Ileana Evans – Mercredi 10 juillet 2024 - Londres
Cela fait maintenant huit mois. Huit mois que je n'ai pas franchi le seuil de cet appartement, qui était autrefois mon refuge, mon petit cocon de paix. Aujourd'hui, il n'est plus rien de tout ça. Ce lieu, censé être mon sanctuaire, m'étouffe. Chaque mur, chaque recoin me rappelle Matthias, me rappelle les horreurs qu'il m'a fait subir ici. L'endroit transpire encore sa présence, comme si ses fantômes hantaient chaque pièce, chaque meuble. J'ai beau essayer de nettoyer, de réarranger, rien n'y fait. L'odeur du passé est toujours là, tenace et omniprésente.
Le canapé sur lequel je suis assise... Je ne peux pas m'y allonger sans penser à toutes les fois où il m'a fait du mal. Je revois ses mains violentes, ses gestes brusques, et je ressens encore cette peur paralysante qui m'envahissait quand il franchissait la porte, souvent en colère pour un rien. Ici, il m'a frappée, ici, il m'a hurlé dessus jusqu'à ce que je me terre en silence, jusqu'à ce que je disparaisse sous le poids de ses mots. Il m'a prise à des moments où je n'avais aucune échappatoire, abusant de moi, sans considération pour mes larmes, mes refus ou bien même mes supplications.
Je revis ces scènes encore et encore. Quand je ferme les yeux, quand je respire l'air lourd et stagnant de cet endroit, quand je m'assois dans ce fauteuil ou que je me dirige vers la chambre... Chaque pas dans cet appartement me ramène à cette sensation d'impuissance, à cette violence sourde et répétée. Ce n'est plus un lieu de vie, c'est un musée de mes souffrances. Les murs eux-mêmes semblent imprégnés de ses cris, des miens, des coups qu'il portait sans la moindre hésitation.
Je ne me sens plus en sécurité ici, mais je ne peux pas partir. Parce que dehors, le monde est encore pire. Parce que dehors, il y a ce procès qui m'attend. Je n'ai pas la force de l'affronter. Je suis prise au piège, ici, avec mes souvenirs, mes peurs, mes angoisses qui grandissent chaque jour un peu plus.
Chaque nuit, je dors à peine. Les cauchemars sont toujours les mêmes : Matthias me trouve, me frappe encore, il revient pour finir ce qu'il a commencé. Même si je sais qu'il ne peut plus entrer ici, cette peur viscérale ne me quitte jamais. C'est comme si tout était encore possible, comme si ma liberté, ma sécurité, n'étaient qu'une illusion.
Je reste assise, le regard fixé sur la fenêtre aux rideaux tirés. La lumière du jour, si pâle, n'arrive plus à percer dans cet appartement sombre, presque aussi sombre que mon esprit. Je n'ai plus la force de me lever, plus la force de faire quoi que ce soit. Huit mois que je suis ici, prisonnière de cet espace qui me rappelle constamment ce que j'ai enduré.
Je devrais me sentir soulagée. Matthias est loin de moi, arrêté depuis ce jour-là. Mais au fond de moi, cette terreur, cette panique, ne me quitte jamais. La pensée du procès qui approche me hante constamment. L'idée de devoir me tenir devant lui, d'être confrontée à lui dans une salle remplie de juges, d'avocats, de spectateurs... je ne supporte même pas d'y penser sans avoir l'impression que l'air me manque.
Chaque jour, je me réveille avec la même angoisse étouffante. Je passe mes journées à errer dans cet appartement, comme une âme en peine. La vie semble m'avoir échappé. Je ne trouve plus de joie, plus de sens. Tout est devenu lourd, insurmontable. Mon téléphone est devenu mon seul lien avec l'extérieur, mais même lui me pèse parfois.
Lando... Lando lui n'a jamais cessé d'être là. Depuis huit mois, il m'appelle chaque jour. Parfois pour me raconter des détails insignifiants de ses journées sur les circuits, des histoires sur Charles et Alessia, Max et Kelly, des anecdotes sur Penelope et Morgane qui devraient me faire sourire, mais qui laissent désormais à peine un écho en moi et ce vide constant. Je l'écoute, je réponds parfois d'un murmure, mais je n'arrive jamais à vraiment être présente. Pourtant, il continue, inlassable. Il ne me lâche pas.
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Silence brisé - Lando Norris
RomanceIléana Evans, vit passionnément au rythme de la F1, aux côtés de son petit ami Matthias Seild le chargé des relations privées d'Oscar Piastri, récemment promu. Sa joie de vivre et son sourire font d'elle une personne solaire que tous les pilotes app...