Chapitre 25

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Icarus - Bastille

Tout s'enchaîne très vite, j'étudie mes possibilités pour sortir de ce dangereux encerclement, les ailes des bêtes sont si larges qu'il n'y a quasiment aucune porte de sortie. Je commence à hyperventiler. Dois-je rappeler que ça ne fait que six jours que j'ai découvert ce monde ? J'ai à peine le temps de m'y habituer que ma vie a été mise en jeu un sacré nombre de fois. L'angoisse me paralyse, je vais mourir ici, je ne suis bonne à rien loin de mes amis. Les adjagarras se rapprochent de moi, leurs crocs visibles me font frissonner. Le cercle que forment les monstres se rétrécit petit à petit, sans qu'aucune solution ne me vienne en tête. Soudain, je sens une forte pression dans la main qui tient mon poignard, lorsque je regarde ce qu'il se passe, mon poignard s'est transformé en épée. Ça doit être un objet ensorcelé... Avec un courage que je ne pensais pas avoir, je m'élance sur un des dragons, heureusement pour moi, ces créatures sont lentes sur la terre ferme, elle semble presque les affaiblir. L'adjagarra n'a pas le temps de m'éviter. Je plante mon épée dans l'épaule de ma cible, l'animal pousse un hurlement. J'appuie sur mes pieds pour me donner de l'impulsion et me sert de mon épée comme levier et atterrit sur le dos de la bête. Je suis époustouflée par ce que j'arrive à faire... Je ne prends pas le temps de réfléchir, j'arrache mon arme de son épaule et l'enfonce de toutes mes forces dans sa nuque. Un nouveau cri de douleur retentit, je ne m'en formalise pas, je prendrais conscience d'avoir tué un être vivant, si j'y arrive, plus tard. J'extirpe et enfonce ma lame avec violence jusqu'à ce que l'animal s'effondre. Son camarade avance lentement vers moi en poussant des rugissements. Si j'ai eu le courage d'assassiner le premier adjagarra, je ne me sens pas capable d'abattre le deuxième. Je descends alors de la carcasse de ma victime et m'élance pour retrouver ma monture qui s'est arrêtée un peu plus loin. Elle ne semble pas particulièrement effrayée par l'immense dragon mais l'hippocus reste tout de même à une certaine distance de nous. Je cours et cours encore en me voyant mourir un nombre incalculable de fois en si peu de temps pour finalement réussir à atteindre l'animal de Zohar avant l'adjagarra qui peine véritablement à avancer sur la terre ferme. Je ne suis pourtant pas dupe, je sais que dès que je commencerais à chevaucher avec l'hippocus, il utilisera sa voie de prédilection, celle des airs. Je fouille dans la sacoche située sur le flanc de ma monture et trouve une arbalète munie d'une énorme flèche. Je n'ai jamais utilisé ce genre d'arme mais le temps presse et la bête est si imposante que je réussirai bien à l'atteindre quelque part. Je monte sur l'hippocus et fonce aussi vite que possible, comme prévu l'adjagarra s'élève dans le ciel pour me poursuivre, une fois qu'il est à une distance suffisante pour que je l'atteigne, j'arrête ma monture pour être plus stable, me retourne et vise tant bien que mal le ventre de la créature. Malheureusement, la flèche ne part pas du tout dans la direction que je souhaite, je jure dans ma barbe et décoche une autre flèche. Encore une fois, elle ne prend pas du tout le sens que je voulais mais l'animal s'est tellement rapproché que la flèche lui atterrit dans le bas du corps, probablement sa vessie. Je pousse un cri de joie. Je suis super nulle mais ma nullité m'a fait remporter cette victoire. Enfin, victoire, je n'ai pas encore gagné mais c'est toujours ça. Alors que je célèbre mon attaque, je remarque que le dragon descend beaucoup trop rapidement dans ma direction. Je ne sais pas s'il s'écrase car la blessure causée par ma flèche l'a perturbé dans son vol ou s'il fonce vers moi. J'effectue une pression le long des flancs de mon hippocus, celui-ci s'élance rapidement et manque de me faire tomber mais je tiens bon. Derrière moi, j'entends l'impact de quelque chose, je n'ose pas me retourner par peur de chuter. Je galope durant ce qui me semble être une éternité, du moins suffisamment longtemps pour me sentir hors de danger. Puis je regarde par-dessus mon épaule. Bon, en réalité, je n'ai que très peu avancé durant ce qui m'a semblé être une course effrénée. Une scène horrible s'offre à moi, la créature semble mal en point, la chute a dû lui briser des os. Au loin, Alev galope vers elle. En quelques secondes, mon amie se trouve à sa hauteur. Dans une dernière tentative, l'adjagarra lève sa tête menaçante vers elle, celle-ci pousse un cri de rage et le décapite violemment. J'arrête ma monture et reste bouche bée. Alev, elle, si drôle et légère vient de décapiter une bête de sang froid comme si elle coupait un oignon. Je ferme les yeux, consciente des atrocités qu'ont dû vivre et commettre mes amis et consciente de ce que moi je viens de faire. C'est donc ça se battre pour sa vie ? Ne pas réfléchir à nos actes, ni à qui on a en face de nous ? La jeune fille à la peau brune arrive à ma hauteur essoufflée.

L'éveil de l'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant