22. Repartir de zéro

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"Le sang vampire n'est pas des plus nutritifs, même si les rares noctambules qui vivent une relation exclusive n'hésitent pas à se mordre lors de leurs rapports, ou par simple jeu"

𝕵𝖔𝖚𝖗𝖓𝖆𝖑 𝖉𝖊 𝕵𝖆𝖈𝖊 𝕳𝖆𝖙𝖔𝖗𝖞𝖘

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C'était un baiser presque chaste où Charly menait la danse. Tout aussi sage, Dan s'était blotti contre lui, les mains crispées sur son t-shirt trempé, comme s'il n'osait pas en réclamer davantage de peur de briser quelque chose. Un équilibre fragile peut-être, ou simplement leur étreinte ?

Manquant d'air, ils finirent par se séparer à regrets, leurs doigts s'entrelaçant comme un réflexe pour ne pas interrompre leur contact physique. Mais à quelques millimètres les unes des autres, leurs lèvres s'appelaient encore, leurs souffles mêlés en demandant plus.

— J'ai besoin d'oublier... Souffla Dan.

Le regard de Charly s'affola soudain. En cet instant, dans ses bras, le dhampire semblait si fragile... Il aurait pu le briser d'un mot, d'un geste. Hésitant, il passa un doigt le long de sa joue si pâle, cueillant une gouttelette qui s'était échappée de ses cheveux encore humides.

Un instant, il l'avait presque confondue avec une larme...

Mais le dhampire ne pleurait pas.

Il avait sans doute déjà trop pleuré.

— Fais moi oublier répéta Dan contre ses lèvres, le regard rougeoyant - et Charly ne savait trop si cela était à cause du désir, de la soif ou des larmes.

— Dan... Il murmura, osant à peine glisser son regard dans le sien. Tu as besoin de repos.

— Non.

La lèvre du jeune homme à la chevelure corbeau s'était légèrement retroussée, faisant s'échapper un petit croc d'ivoire. Le regard étincelant, il laissa glisser la serviette éponge le long de ses cuisses.

Charly déglutit.

Si Dan était toujours aussi superbe, lavées de tout sang, les nouvelles marques de morsure qui s'étalaient sur sa peau d'un blanc laiteux étaient autant d'ombres cruelles gravées à même sa chair. Lust avait déchiré une toile de maître, la souillant de ses crocs.

— Je n'ai pas besoin de dormir. Il murmura, agrippant le t-shirt trempé de Charly. J'ai besoin que tu me fasses oublier. Que tu me bouffes, que tu me fasses sentir que je suis en vie.

Il marqua un silence. Légère, sa main remonta le long de la mâchoire du vampire juvénile, son pouce y décrivant un petit arc de cercle avant de se loger entre ses lèvres, lui arrachant un frisson.

— J'ai besoin de sentir que c'est toi qui me mord. Il ajouta, la voix délicieusement basse. Parce que je sais que tu ne me feras pas de mal. Tu me l'as dit toi-même.

Le souffle de Charly s'emballa, sa langue venant doucement effleurer le pouce lové là, contre ses crocs, en appréciant la forme.

L'autre main du dhampire avait déjà gagné le bas de son t-shirt, le débarrassant bientôt du vêtement trempé pour le laisser torse nu, mettant en lumière les nombreux bleus qui couvraient son corps. L'un deux, sur la hanche, était si sombre que sa peau paraissait violette, s'ajoutant à la multitude d'hématomes qui s'étalaient sur ses poignets, là où le métal des chaînes avait mordu. Point culminant, son nez encore rouge déviait un peu plus sur la droite qu'à l'ordinaire.

Du bout des doigts, le dhampire caressa chacune de ces marques bleutées, venant réchauffer la froideur de sa peau. Charly, lèvres entrouvertes, se laissa emporter par la tendresse du moment.

Le Croc de Sobek (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant