Chapitre 11

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Iléana Evans – Dimanche 29 octobre 2023 - Grand prix du Mexique

Installée dans un coin du box McLaren, voilà à quoi ressemblent mes week-ends depuis que je suis de retour pour chaque Grand Prix aux côtés de Matthias. Depuis le Japon, l'attitude de ce dernier semble différente. Différente dans le sens où je ne reçois plus de punitions physiques à proprement parler. Du moins, mon visage est épargné par les excès de colère que Matthias peut avoir au quotidien. Mon corps, lui, reste tristement taché de différentes nuances de bleu et de vert, mais rien que je ne puisse atténuer avec quelques vêtements longs et un soupçon de maquillage. Je suis devenue une sorte de caméléon, me camouflant derrière des artifices, derrière de la poudre aux yeux que personne ne semble voir. Depuis sa promesse d'être là pour moi, Lando s'est quelque peu éclipsé lui aussi. Il se montre plus distant envers moi ainsi que Matthias. Les deux hommes s'évitent comme la peste, tout comme Lando, qui évite quasiment tout contact avec moi lorsque nous sommes dans le même espace, apaisant ainsi les craintes et les incertitudes de l'homme avec qui je partage ma vie. J'ai eu le temps d'observer le monde si particulier de la F1 tel Lady Whistledown dans la chronique des Bridgerton. Ce monde de pouvoir, rempli de personnes plus vendues les unes que les autres. Contre mon mur, faisant office de papier peint, je sens que la tension monte lorsque le Grand Prix du Mexique devient un spectacle dramatique. Sergio Perez, le coéquipier de Max, commet une erreur fatale dès le premier virage. Les yeux rivés sur les écrans présents dans le box, je peux sentir l'instant où Max, pris au piège des circonstances dramatiques, se retrouve dans le décor, perdant des positions précieuses. Les caméras zooment sur lui, et sa gestuelle à l'intérieur de la monoplace dévoile une colère pure, presque brutale. La frustration du Néerlandais est palpable à travers les écrans. Son poing frappe le volant, les jurons inaudibles ou plutôt bippés se mêlent au son strident des pneus frottant contre le gravier. Max essaie de repartir, mais malheureusement, ses espoirs de points s'envolent en un instant, consumés par la déception d'un abandon provoqué par l'incompétence de son propre coéquipier. Le box se remplit d'une tension qui semble transcender l'espace-temps et je prends conscience que le duel entre Max et Charles prend une nouvelle tournure, imprévisible et cruelle pour l'un, imprévisible et crucial pour l'autre. Les caméras continuent de capturer le visage de Max, un visage qui, j'en suis certaine, révèle toute l'ampleur de sa rage qu'il essaie de contenir tant bien que mal. Les ingénieurs dans les stands tentent de calmer les ardeurs du Néerlandais par des messages radio, mais la frustration ne connaît pas de mots apaisants. Et le jeune Néerlandais n'est pas connu pour son tact. Avant de sortir avec rage de sa monoplace, Max se permet de dire à son ingénieur un « Wonderful. Really. Can you remind me why he's still here? He drives like an asshole. » C'est une explosion de colère pure, une manifestation de la rage de vaincre qui habite ce pilote qui ne supporte pas la défaite ni la médiocrité. J'explose de rire suite à sa pique contre le Mexicain, bien consciente que ce dernier risque de raser les murs jusqu'à la fin de la saison. Le tumulte de la course continue, et la désillusion persiste pour Max, laissant Charles Leclerc se hisser à la troisième position. Cependant, quelques tours après l'abandon de Max, Sergio est contraint lui aussi d'abandonner le Grand Prix à domicile. Un silence pesant s'abat sur les tribunes mexicaines, une déception partagée par des milliers de fans venus soutenir leur héros local. Avec l'abandon de Sergio Perez, Charles s'élance vers la deuxième place. La dynamique de la course évolue avec une rapidité stupéfiante. Et c'est seulement à cet instant précis que je réalise qui se trouve en tête du Grand Prix. Devant lui, Lando mène la danse, résistant aux assauts du Monégasque. La bataille pour la première place atteint son paroxysme entre Lando et Charles. Les deux pilotes donnent le meilleur d'eux-mêmes, offrant un spectacle époustouflant alors qu'ils se doublent tour à tour à chaque zone de DRS. Chaque virage devient une danse synchronisée, une lutte acharnée où la moindre erreur pourrait être fatale. Les fans, qu'ils soient dans les tribunes ou devant leurs écrans, retiennent leur souffle devant ce duel exceptionnel. Tout comme toute l'équipe présente sur place. Les caméras capturent chaque manœuvre, chaque dépassement, et la tension est palpable à chaque virage. Impossible de déterminer avec certitude lequel de ces deux prodiges de la piste finira devant l'autre à la fin de cette course électrisante. Les deux pilotes se livrent une guerre d'usure, exploitant chaque opportunité stratégique pour prendre l'avantage. Les zones de DRS deviennent des terrains de jeu où les voitures s'engouffrent avec une précision millimétrée. Chaque spectacle de dépassement est salué par les acclamations passionnées des spectateurs en tribune, témoins d'un affrontement mémorable entre deux talents exceptionnels. Alors que la ligne d'arrivée approche, la tension atteint son apogée. Les ingénieurs dans les stands calculent les dernières stratégies, mais sur la piste, c'est le talent brut des pilotes qui dicte l'issue de cette bataille épique. Les derniers tours s'écoulent avec une intensité sans précédent, chaque courbe, chaque ligne droite, une étape cruciale dans la quête de la victoire. Finalement, le drapeau à damier tombe, et c'est le jeune Britannique qui franchit la ligne en première position, décrochant ainsi sa toute première victoire en Formule 1. L'émotion est palpable dans sa radio, et les applaudissements résonnent dans les tribunes. C'est un moment historique pour le jeune pilote, un accomplissement qui restera gravé à jamais dans sa carrière. Charles, bien que privé de la victoire, termine la course en deuxième position avec le point du meilleur tour, une performance impressionnante qui souligne la ténacité du Monégasque et sa capacité à se battre jusqu'au dernier moment. L'euphorie atteint son paroxysme dans notre clan alors qu'Oscar, le rookie de la saison mais aussi coéquipier de Lando, complète le trio de tête en s'emparant de la troisième place. La foule exulte, les drapeaux s'agitent, et l'émotion envahit le circuit et toute l'équipe déserte le box pour saluer ce doublé pour l'équipe. Lando, le vainqueur du jour, célèbre sa victoire avec un cri de bonheur et de rage qui résonne à travers les enceintes de son casque. Il émerge de sa voiture, levant les deux bras en l'air en signe de triomphe. Un saut joyeux le conduit jusqu'à son équipe, où il est accueilli par des éclats de joie. Les membres de l'écurie McLaren le félicitent avec une énergie contagieuse, des tapes dans le dos et des sourires rayonnants. Après les célébrations effrénées, Lando retrouve Charles et Oscar. Il retire son casque, révélant un visage rayonnant de satisfaction. Les bras s'ouvrent pour enlacer chaleureusement le pilote monégasque, puis son coéquipier. En zone d'interview, c'est un Lando ému, les larmes aux yeux, qui s'exprime sur sa course. Les mots peinent à sortir, mais l'émotion est palpable. Il remercie toute l'équipe McLaren, ses parents, sa famille et ses amis pour leur soutien indéfectible. Chaque mot porte le poids de l'effort, de la détermination et de la passion. Une fois sur le podium, au moment de l'hymne britannique, Lando, submergé par l'émotion, finit par craquer. La tête vers les nuages, il soupire, soulagé de tenir enfin sa première victoire en Formule 1. Les larmes coulent librement sur son visage, reflétant le miroir de Zak au pied du podium. Moi, je suis là, dans la foule au pied du podium. Heureuse d'entendre l'hymne britannique que nous n'avions pas eu la chance d'entendre depuis bien trop longtemps et heureuse de voir le bonheur du jeune homme. Une pression contre mon poignet coupe mon élan de joie. Matthias, le regard furieux, me toise avec dédain.

Silence brisé - Lando NorrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant