11. En effet, il y aura des moments...

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La vie continua, tout comme Hermione avait soupçonné qu'elle le ferait. Les nuits dans le labo, la traduction jusqu'aux petites heures du matin, les escarmouches et les excuses. Ils avaient même écrit un autre article qu'ils avaient envoyé à Edoras à la RLM, détaillant leurs découvertes expérimentales. Leur premier article serait publié dans moins de deux semaines, dans l'édition de mars.

Hermione commençait déjà à se sentir nerveuse en pensant à la façon dont il allait être reçu. Elle avait confiance en l'exactitude de leurs théories, mais elle savait que la communauté académique risquait de réagir violemment face à des idées si révolutionnaires. Des idées les forceraient à penser au problème en adoptant un point de vue totalement différent, et c'était chose difficile pour n'importe qui, et encore plus pour un groupe de sorciers qui étaient tellement persuadés qu'ils étaient infaillibles qu'il leur avait fallu plus de cent cinquante ans pour admettre que les moldus avaient raison et que le phlogiston, effectivement, n'existait pas.

Peut-être que personne n'irait jusqu'à lui envoyer une Beuglante. Elle n'osait espérer mieux.

C'était le problème avec la recherche, se disait-elle. Quand on était en plein milieu, amoureux de sa propre théorie, le cosmos tout entier semblait soutenir vos idées. Mais ensuite on écrivait un article, on l'envoyait, et les doutes commençaient à s'accumuler. Soudain, on se souvenait d'opérateurs mal placés dans les équations, de marges d'erreur incorrectes, et de tout un tas d'autres bêtises. Ce qui, trois mois plus tôt, avait semblé être la meilleure idée du monde, paraissait tout à coup une élucubration tirée par les cheveux. La publication ne faisait que tripler ces peurs, quand les questions sans réponses et les réfutations indignées commençaient à arriver.

A ce moment, Hermione ne pouvait imaginer pires montagnes russes pour ses émotions. Sauf, peut-être, l'amour. Oui, c'était définitivement pire. Ou mieux, selon la façon dont on regardait les choses.

Le pire, c'étaient ces horribles moments d'incertitude, quand elle ne savait pas ce qu'elle était supposée faire. Ces moments où le moindre mouvement que faisait Severus lui mettait les nerfs à vif, et lui donnait envie de hurler. Ou quand les insultes qu'ils s'étaient toujours échangées sans arrière-pensées commençaient à sembler sincères au lieu d'être amicales.

Heureusement, ces pires moments étaient compensés par les meilleurs, et presque assurément sur-compensés. Le baiser hésitant avec lequel ils s'étaient souhaité une bonne nuit était devenu un rituel chaque soir, et quand ils travaillaient dans le bureau de Severus et non pas dans le laboratoire, ils se retrouvaient souvent côte à côte, les épaules se frôlant à peine, dans un esprit de camaraderie dont Hermione ne les aurait jamais crus capables six semaines plus tôt.

Et puis, il y avait les meilleurs, meilleurs moments.

La première fois qu'elle avait timidement penché la tête pour la poser contre sa cuisse, pendant qu'elle lisait, assise par terre devant la cheminée. Severus, enfoncé dans l'un des fauteuils à haut dossiers, annotant ses notes de recherches, l'avait regardée, surpris, mais n'avait rien dit. Quelques minutes plus tard, elle avait senti une main lui caresser doucement les cheveux, et s'était appuyée contre lui avec plus d'assurance.

Parfois, cependant, leurs meilleurs moments n'étaient pas si parfaits que ça. Hermione avait ri, ravie, la première fois que Severus s'était approché sans prévenir pour l'embrasser à lui faire perdre la tête. Interprétant sa réaction de travers, Severus avait passé la demi-heure qui avait suivi à s'excuser, même si elle lui répétait que non, elle n'avait pas ri de lui, mais à cause de lui. Heureusement, il avait fini par se laisser convaincre, et Hermione le soupçonnait maintenant de continuer à l'embrasser par surprise pour la faire rire.

Des gens ordinaires - Sevmione (Severus Snape x Hermione Granger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant