Late Night Talking

Tome II • Chapitre 54

11 mai 2024 - Monaco
Point de vue de Lewis Hamilton

Je fais danser mes doigts sur la surface du plan de travail de la cuisine aux rythmes de la musique qui résonne dans toute la maison. Les yeux rivés sur l'écran de mon téléphone, j'attends des nouvelles d'Amélia. Elle devrait arriver d'une minute à l'autre.

Seulement trois jours que nous sommes séparés et pourtant j'ai l'impression de ne pas l'avoir vu depuis un an.

Après le début de semaine à New York, nous sommes rentrés en Angleterre. Elle à Woking et moi à Brackley. Entre les différentes réunions avec les ingénieurs, les séances de sports et les séances dans le simulateur pour préparer le Grand Prix d'Imola, je n'ai pas vraiment vu le temps passer. Même si nous nous sommes envoyés des messages et appeler, rien ne vaut le contact physique.

Je n'ai qu'à fermer les yeux pour la revoir, sous moi, les yeux mi-clos, les lèvres entrouvertes laissant échapper les trois mots qui sont devenus la raison de mon sourire niais. Je mentirai si je disais ça ne m'avait rien fait qu'elle finisse par m'avouer son amour. La première fois qu'elle l'avait fait, nous étions entre deux piles de pneus dans la voie des stands. Et lundi soir, nous étions dans des toilettes d'un hôtel. Deux façons originales d'avouer ses sentiments, il faut le dire. Mais depuis le jour où nous nous sommes rencontrés, rien n'a été fait normalement.

Mais aujourd'hui, c'est un jour spécial.

Ce matin, j'ai vidé la chambre d'amis qui sera dorénavant son bureau à elle. J'ai fait du tri dans mon dressing pour lui laisser plus de place que les quelques étagères qu'elle avait avant. Même si Amélia a pris la fâcheuse habitude de me piquer mes vêtements, elle a besoin de place pour les siens. La salle de bain attenante à notre chambre a connu le même traitement. Cette fois-ci, ses affaires quitteront notre maison seulement si nous décidons de déménager.

Pour la première fois depuis une dizaine d'années, je vais réellement de nouveau partager mon quotidien avec ma petite amie. Nous passons déjà beaucoup de temps ensemble, que ça soit pendant les semaines de courses ou en dehors. Mais le fait qu'elle quitte son appartement pour venir habiter ici, c'est un grand pas. Il n'y a plus d'échappatoire, elle ne pourra plus aller se réfugier chez elle quand elle aura besoin d'avoir du temps pour elle.

Nous vivons presque déjà ensemble à vrai dire. Ma maison va devenir la sienne et c'est avec impatience que je l'attends. Elle et son camion de déménagement.

Amélia a refusé catégoriquement que je vienne chez elle pour l'aider à faire les cartons et démonter les meubles qu'elle allait amener ici. Selon elle, une équipe de déménageur a été engagé par McLaren pour faciliter les choses.

Un peu de stress commence à pointer le bout de son nez, elle devrait être arrivée depuis une trentaine de minutes déjà et quand je l'appelle, je tombe sur sa messagerie. Et si finalement, elle avait décidé de garder son appartement ? Si l'emménagement ici était l'étape de trop ? C'était pourtant Amélia qui avait amené le sujet sur la table.

Je tente de l'appeler une dernière fois.

- Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur d'Amélia Williams, vous savez ce qu'il vous reste à faire et je vous rappellerai. À bientôt !

Je raccroche sans laisser de message et soupire en reposant mon portable sur le plan de travail de la cuisine. Je fronce les sourcils quand j'entends l'interphone dans l'entrée retentir. À part Amélia, je n'attends personne d'autre en cette fin d'après midi. Je fais le tour de l'ilot de la cuisine et je me dirige dans l'entrée. Plus j'avance et plus, j'entends un moteur rugir et des klaxons qui brisent la tranquillité du quartier.