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Six ans plus tôt :

Aujourd'hui, 6 mai, le ciel est d'un bleu éclatant, offrant une vue imprenable sur un soleil resplendissant dont les rayons chauds caressent ma peau. Les oiseaux tracent leur sillon dans le ciel infini, chantant à tue-tête pour saluer le beau temps. La pluie récente a laissé les routes encore mouillées, et des gouttes d'eau tombent des rebords des toits, créant une atmosphère humide. Le climat semble être en pleine crise d'identité, passant d'un moment à l'autre du soleil à la grisaille.

Je jette un coup d'œil à ma Rolex GMT, qui m'indique 11h40. J'ai encore un peu de temps avant mon rendez-vous. Mais aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de me répéter que c'est le 6 mai, le jour que je redoute le plus. Une obligation insupportable m'attend, et je n'ai pas le choix.

Je soupire profondément, essayant de chasser l'irritation qui monte en moi à chaque minute, à chaque seconde qui me rapproche de ce moment redouté. Je prends une nouvelle inspiration, me remplis d'oxygène, et mets un pied devant l'autre pour longer la rue peu encombrée.

Pour être honnête, je ne sais pas si j'aime ou non les gens. Tout dépend de la situation et de ce que je peux en tirer. Oui, j'avoue que j'aime utiliser les autres pour mes propres fins, que ce soit pour me distraire ou pour atteindre mes objectifs. Certains pourraient me qualifier de sociopathe ou de psychopathe, mais je m'en moque.

Je suis moi, Boris Nowicki, et je m'aime tel que je suis.

La circulation redevient fluide et la vie reprend son cours normal. Je m'arrête au bord de la route, guettant les feux de circulation, sans impatience, attendant que le feu passe au vert pour traverser. Et quand il le fait, je prends tout mon temps pour arriver de l'autre côté, même si cela signifie que le feu repasse au rouge et que les automobilistes commencent à s'impatienter.

Alors que je traverse calmement, je m'arrête, me courbe et commence à ajuster mes lacets. Les klaxons retentissent, les cris et les injures fusent, le feu est repassé au rouge et certains ne pourront pas partir tout de suite. Mais allez-y, chers semblables, démarrez et écrasez-moi. Je vous promets que vos vies seront plus misérables que celles des rats, je m'en assurerai de ma tombe.

Suis-je mauvais ?

Oui, je le sais. Ha ha ha.

Je peux sembler ordinaire, un jeune homme roux sans prétention, mais ne vous y trompez pas. J'ai des relations et des connections qui me permettent de faire bouger les choses. Et je ne parle pas seulement de mon père, diplomate de carrière, qui veille sur moi comme la prunelle de ses yeux. Même si nos relations sont... compliquées, il ne laisserait jamais quelqu'un me faire du mal impunément. Après tout, je suis son unique héritier, le fruit de ses "couilles molles".

Je termine mon petit spectacle et laisse les automobilistes reprendre leur chemin. Je descends la rue et m'arrête devant la boutique du fleuriste, que j'ouvre en tirant sur la poignée.

À l'intérieur, un vieil homme aux cheveux gris, aux yeux marrons derrière des lunettes rondes, s'occupe du jardinage en chantonnant doucement.

L'air est embaumé par l'odeur de la terre et du café, et je perçois le doux ronronnement de l'air conditionné. Mais ce qui captive vraiment mes sens, ce sont les milliers de fleurs de toutes sortes, de tous parfums et de toutes couleurs, qui enjolivent l'espace. C'est un véritable paradis floral.

Je m'approche lentement du vieil homme, qui ne m'a pas entendu entrer, trop absorbé par son travail. Lorsque je suis devant lui, je toussote pour attirer son attention.

— Bonjour, dis-je d'une voix amène, essayant de cacher mon dégoût pour cette visite forcée.

Cela vous surprend ?

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