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Ils étaient rentrés avant le lever du jour, et chacun, prudemment, avait regagné sa chambre avant que tout le reste de la maisonnée ne se réveille. Le soleil couché derrière les hautes montagnes enneigées commença sa lente montée pour baigner le monde dans la lumière, transperçant de ses rayons chauds les branches dépourvues de feuilles pour se hisser dans le ciel, répondant ainsi présent à l'appel du coq qui avait chanté des minutes en arrière. Cette aurore avait une autre signification, en plus d'annoncer une journée nouvelle ; il était l'heure de découvrir ce que le Père Noël avait gardé pour ses enfants pour célébrer la Nativité.

Et tout le groupe, apprêté, assis autour du grand arbre de Noël joliment décoré, s'extasiait devant les cadeaux emballés comme s'ils les voyaient pour la première fois. Même Boris était heureux, comme s'il avait déjà oublié l'épisode de la veille.

— Qui m'a offert quoi ? demanda Nikolaï en se frottant les mains, excité comme un enfant à l'idée de découvrir ses cadeaux.

Débuta alors l'échange de cadeaux ; tout le monde en avait reçu un. Ruslan avait dû recevoir la chevalière que Boris lui avait achetée pour faire plaisir aux autres, au grand plaisir de ce dernier. Après ce moment de partage, les tâches furent réparties : Nora fut chargée de faire la cuisine avec Elina pour la petite fête de ce soir, tandis que les garçons monteraient les tentes et Hayley s'occuperait de la musique. Seul Ruslan avait été excusé ; Elina l'avait trouvé trop épuisé pour travailler, et sans se plaindre, il était monté dans sa chambre dormir un peu afin de récupérer de la journée précédente et d'être en forme pour profiter avec eux.

Il était 18 heures, le ciel était déjà sombre et les lumières avaient été allumées. Nora, aidée d'Elina, sortait les plats pour les disposer dehors, alors que Dimitri s'occupait d'allumer le grand feu. Elle avait essayé d'aller retrouver Ruslan discrètement pour lui voler un baiser, mais les préparatifs et la femme de ce dernier, qui était toujours sur son dos, l'en avaient empêchée. Il ne lui restait donc qu'à espérer terminer rapidement pour monter le retrouver.

Le boxeur s'était réveillé depuis près d'une demi-heure et avait filé sous la douche pour se laver. Il enfilait son pantalon quand sa porte s'ouvrit sur Boris, et il se figea un moment avant que la haine ne monte en lui.

— Dehors ! gronda-t-il entre ses dents fortement serrées.

— Tu couches avec Nora ?

Ce n'était pas une question ; Ruslan le savait, il était au courant, et s'il ignorait comment il l'avait découvert, en repensant aux événements de la veille, il comprenait que ce n'était pas un loup comme il l'avait pensé qui avait brisé la branche, mais Boris.

— Tu nous as suivis !

— J'avais des doutes. Comment peux-tu faire ça ? Comment ?!

Voilà une des raisons pour lesquelles il ne voulait pas dévoiler sa liaison avec Nora : la jalousie maladive de Boris, qui ne pouvait digérer qu'on ne le choisisse pas, et maintenant il se montrait tel qu'il était, le petit ange avait disparu et l'égoïste se montrait.

— On ne peut pas se débarrasser de toi, tu es aussi collante qu'une mauvaise haleine.

— Tu mens à tes frères, tu fais semblant qu'il ne se passe rien entre toi et elle, alors que la nuit tombée, tu la soulèves. Tu devrais avoir honte, Rus !

Ruslan contourna Boris et alla jusqu'à la porte pour le faire sortir ; il avait déjà la main posée sur la poignée quand ce dernier dit :

— Est-ce qu'elle te verrait encore de la même façon si je lui avouais notre petit secret ?

Une sauvage colère emprisonna son être, et il attrapa Boris par le col, le soulevant légèrement du sol, les dents serrées, son visage expression parfaite de l'aversion, ses muscles fendillés de veines gonflées par la haine qui brûlait en lui.

fuck!ng loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant