Silence brisé - Lando Norris

Chapitre 16

Lando Norris – Mercredi 10 juillet 2024 – Richmond

Je raccroche et laisse échapper un long soupir, mon cœur battant un peu plus vite que d'habitude. Ileana vient de me demander de la rejoindre. Pas pour rester enfermée, pas pour se cacher comme elle le fait depuis huit mois, mais pour sortir. Prendre un café dehors. C'est énorme. Je m'empresse d'enfiler une veste, attrape mes clés, et je me rue vers la porte. Je ne veux pas qu'elle ait le temps de changer d'avis.

En descendant les escaliers, je pense à tout ce qu'elle a traversé. Chaque jour, je l'appelle, je la soutiens, mais je me sens souvent impuissant. Je peux la distraire avec des histoires de course, essayer de lui arracher un sourire, mais ça ne suffit pas. Elle est brisée, et je le vois à chaque mot qu'elle prononce, chaque silence qu'elle laisse derrière. Mais aujourd'hui, c'est différent. Aujourd'hui, elle a fait le premier pas.

Je monte dans ma voiture et démarre rapidement. Londres est toujours un cauchemar pour conduire, mais je me fiche de la circulation aujourd'hui. Je garde mes yeux fixés sur la route, mais mon esprit est ailleurs. Je me demande comment elle va réagir quand je serai là. Est-ce qu'elle sera terrifiée ? Est-ce qu'elle va changer d'avis en me voyant à sa porte ? Tout est si fragile avec elle.

Je prends une grande inspiration. Ileana est l'une des personnes les plus fortes que je connaisse, même si elle ne le sait pas encore. Le jour où Matthias a été arrêté, elle s'est effondrée, mais elle a survécu à des mois d'enfer avec lui. Ce procès qui approche, c'est un obstacle immense, je le sais. Mais aujourd'hui, elle m'a demandé de l'aider, et je ne laisserai pas passer cette chance de la voir reprendre un peu de contrôle sur sa vie.

Je zigzague à travers la circulation, mon esprit toujours plein d'inquiétudes. Le procès arrive vite, et je sais qu'elle est terrifiée à l'idée de revoir Matthias, de tout revivre devant une salle pleine de gens. J'essaie de l'encourager à en parler, à s'ouvrir, mais ça reste difficile pour elle. Pourtant, aujourd'hui, elle fait un pas vers la lumière, aussi petit soit-il. C'est un signe.

J'arrive enfin devant son immeuble, et je me gare rapidement. J'éteins le moteur et reste là un instant, les mains encore agrippées au volant. J'ai peur de dire quelque chose de travers, peur de la bousculer trop vite, mais je sais que je dois être là pour elle. C'est ce que j'ai promis, non ? Que je ne la lâcherais pas.

Je sors de la voiture et me dirige vers la porte de son immeuble. En montant les marches, je sens mon estomac se nouer. Je ne sais pas ce que je vais trouver de l'autre côté. Peut-être qu'elle sera prête, peut-être qu'elle sera en larmes, effondrée. Peut-être qu'elle ne voudra même pas ouvrir la porte.

Je frappe doucement, hésitant un instant. Je m'attends presque à un refus, un "non" étouffé derrière la porte, mais après quelques secondes, j'entends le bruit de la serrure. La porte s'ouvre lentement, et Ileana apparaît, debout, les bras autour de son corps comme pour se protéger. Elle est pâle, ses yeux fatigués, mais elle est là.

- Salut, je dis doucement, un sourire rassurant aux lèvres. Prête pour ce café ?

Elle hoche timidement la tête, ses yeux baissés, évitant mon regard. Je peux sentir toute la tension qui émane d'elle, comme si chaque pas en dehors de cet appartement la terrorisait.

- Je sais que c'est dur, je murmure, tout en lui tendant une main. Mais je suis là, et tu n'as pas à le faire seule.

Elle hésite un moment, son regard passant de ma main à mes yeux, puis elle finit par me tendre la sienne, tremblante, et la pose dans la mienne. C'est un geste si simple, mais je sais à quel point il est important.