L'Autre Moi

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    Un mois s'était écoulé. En prenant de grande précaution afin de ne pas croiser ma mère, je rendais régulièrement visite à Yoongi. Dans l'espoir à chaque minute qui passait, de retrouver ses iris charbonneux, rayonnants de nouveau de vitalité. Quelques jours après son opération, il avait été déplacer dans une chambre plus spacieuse et accueillante. Le passage de son père se discernait par les piles de CD de musique assidûment réorganisé à chacune de ses visites. Yoongi était un amoureux de la musique. Initié par sa mère, il apprit très tôt le piano et composait fréquemment tout type de chanson, il était très doué. Du moins, de ce que j'en ai entendu au temps où l'on se fréquentait encore. Quand sa mère est décédée à l'âge de ses seize ans, il a tout de même continué à pratiquer. C'était un peu sa manière de lui rendre hommage et de faire son deuil. Je souriais légèrement à cette pensée, aujourd'hui nostalgique. Je me souvenais encore de son visage mélancolique, mais apaiser à la fois lorsqu'il m'en avait fait la confession.

    Je le dévisageais, assis à son chevet, perdu dans mes songes. Il était presque sept heure du soir et la nuit était déjà noire en ce début de saison. Les températures avaient bien chuté depuis la fin d'automne et les journées se firent plus courtes. La chambre était plongée dans un calme lénifiant et la respiration pondérée de yoongi caressait mes tympans. Ce moment de la journée était mon préféré, ce seul moment de relaxation qui contraignait enfin mon esprit à se reposer. J'étais encore étudiant à l'université et en cette période hivernale, les examens étaient au rendez-vous. Bien que ce n'était pas une pure partie de plaisir, c'était bien la seule chose de productif dans ma vie actuelle et pour lequel je portais un minimum d'intérêt. 

    J'étudiais l'art du spectacle et plus spécifiquement la danse contemporaine. Passionné depuis mon plus jeune âge, je n'ai cessé de m'entraîné dans ce domaine malgré la désapprobation de mon entourage. Enfin, à vrai dire, je ne saurais affirmer si ils ne s'en moquaient pas un peu quoi que je fasse en réalité. Le seul m'ayant encouragé à juste titre était Yoongi. Le seul qui m'avait un tant soit peu considéré, à se préoccuper un minimum de mon existence et cela avait bien suffi à me faire tomber sous son charme. 

    Au début, j'avais douté de mes sentiments, craignant que ce ne soit qu'une illusion provoquée par l'intérêt qu'il me portait. Mais aujourd'hui, je savais avec certitude que j'étais amoureux de lui, et cela depuis quatre ans. Quelle torture.

    Il commençait à se faire tard et envisageais donc de rentrer chez moi. J'habitais un petit studio non loin de l'édifice hospitalier que je louais grâce à mon statut boursier et mon travail à temps partiel.

    Je posai alors un doux baiser sur son front, comme j'en avais pris l'habitude avant chaque départ depuis son opération, et parti en silence. Je saluai les infirmières encore en service. À force de venir, j'avais fini par les côtoyer quotidiennement, j'avais même commencer à sympathiser avec l'une d'entre elles. Je n'y avais pas croisé d'homme jusqu'à présent, à croire que c'était un critère d'embauche. On s'était donc échangé nos numéros sous sa suggestion, ainsi elle avait prit l'initiative de me prévenir à chacune des moindres avancées concernant Yoongi. Nous n'étions pas amis, mais pas de simple connaissance non plus. Mais contrairement à ce que j'aurais admis en temps normal, avoir ce genre de personne, aussi attentionnée dans mon entourage désertique, me fit un bien fou.

    Arrivé à bon port, je me changeai immédiatement pour une tenue plus confortable. C'est apprêté d'un jogging et d'un sweat à capuche, que je m'affalai sur mon petit sofa, qui comblait majoritairement mon modeste salon. Pensif et las de tout, je souffle légèrement fermant mes paupières imprégnées par la fatigue. Je finis par m'endormir excédé par des pensées indésirables.

    Profondément endormi, les heures passèrent, la nuit touchait à sa fin et l'aube n'allait pas tarder à montrer le bout de son nez. Lorsque je fus réveillé par la sonnerie excessivement bruyante de mon portable. La tête dans les vapes, j'attrapai celui-ci et décrochai sans prendre la peine de regarder l'émetteur de l'appel. Il devait bien être au moins quatre heure du matin. J'ouvris difficilement mes prunelles handicapées par le sommeil.