L'Autre Moi

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- Jihyun ?

    Je sentis la place à mes côtés s'affaisser et une main venant me caresser chaleureusement les cheveux. Tandis que j'étais dos à lui, seuls les battements de mon cœur raisonnaient à cet instant, tant son geste était agréable.

- Je suis désolé...

    Je me retournais un peu trop brutalement, ce qui me lança un pic de douleur dans le crâne péniblement.

- Pourquoi ? Tu n'as rien fait de mal...

    Il fut un peu surpris de ma réaction mais se résigna assez vite et me répondis d'une voix coupable.

- Pour tout à l'heure, c'est juste... que je ne pensais pas que tu serais là et tu sais comment est Namjoon...
- Ne t'en fais pas pour ça.

    Il ne répondit pas, mais dans ses yeux qui fuyaient, je vis la culpabilité et la douleur que je venais de lui infliger. Yoongi ne semblait vraiment pas être quelqu'un qui plaçait sa personne avant celle des autres. C'était touchant de savoir qu'il était prêt à faire des concessions et à se mettre à disposition si besoin. Mais d'un autre côté, j'aurais aimé qu'il soit un peu plus égoïste avec moi. Je ne le méritais pas. Je me redressai alors et vins l'enlacer tendrement, avant qu'il ne referme, lui aussi, ses bras autour de moi.

- Tu es déjà bien trop généreux avec moi... Je ne le mérite pas... murmurai-je.

    Je compris à la fermeté de sa prise que mes mots l'avaient atteint. Son corps se figea et, d'un geste brusque, il me saisit par les épaules avant de nous écarter, me fixant droit dans les yeux. Il me scruta pendant quelques secondes dans un silence déconcertant. Puis, d'un ton des plus sérieux, il prit la parole.

- Tu dis ça à cause d'hier ?
- Quoi ? N-Non !
- Alors pourquoi ?
- Pourquoi... ? Je... Enfin... bégayai-je en sentant ma chaleur corporelle monter à vive allure.
- Qu'y a t-il que tu ne veux pas me dire ?

    J'étais pétrifié. Ainsi était-ce le moment de le lui avouer ? Non, pas comme ça, je ne peux pas, c'était impossible. Mais je n'avais aucune excuse, je ne pouvais lui mentir. Je me maudissais de m'être laisser emporter pendant ce brève moment de faiblesse.

- Je...
- Tu ?
- Je ne peux pas te le dire, Avouai-je précipitamment.

    La tension était étrangement redescendu et un air à la fois hébété et inquiet, voilait à présent son visage.

- Pourquoi ?

    À travers ses pupilles, je pouvais percevoir les nombreuses questions qui envahissaient ses pensées. Pourtant, il s'abstenait de les formuler à voix haute, peut-être pour me ménager.

- Pas maintenant... S'il te plaît... le suppliai-je.

     Il me scruta un instant avant de finalement me relâcher, exprimant sa résignation face à ma demande. La frustration se lisait sur son visage. Frustré de ne pas obtenir ce qu'il désirait, mais surtout de découvrir que l'homme qu'il aimait lui dissimulait des choses qu'il percevait comme cruciales.

- Très bien.

    Il se leva alors et commença à marcher vers le couloir. Je le regardai s'éloigner lentement, ressentant un poids immense s'abattre sur ma conscience. L'angoisse me submergeait, mon esprit était confus et mes pensées étaient floues. Il n'avait pas l'air en colère, mais il n'était pas non plus satisfait. Bien sûr, il était humain, incapable de contenir ses émotions indéfiniment. Un besoin irrésistible de le retenir s'empara de moi. Mon corps, affaibli par la maladie, sembla agir de lui-même et je me dirigeai instinctivement vers lui. Cependant, dans ma hâte, un vertige me saisit et je trébuchai, heurtant violemment le sol en bois. Le bruit mat de mon corps frappant le parquet l'arrêta dans sa marche. Il se retourna alors que je tentais péniblement de me relever.