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Le couloir de l'hôpital, normalement silencieux, était transformé en un lieu de feu et d'activité, même en ce soir de Noël où l'on fêtait la naissance du Christ. Les équipes médicales, en mouvement constant, se déplaçaient avec une urgence contenue, tandis que les patients et leurs proches attendaient avec anxiété des nouvelles. Les décorations de Noël, qui auraient dû apporter une touche de réconfort et de joie, semblaient presque déplacées dans cet environnement de souffrance et d'urgence. Le malheur ne prenait pas de vacances, et les soignants étaient en première ligne pour faire face à l'inexorable flux de douleur et de désespoir.

Assis sur un banc, les bras croisés, Ruslan attendait avec la mère de la petite Sarah, qui avait voulu, après leur visite, rester seule avec son ami pour causer en intimité avec lui. Cette dernière avait un comportement suspect ; elle n'avait cessé de lui jeter des regards en biais depuis qu'ils étaient montés dans sa voiture.

Loin de l'instant présent, l'homme se demandait si Nora avait vu le cadeau qu'il avait déposé pour elle. Serait-ce suffisant pour se racheter auprès d'elle, pour qu'elle lui pardonne ses fautes ? Il l'espérait. Était-elle en train de le lire ? Ça aussi, il le souhaitait, car il aimait quand elle lisait ; ainsi, ils avaient des choses à se partager sur l'oreiller, des mots à se communiquer, des connaissances à s'échanger.

La porte à devant lui, un peu plus à gauche, grinça, et une petite silhouette y émergea, les yeux pétillants de bonheur après ce moment précieux aux côtés de celui que son cœur avait choisi. Ruslan ouvrit les yeux, et elle était déjà assise près de lui, la tête posée sur son flanc.

— Ça s'est bien passé ? s'enquit-il.

— Oui, il était un peu en colère parce que je n'étais pas venue le voir, mais ça va. Il a dit que je lui manquais et qu'il m'aimait toujours. Et toi, tu as une amoureuse ? lui demanda-t-elle en haussant démesurément ses sourcils, désireuse d'entendre sa réponse.

Aucune zone d'ombre ne pouvait le faire douter de sa réponse. Nora et lui s'entendaient bien ; ils étaient très liés, en phase sur de nombreux points, comme la littérature, le sexe, mais ça n'allait pas plus loin que ça ; elle était sa maîtresse, rien de plus. Il hocha la tête de gauche à droite pour répondre par la négative, et la petite fit une moue déçue, peinée pour lui de ne pas connaître l'amour.

Ils sortirent de l'hôpital, et la maman de Sarah eut la surprise de voir sa voiture garée sur le parking. Elle interrogea du regard le boxeur pour qu'il lui explique comment elle était retrouvée là, alors qu'ils avaient pris sa voiture à lui en venant et que la sienne était restée à l'église.

— J'ai demandé à mon chauffeur de vous la ramener.

— Merci beaucoup.

La femme prit la petite main de sa fille pour se diriger vers sa voiture, alors que celle-ci disait au revoir d'un geste de la main à son ami. La portière ouverte, elle installa précautionneusement sa fille, et après avoir bouclé sa ceinture et refermé l'ouverture, elle retourna voir le boxeur, qui n'avait pas bougé, attendant qu'elles s'en aillent d'abord avant de prendre lui-même la route.

Ce dernier fut dérouté de revoir la femme s'approcher vers lui, l'air intimidée, comme si elle voulait lui demander un service.

— Monsieur, l'interpella-t-elle d'une petite voix, la tête légèrement rentrée dans ses épaules.

— Oui, vous avez un souci ?

— Euh... non, mais je vous ai reconnu ; je vois souvent de la boxe, et...

De son sac, elle sortit un carnet et un stylo qu'elle lui tendit, lui demandant par ce geste un autographe.

— Vous pouvez...

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