Brown Eyes, Brown Hair - Caleb Hearn
Lorsque je retourne sur le camp improvisé, les autres discutent joyeusement autour d'un feu qu'Alev a allumé. Je m'assois près de Clemencia et ramène mes genoux sous mon menton tout en contemplant les flammes danser entre elles.
— Mona... tente Clemencia.
Je ne tourne pas les yeux vers elle, je ne veux pas lire la pitié dans ses yeux, la même pitié qu'on m'adressait quand je disais n'avoir jamais connu mon père. Je n'en veux pas de leur compassion, j'aimerais juste comprendre.
— Vous savez quoi ? Je pense qu'on devrait faire comme si Anémone était amétyrséenne, puisqu'apparemment elle a des pouvoirs inconnus qu'elle ne maîtrise pas, on devrait l'aider, pas la prendre en pitié.
Je lève les yeux vers Zohar, je n'avais pas vu qu'il était revenu mais il vient d'exprimer à haute voix le fond de mes pensées. Je hoche la tête sans pour autant regarder dans sa direction, c'est trop facile. Il m'accuse et après il propose qu'on me traite d'égal à égal, je ne suis pas dupe. Les autres acquiescent ses propos et nous tombons dans un silence reposant.
— Bon ! Si on allait faire un petit bain nocturne ? Ça fait trois jours qu'on n'a pas pu se laver, je pense que ce serait une bonne idée, s'exclame Dolos.
— Heureusement que j'ai pensé à prendre des serviettes, marmonne Hélori.
— Profitons-en pour laver nos vêtements et mettre ceux de rechange une fois sec, ajoute Clemencia.
En un clin d'œil tout le monde est en sous-vêtements en train de barboter dans l'eau. Elle est très froide mais c'est tellement agréable de pouvoir laver la crasse qui s'est accumulée ces trois derniers jours que je le ressens à peine. Je frotte énergiquement le sang de l'adjagarra qui se trouve sur ma tenue. Je préfère ne pas penser à mon acte et me concentre uniquement sur ma tâche. Près de moi, je vois Dolos s'approcher dangereusement d'Alev, il saute sur ses épaules pour la faire couler, celle-ci ressort avec un regard assassin.
— Tu t'es attaqué à la mauvaise personne !
Ils engagent un combat dans l'eau qui est particulièrement drôle à voir. Sans trop savoir comment, nous nous retrouvons tous à chahuter comme nous le ferions simplement un soir d'été loin de la guerre et des conflits. Leur insouciance me fait plaisir, malgré la violence qui fait rage dans le pays, les gens arrivent tout de même à être heureux, parfois. Alors que je saute à l'aveuglette sur les épaules de quelqu'un, je sens des mains se crisper sur mes cuisses. Je baisse le regard pour voir qui se trouve entre mes jambes et découvre avec horreur des épaules larges, légèrement musclées et parsemées de tâches de rousseur. Mais surtout des boucles brunes et mouillées. Zohar. Il tourne son regard émeraude vers moi, le brun a l'air étonné mais je vois à son sourire qu'il ne va pas en rester là. Son rictus est carnassier, d'un coup, je me retrouve immergée sous l'eau toujours accrochée aux épaules du plus agaçant des personnages. Il ressort quelques secondes après et me lâche d'un coup. C'est mal me connaître s'il pense que je ne vais pas riposter. Zohar a à peine le temps de se retourner vers moi que je me jette sur son torse, je l'entraîne dans ma chute et son dos claque violemment contre une vague, ses bras s'enroulent autour de moi et nous nous retrouvons une nouvelle fois tous les deux sous l'eau. Nous remontons rapidement et trouvons les autres en train de nous fixer, les yeux ronds.
— Trouvez-vous une chambre ! s'esclaffe Dolos en échangeant un regard avec Alev, hilare.
Hélori a les sourcils tellement froncés qu'on pourrait presque croire qu'ils sont cousus l'un contre l'autre, tandis que Clemencia tente de dissimuler un sourire. Zohar et moi nous regardons à notre tour pour finalement vite détourner les yeux, j'ai les joues en feu. J'avais juste envie de lui faire payer, juste un peu, et de le toucher. Nous reprenons tous notre trempette chacun de notre côté, un peu mal à l'aise. Je tourne le dos à la plage, m'enfonce dans l'eau jusqu'au cou et contemple la lune qui s'élève haut dans le ciel.
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L'éveil de l'améthyste
FantasySi un jour vous avez cru que les humains étaient les seules créatures dans cet univers alors nous avons un point commun. Mona affronte chaque jour sa solitude qui l'écorche toujours un peu plus. Dirigée par ces émotions, elle se retrouve malgré ell...