Chapitre 32

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Chit chat - Beach Weather

Nous sommes fin prêts à partir. Zohar a fait apparaître des sacs à dos pour qu'on puisse se répartir le peu qu'il nous reste. De ce que j'ai compris, la nourriture pourrie instantanément si on la fait se téléporter, le peu d'espoir que j'avais c'est donc évanoui. Hélori est à l'avant et le brun à l'arrière. Je me place le plus loin du garçon aux pupilles citrines et plus près de Zohar. Derrière Hélori se trouve Clemencia, suivie de Dolos, lui-même talonné par Alev. Chacun a l'oreille tendue, je ressens la tension des autres, presque comme une présence.

— Regarde où tu marches Anémone, arrête de regarder en l'air.

— J'ai un mauvais préssentiment...

— Je ne pense pas qu'ils attaqueront aujourd'hui, intervient Alev. Par contre, je pense qu'ils prévoient quelque chose pour cette nuit.

— Nous établirons des tours de garde à plusieurs, alors.

Nous reprenons notre route en silence. Après plusieurs heures de marche, le rythme a beaucoup ralenti. Si mes coéquipiers sont surentraînés, ce n'est pas mon cas et je n'en peux plus. Je ne me sens même plus capable de tenir sur mes jambes. Clemencia semble avoir perçu ma détresse car elle se retourne au moment où mon corps lâche.

— Faisons une pause, annonce Hélori.

— Personnellement, je peux encore marcher, renchérit Dolos.

— Je pense que c'est le cas pour tout le monde hormis Mona mais si elle ne peut plus avancer on ne va pas pouvoir faire grand chose, le corrige Alev.

— Je vais la porter, tranche Zohar.

Je suis tellement honteuse d'être un tel fardeau pour eux... Je sens les bras de Dolos me soulever pour me déposer sur le dos de son ami. L'odeur de jacinthe me parvient aux narines. Mes pieds sont extrêmement douloureux et ça m'apaise énormément de ne plus avoir à les poser au sol.

— Merci, je souffle à l'attention de mon sauveur.

Il ne me répond pas. Je relâche tous mes muscles en espérant pouvoir remarcher d'ici peu.

***

Quelques heures plus tard, les autres ressentent enfin la fatigue. Je suis toujours perchée sur le dos de Zohar qui ne semble même pas en être épuisé. Il me pose sur le sol, délicatement.

— Ça va mieux Mona ? me demande Dolos.

Je hoche la tête sans pour autant être sûre de ce que j'affirme.

— Tu sens le sang, rectifie Clemencia.

— Hmm oui, c'est normal, je grogne.

— Montre-moi tes pieds !

Je retire douloureusement mes bottes et mes chaussettes, exposant à la vue de tous mes pieds ensanglantés. J'ai des plaies au niveau du talon et sur le côté de mon petit orteil.

— Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ? s'agace Clemencia.

— Parce que je suis déjà suffisamment handicapante, je ne voulais pas paraître encore plus faible.

— Désolée pour mon honnêteté mais tu es vraiment stupide, constate Alev.

Je lui jette un regard noir.

— Bon d'accord, c'était stupide. Pas besoin de tous me regarder comme ça...

Aucun ne fait de commentaire mais leurs pensées sont déjà suffisamment compréhensibles. Je serais encore plus lente avec les pieds blessés. Mieux vaut paraître faible plutôt que bête en fin de compte. Clemencia me soigne les pieds et je me sens déjà beaucoup mieux.

— Je vais chasser, Zohar, tu viens ? l'interpelle Hélori.

— J'arrive.

Mon ventre se met à gargouiller au même moment. Nous n'avons rien mangé depuis plus d'une journée et je n'en peux plus. Il ne nous reste plus qu'une seule gourde de l'eau que Dolos avait trouvé pour nous.

— J'ai compris... Je vais chercher de quoi nous hydrater, dit celui-ci en voyant mon regard vers l'outre pleine.

Nous le remercions de se dévouer et nous retrouvons toutes les trois dans un silence paisible.

— Alors Mona ? L'entraînement avec Zohar avait l'air vraiment... instructif, commence Alev, une lueur moqueuse dans les yeux.

— Euh oui... J'ai appris pleins de nouveaux enchaînements et...

— Oui bien sûr, tu as vu celui-ci non ? continue-t-elle en mimant un câlin entre ses bras.

Mes joues s'enflamment. Serait-ce possible qu'ils nous aient espionnés hier ? Je préfère ne pas y penser.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Ah oui ? fait-elle avec un sourire carnassier.

— Il te plaît n'est-ce pas ? me demande Clemencia.

Mon amie affiche un sourire encourageant et je ressens soudain le besoin de me confier.

— Je ne sais pas... J'ai un peu de mal à oublier son comportement du début mais ces derniers temps, il y a quelque chose qui a changé. On s'entend bien je dirais.

— Plus que bien ! s'exclame mon autre amie à la peau mate.

— On est proche c'est vrai, il est très beau, ça je ne vais pas le cacher. Il le sait, je lui ai déjà dit. Même s'il ne me croit pas vraiment...

— Zohar est plus fragile que ce qu'il ne veut bien laisser paraître, confirme Clemencia.

Je hoche la tête, consciente qu'elle n'est pas au courant d'à quel point cet homme est brisé. Pourtant, Zohar autant que Clemencia ont subi les horreurs de la guerre.

— Je ne sais pas s'il me plaît, en tout cas je me sens bien quand je suis avec lui.

Mes amies acquiescent le sourire aux lèvres.

— Et toi Alev ? T'es proche de Dolos non ? dis-je en lui donnant un coup d'épaule taquin.

— Quoi ? C'est Dolos qui te plait ? fait-elle innocemment pour détourner le sujet.

— Dolos, non, pas vraiment. Mais toi ?

— C'est mon meilleur ami.

— C'est tout ?

— C'est tout, affirme-t-elle mal à l'aise.

Je la regarde intriguée, elle ne dit pas toute la vérité. Alors que je m'apprête à capituler, elle relève le regard vers moi, ses joues sombres piquetées de pourpre.

— Bon... Ce que je vous dis là est purement confidentiel.

Clemencia et moi acquiesçons, curieuses de savoir ce qu'elle va nous dire.

— On couche ensemble parfois, sans sentiment, juste comme ça. C'est mon meilleur ami, j'ai confiance en lui. C'est purement physique.

Je suis choquée par ce que je viens d'entendre. Rien n'aurait pu laisser croire qu'ils s'étaient déjà touchés de cette façon. Moi qui pensait qu'il y avait des sentiments qui attendaient juste une concrétisation, j'avais tout faux.

— Donc tu ne l'aimes pas ?

— Non, du moins pas comme ça.

— Et lui ?

— Ça a toujours été très clair entre nous.

Au même moment, Dolos revient du point d'eau qu'il a apparemment trouvé. Il semble perturbé et agité.

— Ça va Dolos ? lui demande Clemencia.

— Oui, oui, très bien.

Nous nous regardons toutes les trois en haussant les épaules. Étrange.

Au même moment, Zohar et Hélori débarquent avec un espèce de cerf sur les épaules des pupilles d'émeraude. Hélori a le regard sombre, je n'y fais pas attention, je m'en fiche. Il n'empêche que tout ça est très étrange. Tout le monde a l'air d'avoir fait une petite introspection durant cette pause. 

L'éveil de l'améthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant