19. Conditions de réalité absolue...

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Un juste courroux assaisonné d'une généreuse dose d'auto-apitoiement constituait une bien maigre pitance, se disait Hermione. Et elle ne parlait pas seulement de son appétit. En fait, pour le moment, elle ne se préoccupait pas vraiment de nourriture ; elle n'avait pas quitté son dortoir depuis que Dumbledore l'y avait renvoyée deux nuits plus tôt, et n'en avait toujours pas la moindre envie réelle.

Il était apparu nettement, et douloureusement, que McGonagall avait l'intention de l'observer de très près la veille, quand elle s'était présentée au chevet d'Hermione avec une pile de copies à corriger. Elle était restée là jusqu'à ce que Parvati monte dans la chambre, et n'était sortie qu'une fois qu'il avait été évident que Parvati s'apprêtait à se coucher. Pas un mot n'avait été échangé – un silence froid et palpable avait persisté entre elles.

De son côté, Hermione se satisfaisait de rester étendue immobile sur son lit, sans penser à rien d'autre qu'à la douleur sourde qui avait pris résidence dans son flanc gauche. Elle avait changé les pansements la veille, remarquant avec détachement qu'ils étaient tachés de sang. La blessure elle-même était assez affreuse à voir, la peau rouge et méchamment boursouflée dissimulant les fils noirs et les bords violacés de peau qui tiraient sur leurs points. Ne sachant pas si c'était une chose à laquelle elle devait s'attendre, elle apposa un pansement propre, comme Madame Pomfresh le lui avait montré à l'Infirmerie.

La douleur, par contre, n'était réellement revenue à son paroxysme qu'à un moment ou à un autre de la nuit. Hermione soupçonnait maintenant que ce n'était pas normal, mais ne fit rien. Quelque part, cette douleur lui donnait l'impression d'être plus réelle – elle était restée en suspension dans cet état inactif et laconique pendant près de deux jours. Personne ne lui avait adressé la parole pendant ce temps, et, à part quelques larmes au début qui avaient eu plus à voir avec de la rage qu'avec de la tristesse, elle n'avait pas volontairement émis le moindre son.

Si Dumbledore tenait tant à la punir comme une enfant, elle avait toute intention de se conduire comme telle.

Ce qui l'irritait par dessus tout, finalement, maintenant qu'elle avait eu largement le temps de réfléchir à la question, c'étaient ses présomptions aveugles. A part pour leur permettre de confirmer l'existence d'une relation potentiellement discutable, il ne les avait pas laissés se défendre d'aucune façon que ce soit, préférant s'en tenir à ses propres conclusions, qu'il avait tirées en l'absence des faits entourant les circonstances.

Elle avait essayé de se convaincre que ça n'avait pas réellement d'importance, d'un point de vue purement rationnel, que Dumbledore connaisse l'intégralité de la situation ou pas. Elle et Severus avaient brisé une règle importante, indépendamment du reste, et ils devaient en être punis.

Mais à chaque fois qu'elle essayait de se répéter cela, le visage accusateur de Dumbledore surgissait devant ses yeux, et sa colère reparaissait de nouveau.

Soudain, le champ de vision d'Hermione fut envahi par une lumière aveuglante parce que quelqu'un écartait les rideaux de son lit avec tant de violence que les anneaux cliquetèrent. Battant des paupières, elle essaya de voir qui était là.

« La dernière fois que je vous ai vue, c'était il y a quarante-huit heures, » annonça une voix de femme. « Et je me souviens distinctement d'avoir exigé des visites quotidiennes comme condition de votre sortie. »

Plissant les yeux, Hermione parvint à distinguer la pointe du chapeau de Madame Pomfresh, et elle soupira. « Désolée, » dit-elle d'un ton qui contredisait ses paroles. Est-ce qu'il était possible que la Médisorcière ne soit pas au courant qu'elle était consignée ? « Je n'ai pas été autorisée à quitter la Tour, » continua-t-elle prudemment.

Des gens ordinaires - Sevmione (Severus Snape x Hermione Granger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant