Chapitre 6 : Dévastation et révélations
Augustus, encore sous le choc et la douleur de l'humiliation et du tabassage, restait étendu dans le local à ordures. Son corps meurtri était une carte de ses souffrances, chaque coup et chaque coupure lui rappelant la cruauté de Don Pablo. Alors qu'il tentait de se relever, il entendit des bruits étranges venant du plafond.
Il écouta attentivement, son cœur battant la chamade. Les sons étaient indistincts au début, mais rapidement, il reconnut des gémissements et des cris. C'était Don Pablo en train de copuler avec Emmastia. La douleur dans le cœur d'Augustus se raviva, plus intense que jamais. Chaque cri, chaque gémissement, chaque mot qu'il entendait semblait lui arracher une part de son âme.
"Je suis Don Pablo !!!" criait fièrement le contrebandier, sa voix résonnant avec arrogance et triomphe.
Augustus, désespéré, sentit une noirceur envahir son esprit. L'idée de mettre fin à ses jours passa brièvement par son esprit, la tentation de fuir cette douleur insupportable. Mais au fond de lui, quelque chose le retint. Une flamme, aussi faible soit-elle, de détermination et de survie.
Se traînant hors du local à ordures, Augustus se dirigea vers la taverne la plus proche, ses pas lourds et incertains. La nuit était froide, mais il ne le sentait pas. Tout ce qu'il ressentait, c'était une profonde désolation.
En entrant dans la taverne, Augustus se dirigea directement vers le comptoir. Les clients autour de lui semblaient l'ignorer, plongés dans leurs propres conversations et boissons. Il s'installa sur un tabouret, et sans un mot, commanda une chope de bière.
Il but avidement, cherchant à noyer sa peine et sa colère dans l'alcool. Une chope suivit une autre, et bientôt, la douleur physique s'estompa légèrement, remplacée par un engourdissement bienvenu.
C'est alors qu'il remarqua les deux taverniers. Le premier, Mika, portait un bandeau sur les yeux mais faisait la plonge avec une précision et une aisance étonnantes. Le deuxième, Louis, avait un regard vitreux, visiblement drogué, mais malgré cela, une profonde lucidité semblait transparaître dans ses gestes et ses paroles. Les deux hommes portaient les marques de la guerre, leurs visages balafrés racontant des histoires de batailles passées.
Mika, malgré sa cécité, semblait parfaitement à l'aise dans son environnement. "Louis, encore une autre tournée pour notre ami ici," dit-il, sa voix calme et assurée.
Louis, bien que luttant contre l'effet des drogues, hocha la tête et remplit une nouvelle chope pour Augustus. "Tu as l'air d'avoir vécu des moments difficiles, mon gars," dit-il en posant la chope devant lui. "Parfois, la vie te frappe si fort que tu penses ne jamais pouvoir te relever."
Augustus leva les yeux, reconnaissant la sagesse derrière les mots de Louis. "Vous ne savez pas à quel point," murmura-t-il avant de prendre une autre gorgée.
Mika s'approcha, s'appuyant sur le comptoir. "Nous en avons vu des vertes et des pas mûres, mon ami. Parfois, les cicatrices ne sont pas seulement sur le corps, mais aussi dans l'âme."
"Vous avez l'air de savoir de quoi vous parlez," répondit Augustus, sa voix teintée d'amertume.
"Nous avons tous nos histoires," dit Louis en souriant tristement. "Et parfois, nous les partageons avec ceux qui sont prêts à écouter."
Augustus sentit une étrange connexion avec ces deux hommes. Peut-être étaient-ils les alliés dont il avait besoin, des âmes blessées mais résilientes qui pouvaient comprendre sa douleur et l'aider à se relever.
Alors que la nuit avançait et que les chopes de bière continuaient de s'aligner devant lui, Augustus commença à raconter son histoire, ses espoirs, ses échecs et l'humiliation infligée par Don Pablo. Mika et Louis écoutèrent attentivement, sans jugement, leurs regards empreints de compréhension et de compassion.
"C'est difficile de se relever après ça," dit Mika en posant une main réconfortante sur l'épaule d'Augustus. "Mais tu as de la force en toi, je le vois. Tu peux surmonter ça."
Louis hocha la tête. "La clé, c'est de trouver quelque chose pour lequel te battre. Quelque chose qui te donne un but, un sens."
Augustus, réconforté par leurs paroles, sentit un nouvel élan de détermination. Peut-être qu'avec l'aide de ces deux hommes, il pourrait se relever, se reconstruire et, un jour, prendre sa revanche sur Don Pablo.
La nuit continua, remplie de confidences, de conseils et d'un nouvel espoir naissant. Alors que l'aube approchait, Mika se pencha vers Augustus avec un sourire malicieux. "Dis-moi, Augustus, as-tu déjà songé à entrer dans le monde de la contrebande ?"
Augustus, surpris, leva un sourcil. "La contrebande ? Pourquoi ferais-je ça ?"
Louis se mit à rire doucement, une note rauque dans sa voix. "Eh bien, mon ami, il y a des opportunités dans ce domaine. Et cela pourrait t'aider à reprendre le contrôle et à préparer ta revanche."
"Viens avec nous," ajouta Mika en se redressant. "Nous avons quelque chose à te montrer."
Augustus, intrigué, suivit les deux hommes derrière le comptoir. Louis se pencha vers un grand fût de bière et, avec un sourire complice, fit pivoter le fût pour révéler un passage secret.
"Bienvenue dans notre cave," dit Mika avec un sourire. "Nous appelons ça notre petit secret bien gardé."
Descendant l'escalier sombre, Augustus découvrit une vaste cave remplie de marchandises illégales – alcool, tabac, et autres produits de contrebande. Les murs étaient tapissés de caisses et de tonneaux, et l'air était imprégné d'un mélange de bois et de l'odeur piquante des marchandises.
"Voici notre domaine," expliqua Louis en allumant son joint de hachich. "Ici, nous stockons et distribuons des marchandises qui passent sous le radar du roi."
Augustus regarda autour de lui, impressionné. "C'est incroyable. Je n'aurais jamais imaginé que vous aviez un tel réseau."
Mika hocha la tête. "Nous avons appris à survivre dans un monde dur. Et parfois, pour survivre, il faut savoir jouer selon ses propres règles."
Louis posa une main sur l'épaule d'Augustus. "Nous pouvons t'enseigner les ficelles du métier. Avec notre aide, tu pourras non seulement te relever, mais aussi frapper Don Pablo là où ça fait mal."
Augustus, sentant une lueur d'espoir naître en lui, acquiesça. "Très bien. Enseignez-moi tout ce que vous savez. Je suis prêt à apprendre."
Mika se mit à rire doucement. "Bienvenue dans la famille, Augustus. Ensemble, nous allons changer les règles du jeu."