Chapitre 5

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Castle on the hill - Ed Sheeran

Après avoir patienté une bonne dizaine de minutes, toute seule devant sept personnes qui semblent avoir oublier mon existence, l'homme qui se trouve sur le siège sans cristal se lève et se dirige vers moi. Il me sourit chaleureusement et pour la première fois depuis que je suis arrivée ici, je ressens un sentiment de familiarité. C'est fou comme les catégories jouent un rôle dans nos ressentis. Sur terre, les humains n'ont aucune idée de leur unité et des choses qu'ils ont en commun. En France, on pense qu'on est tous différent mais si on croise des français dans un autre pays, on va immédiatement les considérer comme nous, comme une unité. Et bien je ressens exactement la même chose en voyant cet homme, je ne sais pas qui c'est, mais le fait de savoir que nous sommes pareils me rassure. Au moins, lui, n'aura pas de jugement.

— Excusez-nous, nous avons été un peu longs, il est vrai que c'est un cas assez exceptionnel !

— Pas de soucis... C'est tout aussi exceptionnel pour moi, je dois l'avouer. C'est compliqué à gérer.

L'homme me regarde avec compassion. J'aime le fait que les gens d'ici ne nous montrent jamais de pitié, on ne se sent ni jugé, ni mis au rang de victime, juste soutenu. Enfin, excepté leur souveraine et l'autre abruti aux yeux verts. Le conseiller de la reine, selon les dires de celle-ci, est un homme d'un âge avancé avec des yeux bleus et fatigués sertis par des sourcils broussailleux. Il a des cheveux bruns grisonnant à plusieurs endroits et une légère repousse de barbe. Son apparence lui donne un côté très chaleureux, on se sent immédiatement en confiance, à vrai dire, il me fait un peu penser à un nounours.

— Et bien commençons la visite ! Le château comporte de nombreux étages, j'espère que vous avez de bonnes chaussures.

— Hmmm... Disons que ça suffira.

Il pose son regard sur mes bottes en caoutchouc et grimace. C'est vrai que ce ne sont pas des chaussures de marche mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'avoir une paire de chaussures de randonnée pour visiter un palais.

— Oh, j'oubliais, je ne me suis même pas présenté. Je m'appelle Thibault Gameji et je suis le conseiller de sa Majesté.

— Enchantée Monsieur Gameji, je suis Mona Osmund, dis-je en lui tendant la main.

Thibault me la sert en retour et me propose de commencer. Nous repassons par la grande porte de Quartz et arrivons dans le couloir où Zohar l'avait invoqué.

— Excusez-moi, ça peut paraître indiscret mais comment est-ce possible qu'un humain vive ici ? dis-je, ne pouvant contenir ma curiosité.

— Ne vous en faites pas, je me doutais que vous alliez me poser la question. Et bien, lorsque j'étais jeune, je devais avoir 13 ou 14 ans, un groupe d'humains ont déclaré la guerre à notre peuple. J'étais dans leur camp, mon père était général dans leur armée d'idiot. Il s'est fait tuer assez rapidement. Personnellement, je ne voyais pas l'intérêt d'aller attaquer un peuple qui n'avait rien demandé, alors j'ai déserté l'armée après avoir été blessé à la jambe. Des amétyrséens me sont venus en aide en voyant que je n'étais plus armé. Ils m'ont accueilli chez eux, avec méfiance, bien sûr, et puis ont convaincu les autres de mon innocence. À l'heure actuelle, c'est eux, ma famille. Heureusement, lorsque ces cupides humains ont compris qu'ils ne faisaient pas le poids face à un peuple possédant des pouvoirs bien supérieurs aux leurs, ils ont abandonné. Je dois tout à ce peuple, même si physiologiquement je suis un humain, je me sens au plus profond de moi ametyrséen.

J'acquiesce ne trouvant rien à répondre. Thibault pouvait parler de ça avec désinvolture, je n'en reste pas moins persuadée que parfois il se demande quelle vie il aurait eu s'il était reparti dans son monde. Hélori m'avait dit que les humains étaient peu appréciés et je comprends mieux pourquoi. Les ametyrséens semblent être un peuple tranquille mais parfois la peur de l'Homme prend le dessus sur son objectivité. De nombreuses questions me viennent en tête mais je ne préfère pas déranger le conseiller de la reine avec des sujets qu'il juge peut-être trop personnels.

L'éveil de l'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant