Chapitre 5 - Lo d'Hexe

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— Non, souffla Lo.

La détermination de Del se décomposa en une seconde. La déception rendait son visage encore plus poupin, comme un petit garçon sage à qui on avait refusé un dessert parfaitement mérité.

— Mais...

— Je ne peux pas prendre d'apprenti. Je ne suis plus un vrai Chevalier.

Encore ce mot. Chevalier. Ce titre qui lui brûlait presque la langue, à présent.

— Pourquoi ça ? demanda Del.

Iel lui expliqua, sans entrer dans les détails, comment iel avait dû affronter la Chevaleresse Asynda après le vol des valiettes, comment iel avait perdu le duel. Commet iel avait été déchu·e de son titre, qu'iel ne pourrait récupérer qu'en accomplissant une quête offerte par le destin. A ce point du récit, Del semblait prêt à l'interrompre, alors Lo conclut son récit de façon abrupte.

— J'ai des amis à aider, de toute façon.

— Alors laisse-moi t'aider à les aider ! explosa le jeune Maegis Tu auras bien besoin d'un coup de main non ? C'est dur de réussir tout seul, si j'avais un truc à retenir de mon aventure...

— Le gamin a pas tort, offrit Gulliver. On vient pas avec toi, en plus. Amahlune nous a demandé de préparer son anniversaire, tu sais comment c'est.

— Amahlune... ? répéta Del, les yeux écarquillés. La princesse d'Aradhis ?

Lo soupira. Iel avait aussi été invité·e pour le treizième anniversaire de la princesse, mais lea faune pouvait se contenter d'arriver le jour même et de mettre les sabots sous la table. Les préparatifs, qui duraient parfois un mois entier, étaient une affaire qui se réglait entre ami·es proches. Lo adorait la princesse comme sa propre soeur, bien sûr, et iel la connaissait presque depuis sa naissance. Feï l'avait rencontrée bien plus tard et, pourtant, il n'avait fallu que deux rencontres pour qu'iels deviennent instantanément les meilleur·es ami·es du monde. Gulliver ne se séparait jamais de son barde, alors il était toujours systématiquement invité à tous les évènements auquel Feï était convié.

— Del... Ce n'est pas contre toi, mais je préfère y aller seul. C'est les forêts du Nord. Et mes amis. Et toi...

— Je suis qu'un gamin sans expérience, grommela le concerné.

C'était durement formulé, mais c'était vrai. Lo ne pouvait tout simplement pas se permettre de l'emmener avec iel. C'était trop risqué. Même si les forêts du Nord n'avaient plus de meurtrières que leur réputation, depuis l'exode des enfants de Kor Kor et la disparation des Maegis du Nord, le trajet était long, inconfortable. Les chasseurs de primes renégats coupaient la plupart des routes, les auberges débordaient de réfugiés qui n'avaient toujours pas trouvé de logements permanents, en dehors des chambres qu'on leur laissait plus ou moins gratuitement ou de campements qui devenaient de moins en moins temporaires avec les années qui passaient. Malgré les efforts répétés de la couronne d'Aradhis depuis dix ans pour changer la situation, les avancées stagnaient, principalement parce que les syndicats de la Botte bloquaient les négociations avec la république de Pierremêle. La forêt d'Hexe, la région la plus proche des forêts du Nord, avait accueilli la quasi totalité des réfugiés du mieux qu'elle pouvait. Mais c'était trop de monde en trop de peu de temps, et la nature avait peine à suivre. A ce rythme, Lo ne serait pas surpris si la situation s'enlisait et s'aggravait encore pendant dix années supplémentaires. Ou qu'un accident ne mette le feu à la poudrière et que l'ensemble des mondes connus n'explose.

Si Lo était honnête avec iel-même, il suffirait de sortir de la Botte pour trouver une quête digne de son nom. Le monde n'en manquait pas, ces derniers temps.

Une Promesse de Nuit et d'Ecailles : L'apprenti ChevalierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant