fuck!ng love

22

La matinée s'éveillait sur le lac, baignée dans une sérénité irréelle. Les premiers rayons du soleil dansaient sur l'eau calme, créant un spectacle de reflets dorés qui semblait sorti d'un rêve. Les brumes matinales se dissipaient lentement, révélant les contours des montagnes alentour comme une toile de fond majestueuse. Le chant des oiseaux s'élevait, mêlant sa mélodie au murmure de l'eau, créant une symphonie de paix.

Cependant, dans ce décor idyllique, une tension palpable régnait entre les deux tourtereaux. Nora s'affairait à nettoyer, rangeant les couverts en plastique dans un sac poubelle avec une efficacité qui trahissait son trouble intérieur. Ruslan, quant à lui, démontait la tente avec une lenteur qui contrastait avec l'urgence qui semblait animer Nora.

Lorsqu'il remarqua son visage fermé et ses gestes précipités, il sentit ses soupçons se confirmer. Depuis leur réveil, elle l'évitait, et il avait dû lui arracher un simple "bonjour" de la bouche. Cette froideur était un mystère pour lui, et il était convaincu qu'elle cachait un grief.

Ruslan posa doucement la tente à ses pieds et s'approcha d'elle, cherchant à briser la glace qui les séparait.

— Pourquoi malen'kaya ved'ma est-elle fâchée de si beau matin? Chantonna-t-il pour ne pas la brusquer.

Nora se dégagea de son étreinte et tout en continuant sa besogne avec une détermination qui le laissa perplexe, elle lui répondit d'un ton aride :

— Je ne suis pas fâchée.

— Nora.

Le mutisme de Nora fut une goutte d'eau qui fit déborder le vase. Ruslan, las de son silence, lui prit doucement mais fermement l'objet qu'elle tenait et, avec une autorité contenue, la fit pivoter vers lui, la forçant à croiser son regard.

— Je t'ai fais mal?

— Non.

Ruslan plissa les sourcils, perplexe. Il ne parvenait pas à démêler l'écheveau de la situation. Si leur nuit d'hier n'était pas la cause de ce brusque revirement, qu'est-ce qui pouvait alors expliquer cette soudaine froideur ? Le mystère le laissait dans l'expectative.

— Parle moi...tu m'inquiètes.

Elle releva la tête, et son regard flamboyant de colère rencontra le sien, brûlant d'intensité.

— Où as-tu dormi cette nuit ? Lui cracha-t-elle au visage en se détachant violemment de lui.

L'homme fut pris au dépourvu par la question de Nora, qui semblait jaillir d'un ressentiment profond.

— Je te pose une question !

— Mais avec toi! Mentit-il effrontément.

La réponse de Ruslan sonna creux, même à ses propres oreilles, et il sentit son cœur s'alourdir sous le poids du mensonge.

Nora secoua la tête, son visage empreint de déception face au mensonge qui venait de franchir ses lèvres. Le regard audacieux qu'il osait poser sur elle, alors qu'il venait de la trahir, la révulsait jusqu'au fond de l'âme. Ses yeux, jadis pleins de tendresse, étaient maintenant emplis d'un dégoût qui transperçait l'homme comme une lame.

Il tenta de se rapprocher d'elle, espérant apaiser la tempête qui s'était levée entre eux, mais Nora se déroba, créant une distance qui semblait insurmontable. Chaque pas en arrière était une condamnation, chaque geste un rejet.

— Je me suis levée cette nuit et tu n'étais pas là. J'ai attendu pendant près d'une heure avant de sortir et de constater que tu avais dormi à la belle étoile.

Elle s'arrêta un instant, cherchant à maîtriser la tempête qui bouillonnait en elle, de peur que son émotion ne déborde comme un orage prêt à éclater.