Chapitre 14

9 2 0
                                    

Battlefield - SVRCINA

Mes deux compagnons se précipitent pour sortir. Cette fois-ci, c'est Hélori qui m'attrape le poignet pour me forcer à sortir. En arrivant dans les couloirs du château, la panique règne. Le ciel est sombre, il fait donc toujours nuit. Des gardes courent dans tous les sens, leurs expressions varient entre la peur, la tristesse et la colère.

— Je monte sonner au cor, s'écrie Zohar.

Il jette un regard dans ma direction et souffle.

— Évite de mourir ou de faire n'importe quoi ! ajoute-t-il en tentant une mimique moqueuse mais son regard ne me transmet que de l'inquiétude.

Sur ces mots, il part en courant. Hélori me tient toujours fermement le poignet.

— Mona, il faut que j'aille me battre mais je ne peux pas te laisser seule ici, aucun endroit n'est sûr désormais. Il va falloir que tu restes derrière moi, fais très attention.

Nous nous précipitons vers la grande porte et découvrons le champ de bataille. Certaines maisons sont en feu, d'autres détruites, les villageois tentent de s'enfuir et la panique crée une cacophonie monumentale. Des hommes aux allures mortuaires saccagent la ville, d'autres sont dans les airs et chevauchent des sortes de dragons qui sont la cause des incendies. Les créatures qui nous attaquent sont des êtres à la peau crise, au regard luisant de haine et de méchanceté, leurs dents sont pointues et leurs cheveux sont ternes. Il porte des armures en métal sombre, elles les protègent mais ralentissent leurs mouvements. Les combats font rage dans la cité de Vélora. Autour de nous, des membres de différentes gardes combattent les assaillants. Certains volent et se font propulser grâce aux pouvoirs des pupilles vertes, d'autres se retrouvent noyés ou immolés sous l'assaut des pupilles rouges et bleues, tandis que les autres sont couverts de sang ou recroquevillés dans un coin sous la puissance des pupilles oranges et jaunes. Malheureusement, les amétyrséens ne sont pas les seuls à faire des dégâts, beaucoup de soldats gisent sur le sol après avoir succombé à la bataille. En effet, les lunes sombres attaquent à l'aide d'un épais brouillard, leur perfidie n'a aucune limite. Les combats sont déloyaux puisqu'il s'effectue à l'aveugle pour les membres des gardes. Certains peuvent même rendre fous les gens qui les approchent, deux gardes ont subi ce terrible châtiment et sont étalées sur le sol en marmonnant des mots inaudibles, le regard dans le vide. Hélori n'hésite pas une seule seconde face à ce spectacle, il me jette un regard entendu et s'élance dans la bataille. À l'aide de son épée, il pourfend les ennemis qui sont sur son passage. Il est dans une rage telle qu'un seul coup d'épée tranche mortellement son assaillant. Au même moment, un bruit de cor résonne dans toute la ville, Zohar a réussi à alerter tout le monde. De nouveaux amétyrséens apparaissent pour se battre. Hélori s'est tourné vers le château lorsque le cor a résonné, alors que son attention était détournée, une lune sombre s'est jetée sur lui et il est dans une lutte acharnée au corps à corps. Même si cela s'annonce mal, Hélori arrive à immobiliser suffisamment la lune sombre pour éviter qu'il ne forme son brouillard. Moi, je suis debout, les bras ballants, ne sachant pas comment réagir. Quelle erreur de réfléchir sur un champ de bataille ! Voilà qu'une femme à la peau grise avec des sortes de tatouages se jettent sur moi, j'essaye de me rappeler des techniques que m'a donné Zohar à l'entraînement mais j'ai l'impression d'avoir tout oublié. La femme tente de me maintenir au sol en mettant tout son poids sur mon corps. Je tente de bouger en vain. Elle pose sa lame contre ma joue et la coulisse de façon à y laisser une entaille profonde. Le mouvement de son arme dans ma chair me fait pousser un hurlement, la douleur s'étend dans l'ensemble de mon visage. J'ai tellement mal que j'ai l'impression que mon œil droit est mort, je ne vois plus rien. Satisfaite de mon visage mutilé, elle glisse son doigt le long de ma coupure, son contact est acide et me donne l'impression qu'elle y laisse une seconde entaille. Le monstre en face de moi se délecte de mon sang lorsque mon regard est attiré vers une lame. Un léger poignard brille dans la main d'un corps situé à quelques centimètres de moi. Je gigote légèrement et arrive à m'en emparer. La lune sombre remarque mon agitation et lève lentement son arme pour m'abattre. Sans trop réfléchir, je le plante dans la côte de mon ennemie à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elle s'affale sur le côté. Je me lève quelque peu chamboulée par mon geste mais je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits que je me retrouve à nouveau en train de combattre avec une autre lune sombre alertée par les cris. Je repousse l'homme qui me fait face, il est quelque peu déséquilibré, j'en profite pour lancer le poignard de toutes mes forces sur lui. Mon arme l'atteint dans le ventre. Je ne prends pas le temps de vérifier s'il est mort ou non et me met à courir loin de lui. Je cherche Hélori mais malheureusement je l'ai perdu de vue, j'espère qu'il va bien. Je n'ai pas de temps pour m'inquiéter. Je vois une autre créature au loin qui semble m'avoir repérer. Je m'avoue vaincu et accepte le fait que je n'ai absolument rien à faire sur ce champ de bataille, encore plus maintenant que Hélori a disparu. Je m'empresse de chercher un endroit à l'abri des combats. Malheureusement beaucoup de bâtiments sont en flammes et la fumée m'empêche de voir à plus de quelques mètres. Elle rentre à travers mes poumons et vient me piquer les yeux. Je tousse contre mon gré. Je me dirige vers une bâtisse à moitié détruite en mode automatique et me laisse glisser contre ce qu'il lui reste de mur. Je souffle et m'autorise à regarder ce qu'il y autour de moi, des corps sont étendus sur le sol, il y en a des deux camps. Je suis prise d'une indicible nausée, l'odeur des cadavres brûlés est putride et la fumée me fait tourner la tête. Peu à peu, je sens ma tête s'alourdir, les fourmillements à l'intérieur ne font qu'augmenter ma nausée. C'est au tour des sueurs froides de faire leur entrée, j'ai la tête qui tourne et je...

L'éveil de l'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant