Chapitre 31

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How Villains Are Made - Madalen Duke

Nous nous sommes mis d'accord pour ne partir que le lendemain matin, histoire de nous reposer avant de prendre la route à pied. Tout au long de l'après-midi, j'ai senti la présence des prisonniers autour de nous mais aucun ne s'est montré. Il va falloir qu'on redouble de vigilance. Zohar m'a proposé de m'entraîner, j'ai accepté en espérant en apprendre un peu plus sur son passé. Malheureusement, ça fait une bonne heure que nous combattons et nous n'avons toujours pas échangé un mot.

— Tu ne comptes pas m'en parler ?

— De quoi tu parles ?

Il n'a pas stoppé ses attaques pendant qu'il me répondait. J'intercepte son poignet car son poing voguait dangereusement vers mes côtes.

— Tu sais très bien de quoi je parle mais puisque tu préfères faire l'ignorant je vais te rafraîchir la mémoire. J'ai appris que tu avais voulu t'engager chez les lunes sombres et que tu avais failli assassiner Hélori, dis-je en lançant mon genou vers son abdomen.

— Hmmm, grogne-t-il en posant ses paumes sur ma rotule.

— Je n'ai pas envie de te forcer à me raconter quoi que ce soit mais j'aimerais bien comprendre, je ne sais pas ce que tu as vécu exactement, ni tes motivations mais... je ne peux pas te cacher que je te vois différemment.

Ses yeux lancent des éclairs, ma remarque a l'air de l'avoir profondément blessé. Sa main gauche attrape mon poignet et m'attire à lui.

— Et tu me vois comment ?

Son ton est calme mais sa voix vibre de colère et de frustration.

— Je ne sais pas, te regarder me met mal à l'aise, mon cerveau crée des images de toi avec un poignard derrière Hélori. Je t'imagine en train de préméditer ton crime... Et je te vois le... le tuer. Je sais que mon cerveau part peut-être un peu...

— C'est ce que je vois chaque soir dès que je ferme les yeux, c'est ce que j'éprouve à mon égard. Je ne peux pas me regarder dans une glace, je me dégoûte. Parfois... Je préférerais être mort plutôt que de vivre en sachant ce que j'ai voulu faire.

— Mais tu t'es arrêté à temps...

— Mais j'étais prêt à le faire ! Je n'arrête pas de me demander si c'était par amitié ou par lâcheté que je n'ai pas tué Hélori ce soir-là.

— Ce qui compte ce n'est pas de savoir pourquoi tu l'as fait mais plutôt ce qui a résulté de ta décision. Tu es devenu quelqu'un de loyal et d'accompli. Tu n'as pas perdu Hélori et tu te bats corps et âmes pour ce que tu estimes juste.

— Avant cette histoire, je me battais pour moi, je n'avais toujours connu que la solitude.

Je hoche la tête pour l'inciter à continuer.

— J'avais trois ans quand j'ai vu des gens de ton espèce pour la première fois.

Je tique légèrement sur le mot "espèce" mais ne préfère pas le couper. Il a l'air d'avoir besoin de se confier.

— J'étais dans ma chambre quand j'ai entendu des cris retentir aux alentours de ma maison. Nous habitions dans un petit village à plusieurs lieux de Vélora. Mes parents sont sortis pour voir ce qu'il se passait, je me suis caché dans un recoin de la salle d'eau en attendant leur retour. Je ne les ai jamais revu.

Il prend une grande respiration, son regard est troublé. Je suppose que de nombreuses images s'imposent dans son esprit. Il a toujours la main autour de mon poignet, je me dégage de sa prise pour faire rencontrer nos paumes et entrelacer nos doigts. Par ce geste j'essaye de lui faire comprendre que je suis là et que j'apprécie qu'il se confie.

L'éveil de l'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant