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Nora s'était réveillée le lendemain de sa chute . Sans surprise, elle avait trouvé tout le monde à son chevet, sauf Ruslan, qui l'évitait. Il n'était revenu que deux fois sur les quatre jours qui avaient suivi son réveil, et cela seulement parce que Nikolaï l'y avait obligé. Mais il n'était jamais entré pour la regarder, se contentant de prendre de ses nouvelles par l'intermédiaire des autres, qui ne comprenaient plus son comportement. Il était passé du chaud au froid d'une façon si brusque qu'ils en étaient bouche bée.

Boris, quant à lui, était au petit soin avec elle, restant des heures à converser, à chanter pour elle, et de fil en aiguille, ils s'étaient un peu plus rapprochés. Nora se sentait honteuse de s'inquiéter de sa relation avec le Russe alors que Boris était là pour elle, s'inquiétant de son état de santé, contrairement à son amant.

Pendant les visites de Ruslan, elle avait profité plus d'une fois de l'inattention de Boris pour dévier son regard vers lui à travers la fenêtre, et le cœur meurtri, elle le regardait pianoter sur son téléphone comme si elle n'était pas couchée là à quelques pas de lui, et qu'elle avait peut-être frôlé la mort.

Les autres l'avaient informé de l'empoisonnement, et même si Paula s'était montrée cruelle en lui tournant le dos, elle ne croyait pas que ce soit elle la responsable. D'ailleurs, Paula était venue s'excuser, et Nora lui avait pardonné sans plus.

Une larme déchira son visage. Elle était comme à chaque fois en train d'observer Ruslan, pendant que Hayley rangeait ses affaires. Ce dernier était en train de draguer une infirmière, alors qu'il savait qu'elle pouvait le voir.

— Hey, ma belle, qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta Hayley en essuyant ses larmes.

— Qu'ai-je fait pour mériter ça ? dit-elle pour elle-même, en détournant le regard de la fenêtre pour regarder droit devant elle.

Hayley s'assit près de son oreiller et se pencha pour lui embrasser la tempe.

— Ne dis pas ça. Ça va aller, tu verras, et on attrapera celui qui a fait ça. Mais en attendant, on va profiter de ces derniers cours de congés, d'accord ?

— D'accord, dit Nora en forçant un sourire pour répondre à celui de son amie.

Cette dernière avait déjà sauté sur ses jambes et, après avoir retiré la couverture sur ses pieds, elle l'aida à s'habiller avant qu'elles ne rejoignent Nikolaï et Ruslan, qui allaient les raccompagner au châlet.

Dans la voiture, la tension était électrique. De l'angle de son œil, Ruslan lorgnait Nora, qui avait le visage fermé. Il savait qu'elle l'avait vu avec l'infirmière, et même si cela lui écrasait le cœur, il était satisfait de sa réaction.

La rose noire qu'il avait reçue l'autre jour lui avait fait comprendre que les choses étaient plus compliquées que ce qu'elles n'y paraissaient, et que son empoisonnement n'était qu'un avertissement. Ayant peur de ce qui pourrait lui arriver s'il s'entêtait, il avait décidé de s'éloigner d'elle au risque de recevoir sa haine.

Qu'est-ce qu'il aurait voulu être à ses côtés comme le premier jour, rire avec elle, parler littérature ? Une amère jalousie s'était emparée de son être à chaque fois qu'il voyait les autres profiter d'elle, alors que lui était enlevé ce droit par peur.

"Je suis désolé d'être un lâche, malen'kaya ved'ma (ma petite sorcière). Tu mérites tellement mieux", se dit-il en détournant la tête pour se ronger de culpabilité en regardant la nature, dont le panorama glacial et déprimé semblait s'être rangé du côté de Nora, partageant sa douleur.

Ils étaient arrivés à moins d'une heure, et après avoir salué les autres, heureux de la revoir parmi eux en bonne forme, Nora s'était éclipsée à l'extérieur pour être seule et décharger sa peine. L'indifférence de Ruslan la broyait, et c'est le cœur mortifié qu'elle comprenait le message qu'il voulait lui faire passer subtilement.

fuck!ng loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant