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— On ne rentre pas ? S'éleva la voix d'Ethan.

Après que Nora les ait abandonnés, ils avaient cheminé jusqu'au parking où, depuis quelques minutes, ils attendaient.

— Je ne compte pas bouger d'ici sans être sûre qu'elle va bien. Toi, tu partirais ?

Le jeune homme se décolla du capot de la voiture pour se retourner et y poser ses coudes, le regard rivé sur Asia.

Celle-ci était appuyée contre la portière conducteur, dos à lui. Cette position n'était pas anodine, car elle lui permettait de souffler un peu malgré son anxiété. Être seule avec Ethan était une situation insupportable pour elle, mais elle ne pouvait faire autrement que de supporter cette sensation oppressante et envahissante, comme un poids qui pesait sur sa poitrine, rendant sa respiration difficile.

Sa proximité la rendait incapable de se relaxer, et il lui était impossible de contrôler ses tremblements. L'air frais qui caressait sa peau oxygenait son être, mais ne pouvait l'aider à lutter contre ses maux de tête ou ses sueurs froides. Mais elle ne pouvait mettre un terme à ses souffrances, elle était dans l'obligation de supporter sa présence jusqu'à ce qu'elle soit rassurée que son amie aille bien. Et elle allait encore attendre, car cette dernière ne se pressait pas.

— Non, finit-il par répondre.

Lui aussi était embarrassé, la nervosité d'Asia avait un impact sur lui, et il se sentait impuissant face à la situation et coupable de faire naître en elle un tel état d'appréhension constante. Il aurait bien aimé la rassurer sur ses intentions, lui prouver qu'il ne lui tenait plus rigueur pour leur altercation, mais il ne savait pas par où commencer.

— Attendons alors.

— Oui, attendons.

Un silence de plomb tomba entre eux, tendant la tension et les éloignant un peu plus d'une possible réconciliation.

                       ***

— Je te dérange sûrement, murmura Nora, sa voix timide brisant le silence qui s'était installé entre eux.

La jeune femme sentait son incertitude l'empoisonner et tuer le maigre espoir qu'elle avait. Elle aurait souhaité qu'il se mette en colère au lieu de garder ce calme inquiétant.

Son angoisse faisait fleurir des pensées négatives à l'origine de scénarios catastrophiques pour son cœur, qui tournaient en boucle dans son esprit. Qu'elle aurait aimé s'enfuir de là, fuir son échec, cette nouvelle déception ! Mais impossible pour elle de faire un pas, elle avait l'impression que ses jambes étaient coupées et son cerveau était si pétrifié par la peur du rejet qu'il ne pouvait plus fonctionner normalement.

Tout ce qui restait était son cœur, qu'elle sentait à chaque minute se fragmenter pour la laisser brisée une nouvelle fois. Elle ferma les yeux et s'ordonna de faire un geste, et après une grande bataille avec son cœur qui voulait y croire, lui donner une chance de tout réparer, elle réussit à se tourner, prête à partir. Et cette fois-ci, il n'y aurait plus de marche arrière à faire.

— Ne pars pas, s'il te plaît, lui demanda Ruslan, sa voix rauque et émouvante.

La jeune femme sentit comme un poids quitter son cœur et son être se libérer. Sa demande avait été comme un antidote à son désarroi, et elle pouvait enfin respirer.

— Tu as repris l'usage de la parole, dit-elle, sans se retourner, le front posé contre la porte.

Ruslan gomma la distance qui le séparait d'elle et, après une hésitation, il posa ses mains sur ses épaules et la fit pivoter pour avoir de nouveau accès à ses yeux de jade, un regard qui lui était plus précieux que toutes les pierres précieuses du monde.

fuck!ng loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant