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Ruslan arriva en catastrophe à l'hôpital et gara sa moto sur le parking après avoir manqué de renverser une infirmière. En flèche, il pénétra dans la bâtisse et, sans un mot à l'accueil, il s'engouffra dans l'ascenseur en direction de l'étage où se trouvait la chambre de Nora, suivant les instructions d'Elina.

À peine la cage en acier s'était-elle ouverte qu'il était déjà dehors et rasait les murs en se dirigeant droit sur le groupe qui attendait nerveusement le rapport du docteur.

— Que s'est-il passé ? s'enquit-il.

— Il y a eu plus de peur que de mal , le rassura Dimitri en posant une main réconfortante sur son épaule.

Le boxeur se dégagea de l'emprise de son frère et l'affronta, remonté qu'il minimise la situation.

— Comment ça, il y a eu « plus de peur que de mal » ? Elle est tombée dans les escaliers !

— Ce n'était que quatre marches, elle va s'en remettre , répliqua Hayley, tentant de calmer les choses.

— Ruslan, allez calme-toi, tu n'as pas à te mettre dans des états pareils... , ajouta-t-elle.

— Je suis garant d'elle !  riposta-t-il.

Hayley roula des yeux, éreintée par son obstination.

— Elle n'est plus une gamine, c'est une majeure vaccinée , lui rappela-t-elle.

— Il n'en reste pas moins que c'est moi qui l'ai fait venir dans ce pays. Sans ça, elle serait chez elle, bien..., argumenta Ruslan.

— Tu n'en as aucune certitude..., rétorqua Hayley.

— C'est bon, arrêtez avec ça !  s'agaça Nikolaï, qui depuis avait sa tête dans ses mains et priait pour qu'il ne soit rien arrivé de grave à Nora.

— Nikolaï a raison. Ça ne sert à rien de nous étripper sur des sujets stériles. Tout ce qui doit nous importer là maintenant, c'est Nora et son état de santé. Prions que Dimitri ait raison et que c'est juste quelque chose de bénigne, intervint Boris en se plaçant entre Hayley et Ruslan.

— Je veux que tu saches, si Paula ne vient pas demander pardon à Nora, je lui porterais plainte pour non-assistance à personne en danger. Quand nous sommes arrivés, elle avait le front couvert de sueur, signe qu'elle n'allait pas bien, et elle est tombée quelques secondes après son départ, l'informa Dimitri sur un ton menaçant, appuyé par sa femme qui hochait de la tête en accord avec lui.

Au même moment, le médecin sortit de l'une des pièces du couloir et tous tournèrent la tête vers lui. La mine qu'affichait le quarantenaire n'était pas ce qu'il fallait pour les soulager de leurs angoisses. L'homme tenait dans sa main un dossier et rajusta ses lunettes plusieurs fois avant de prendre la parole.

— Nous lui avons fait une prise de sang pour les analyses et, malheureusement, nous avons détecté la présence de belladone à faible dose. Preuve qu'elle a été empoisonnée.

Ruslan avait du mal à écouter le docteur après cette déclaration ébranlante. De loin, il entendait sa voix, mais il avait du mal à déchiffrer ce qu'il disait. Nora avait été empoisonnée. Comment cela était-il arrivé ?

— Vous avez une idée de comment cela aurait pu se produire ?  interrogea le médecin.

Tous se regardèrent. Ils avaient mangé la même nourriture, bu les mêmes alcools. Ils ne voyaient pas comment Nora aurait pu être empoisonnée. Si c'était le cas et que l'un des aliments qu'ils avaient consommé en était la cause, ils devraient tous être malades. Or, ils se sentaient bien. Et ce constat ouvrait la voie à une autre option, plus sombre, plus sanglante : Nora avait été ciblée. Par qui ? Pourquoi ?