jupons de Victoria, mais s'interrompit lorsque Reynolds se racla la gorge.
Ils étaient roi et reine, mais tout de même, pas ici. Enfin, il osait espéré qu'ils ne le feraient pas à nouveau ici. Car oui, cela s'était passé, il y a une semaine de cela, quand Victoria était venue rejoindre George pendant son dîner.
À vrai dire, il était plus difficile de lister les endroits où ils ne l'avaient pas fait ce dernier mois que ceux où ils l'avaient fait.
- Pourquoi vous arrêtez-vous ? demanda Victoria.
- Pas ici, dit George qui la porta dans ses bras.
- Votre Majesté ? dit Brimsley tandis que George commençait à sortir de la pièce.
- Gardez nos plats, nous reprendrons le dîner plus tard, cria-t-il tandis qu'il commença à courir dans le couloir, Victoria dans ses bras, tout en riant.