|| 27 ||

31 0 0
                                    

    Assise sur le sofa, ma mère semblait totalement démunie. Bien que j'aie une furieuse envie de la renvoyer d'où elle venait, son état éveillait en moi davantage de questions. Le silence régnait, seulement interrompu par ses brefs reniflements.

    Finalement, je me dirigeai vers la cuisine et revins avec deux verres d'eau. Elle accepta le sien machinalement. Son regard vide, ses cernes profondes, et ses cheveux en désordre peignaient un tableau de désespoir. Seuls ses vêtements conservaient encore les vestiges de l'orgueil qu'elle affichait autrefois.

    Je soupirai profondément, incertain de par où commencer. Je la scrutai attentivement, notant chaque détail de son état, ses mains tremblantes, ses lèvres pincées, et ses yeux rougis par les larmes. Las, je finis par rompre le silence.

- Alors ? Qu'est-ce que tu veux ? lançai-je d'une voix froide, presque tranchante.

    Elle sursauta légèrement, ses doigts se crispant autour du verre. Ses sourcils se froncèrent, une lueur de détresse illuminant son regard, comme si elle luttait pour ne pas craquer davantage. Autrefois, j'aurais pu rêver d'une telle situation, mais après tout ce qui s'était passé, je n'en avais plus la force. Il devenait évident que je devais tourner la page et m'éloigner de tout ce qui me liait à Yoongi de près ou de loin, pour notre bien à tous les deux.

- Je... murmura-t-elle d'une voix tremblante, les mots semblant la fuir alors qu'elle luttait pour maintenir une apparence de contrôle.

    Je sentis une vague de frustration mêlée de curiosité morbide monter en moi. Je restai attentif, sachant que ce n'était pas le moment de céder. Je lui laissai le temps de répondre, même si cela me démangeait.

- Je sais que tu m'en veux... dit-elle d'une voix brisée.

    Et c'était peu de le dire. J'aurais dû couper nos liens, il y a déjà bien trop longtemps.

- J'ai tout perdu... Il ne me reste plus que toi, ajouta-t-elle, tirant un triste constat.

    Une vague de mépris empreint de tristesse m'envahit.

- Alors maintenant que tu n'as plus personne, tu te tournes vers moi ? Ne trouves-tu pas ça ironique ? répliquai-je, une pointe d'amertume dans la voix.

    Elle baissa les yeux, incapable de soutenir mon regard. Le silence s'épaissit, lourd de non-dits et de souffrances passées. Ma génitrice resta là, immobile, le regard fixé sur le sol. Je pouvais presque sentir son désespoir, mais cela ne suffisait pas à atténuer ma rancœur.

    Je me redressai et commençai à faire les cent pas, essayant de canaliser la tempête d'émotions qui faisait rage en moi. Pourquoi revenait-elle maintenant, après tout ce temps ? Qu'espérait-elle vraiment ?

- Et maintenant, que veux-tu que je fasse ? demandai-je finalement.

    Elle resta muette, ses épaules s'affaissant sous le poids de la honte. Les secondes s'étiraient, marquées par le tic-tac de l'horloge, chaque son soulignant le fossé qui s'était creusé entre nous.

- Tu crois vraiment que tu peux juste débarquer ici et croire que tout va s'arranger ? Que je vais à nouveau céder à tout tes désirs ?

    Elle releva timidement la tête, cherchant quelque chose dans mes yeux, peut-être un semblant d'espoir, mais il n'y avait plus rien à trouver.

- Je n'ai nulle part où aller... tenta-t-elle d'une voix cassée.

    Je m'arrêtai face à elle, l'observant de haut. Il n'y avait plus de place pour la compassion, pas après tout ce qu'elle avait fait.

L'Autre MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant