Le Croc de Sobek (MxM)

2. Fuck, Mary, Kill ?

"Un vampire charismatique, c'est un pléonasme qui ne dit pas son nom.
Qui n'a jamais trouvé un prédateur magnifique ?"

𝕵𝖔𝖚𝖗𝖓𝖆𝖑 𝖉𝖊 𝕵𝖆𝖈𝖊 𝕳𝖆𝖙𝖔𝖗𝖞𝖘

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C'était lourd.

Charly n'avait pas un physique particulièrement ingrat, mais porter trois packs de bières et deux bouteilles de vin rouge premier prix était apparemment au-dessus de ses capacités.

Béryl marchait devant lui, ses petites chaussures claquant à un rythme régulier sur le sol trempé, apparemment pas gênée le moins du monde par les deux sacs pleins de chips, gâteaux et autres cochonneries qu'elle levait à bout de bras. Elle s'immobilisa devant l'un des immeubles très huppés du quartier du Palais de Kensington, son doigt heurtant la sonnette avec un geste qui marquait une certaine habitude.

Grimaçant sous le poids de ses courses - c'était lui qui avait proposé, ça lui apprendrait à jouer les hommes virils - Charly la suivit dans le hall faste, maudissant déjà les larges escaliers de marbre blanc.

— C'est au cinquième. Indiqua Béryl avec un petit sourire démoniaque, se délectant par avance du visage rouge et de la sueur qui couvrirait le front de son collègue.

Et elle avait vu juste. Ce fut à peu près dans un état proche de la déliquescence qu'il posa le pied sur le palier du cinquième, le souffle court, passablement échevelé. La pluie sur ses lunettes et sa dégaine de doctorant en bout de course complétait ce tableau on ne pouvait plus pathétique - Charly en avait conscience.

Il croisa son regard vert dans le grand miroir qui habillait le mur du perron, quelque peu paniqué. Il était censé faire de nouvelles rencontres avec cette dégaine ? Autant être le fou du bus et venir aborder les gens en hurlant, ça aurait eu le même effet.

— Attends je peux pas...

Béryl ouvrit la porte.

— ... Y aller comme ça. Acheva Charly en grognant de désespoir.

Un grand blond apparut sur le perron, ses boucles savamment coiffées laissant échapper un œil doré des plus envoûtants. Barbe de trois jours, cigarette glissée derrière l'oreille, pantalon ample et pull couleur crème, il dégageait une aura tranquille, le genre que Charly aurait bien mis dans son lit pour faire l'amour avec tendresse avant de lui raconter sa vie toute la soirée.

Un grand sourire à fossettes illumina son visage en reconnaissant Béryl qu'il serra dans ses bras.

— Ah ! Sourit la petite brune en lui claquant une bise sonore. Je pensais pas que tu serais déjà là ! Charly, je te présente Lust. Lust, Charly.

L'archéologue cligna des yeux, essuyant vaguement ses lunettes avant de tendre la joue à son tour, laissant fleurir un sourire amical sur son visage. Qui se faisait surnommer "Lust"? Un genre de démon du sexe ? Si c'était le cas, il était plus que partant ! L'homme devait avoir la trentaine, un peu trop âgé pour adopter un pseudonyme faisant référence directement à sa sexualité débridée. Ou peut-être était-ce une private joke ? Il ne connaissait pas les amis de sa jeune collègue.

Mais malgré ce que pouvait laisser penser son surnom, Lust n'alla pas plus loin qu'une bise polie - au grand dam de Charly. Il récupéra les sacs, demandant des nouvelles du musée avec une voix aux accents apaisants, allumant au passage sa cigarette. Il les guida ensuite vers la pièce de vie, indiquant qu'il allait mettre des bières au frais.

C'était un grand salon tout en longueur, proposant une variété d'assises toutes plus dépareillées les unes que les autres. Toutes étaient d'ailleurs occupées par une flopée de jeunes gens au style allant du grunge au gothique, absorbés par petits groupes dans des discussions légères ponctuées de rires.