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Les rayons de soleil avaient percé la fenêtre de la chambre de Nora pour venir la déranger deux heures plus tôt, mais elle ne s’était pas levée. Elle avait juste tiré les rideaux puis était retournée se coucher tranquillement, elle avait de quoi ne pas s’inquiéter, Elina l’avait dispensée de tout travail. Elle pouvait donc calmement dormir même pour toute la journée.

En position étoile sur le lit défait par ses gesticulations, la bouche entrouverte, les cheveux couvrant son visage, la jeune femme sursauta quand deux coups furent frappés à sa porte. Elle les ignora en espérant que la personne se lasse et continue son chemin, mais ce qu’elle n’avait pas prévu était que cette dernière ouvrirait la porte pour s’introduire à l’intérieur.

Toutefois, elle continua à faire semblant de dormir profondément en attendant qu’elle s’en aille. Et toujours rien, au contraire, elle sentit un poids s’affaisser sur le support.

— Nora, chantonna une petite voix qu’elle distingua difficilement.

Les yeux tremblants légèrement sur le point de s’ouvrir, elle se semonça de ne pas se trahir avant de sentir un doigt dans sa bouche qui la fit tressaillir.

— Enfin, tu es debout.

Clingant ses petits yeux plusieurs fois pour se connecter à la réalité, Nora se redressa en parlant dans sa barbe, mécontente d’avoir été dérangée.

— Qu’est-ce que tu veux, Nikolaï ?

— Ruslan veut te voir, il est dans sa chambre.

Elle qui était encore dans le brouillard du sommeil, alternant entre rêve et réalité, se réveilla totalement, surprise par cette nouvelle qui était difficile à croire pour elle. Pourquoi voulait-il la voir alors qu’il l’ignorait depuis des jours ? Voulait-il s’expliquer ?

— Pourquoi ? s’entendit-elle dire, les sourcils froncés.

— L’interview, il veut que vous la terminiez aujourd’hui.

— L’interview ? fit-elle de plus en plus troublée.

— Oh oui, l’inter...view, déclara-t-elle dans un éclair de lucidité pour rassurer Nikolaï, alors qu’elle était toujours perdue.

Nikolaï toucha son front pour voir si elle n’avait pas de la fièvre, perturbé par sa réaction, mais tout semblait normal. Sa mission accomplie, il se leva et se retira en précisant qu’il était dans la cuisine si elle avait besoin de lui.

Noyée dans un océan de questions qui se multipliaient à chacune de ses foulées, Nora se nettoya puis prit ses affaires nécessaires pour cette interview surprise. Devant la grande porte qui la séparait de son ancien amant, Nora se promit une dizaine de fois d’être aussi froide avec lui qu’il avait été avec elle. Elle revit sa posture avant de se faire annoncer en frappant.

La porte grinça cinq secondes plus tard et elle put pénétrer dans l’antre de ce dernier, dont elle gardait un mauvais souvenir.

La jeune femme passa en revue la pièce, analysant chaque coin, chaque meuble pour éviter d’avoir à poser les yeux sur lui, qui, de sa démarche suave, faisait mouvoir d’une façon irrésistible ses muscles cachés sous son t-shirt gris anthracite.

Une dernière fois, elle s’interdit tout comportement qui pourrait trahir son émoi, puis prit place sur la chaise en face du canapé sur lequel il était assis, à côté du lit.

Bien qu’une table les séparât, Nora avait la mauvaise impression de pouvoir sentir son souffle se verser sur elle, la chaleur de son corps emmailloter sa chair, et ce n’était pas son parfum viril avec une touche de douceur qui allait atténuer son trouble. Il l’édulcorait.

fuck!ng loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant