Chapitre 13

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DARKSIDE - Neoni

Le château, qui jusqu'à présent m'avait semblé assez accueillant et magnifique, a un tout autre aspect quand on croupit dans ses cachots. Je ne sais pas exactement depuis combien de temps je suis enfermée dans cette cellule froide et sombre. Les seules lumières proviennent des quelques torches accrochées au mur. Les cachots ont été construits dans la roche, sous le château. J'ai froid, il doit faire nuit. Personne n'est venu me chercher. J'espérais au moins avoir la visite de Clemencia ou de Hélori. Comment va Zohar ? Vais-je rester ici toute la nuit ? La seule personne qui me tient compagnie est le garde assoupi devant ma cellule. Il a de la chance que je n'ai aucune intention de m'enfuir. Au moins, ça me laisse tout le temps de réfléchir à ce qu'il s'est passé tout à l'heure. Je ne me suis pas reconnue, j'ai peut-être du mal à gérer mes émotions, mais à ce point là ? Je ne pense pas. Il y avait quelque chose de différent comme si elles étaient exacerbées, comme si un pouvoir étrange coulait dans mes veines. La culpabilité me ronge, pas uniquement parce que je l'ai blessé mais pour ce que j'ai pensé à son propos. Si j'avais eu de quoi le déchirer en morceaux, j'aurais été capable de le faire. Je ne veux plus jamais ressentir ça. Soudain, des voix se font entendre dans l'escalier qui mène aux cachots. Elles semblent se disputer. Zohar fait son apparition, maintenu par trois gardes, suivi de Hélori.

— Laissez-la sortir ! C'est inadmissible de la mettre en cage comme un animal, tonne Zohar.

— Allons, Zohar, calme-toi, on n'arrivera à rien si tu te comportes comme un idiot, le sermonne Hélori avant que son regard ne croise le mien. Cependant, je suis d'accord, Mona ne mérite pas de se faire traiter ainsi.

— Les ordres sont les ordres, elle a attaqué un membre haut placé de la garde émeraude, réplique un garde. La reine l'avait prévenue, le moindre comportement suspect et elle était enfermée.

— Ce garde, c'est moi ! Vous ne croyez pas que j'ai mon mot à dire ? Wafa, Lupicin, je suis votre supérieur, vous êtes dans l'obligation de m'obéir !

Les gardes se regardent penaud. L'un s'avance un petit peu, le dos courbé.

— Monsieur... C'est une décision du conseil, vous ne pouvez pas la contester. Malgré votre rang, les ordres sont les ordres.

— Je me porte garant de la décision de Zohar. Si nous avons tort alors nous en assumerons les conséquences, quelles qu'elles soient.

Leur implication me va droit au cœur. Les gardes hésitent un moment puis opinent. Zohar secoue le garde devant mon cachot pour le réveiller.

— Et bien, heureusement qu'elle n'avait pas l'intention de s'échapper. Tu n'es pas professionnel Morfé, réprimande sèchement Zohar.

Le fameux Morfé ouvre ma cellule piteusement et me laisse sortir. Zohar se retourne vers Wafa, Lupicin ainsi que les autres gardes.

— Maintenant, plutôt que d'enfermer une misérable humaine, occupez-vous de dépêcher un escadron à la cité d'Hellébore. Elle a subi une attaque de la part des Lunes Sombres.

Les gardes hochent la tête et partent en trottinant hors des cachots. Même si le brun vient de me faire sortir de prison, ce n'est pas pour autant qu'il peut se permettre de me qualifier de "misérable". Malheureusement, je suis dans une mauvaise position et le frapper ou le réprimander ne ferait que me compromettre encore plus. Zohar m'attrape une fois de plus par le poignet et m'amène avec lui loin des cachots.

— Je pense qu'elle peut marcher sans que tu ne la tiennes par la main Zohar, s'exclame Hélori en grimaçant à ce contact.

Le brun ne répond rien et se contente de me lâcher la main. Je suis reconnaissante envers Hélori qu'il remette un peu Zohar à sa place. Nous nous dirigeons tous les trois dans une salle que je ne me rappelle pas avoir visitée. Pour rentrer, Hélori enfonce son pouce dans un creux du mur en marmonnant des paroles incompréhensibles. Un passage s'ouvre devant lui et me laisse sans voix. Au bout de celui-ci, de nombreux livres sont rangés religieusement sur des grandes étagères en bois massif. Certains sont neufs tandis que d'autres semblent avoir traversé les âges. Les deux hommes avancent dans le couloir et une fois arrivés au centre de la pièce se retournent vers moi.

L'éveil de l'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant