"C'est totalement absurde et vous le savez tout aussi bien que moi."
Quand est-ce que tout ça avait commencé ? Même eux ne pouvaient pas le dire.
"Mes idées sont loin d'être absurdes et je vous incite à rester respectueux monsieur Attal."
Était-ce d'abord l'adversité qui avait créé ce climat entre les deux hommes ?
"Comment pouvez vous parler de respect ?"
Les jeux de regards, ces légers sourires qu'ils s'échangeaient, étaient finalement le pilier de leur relation. Une relation qui c'était créée sans qu'aucun des deux ne s'en rende compte.
"Bien. C'est terminé messieurs, je vous félicite tous les deux pour ce débat, et merci à tous ceux qui nous ont écoutés depuis le début."
Durant de longues secondes, les deux hommes ne se quittèrent pas des yeux, plongeant leurs regards l'un dans l'autre, ne semblant pas prêter attention aux paroles du présentateur.
Ce fut Jordan qui fit le premier pas, s'avançant lentement en direction de son adversaire avant d'arriver en face de lui, sa taille lui permettant de regarder l'homme de haut tandis qu'il lui tendait sa main.
"Bravo, monsieur Attal."
Gabriel jetait un coup d'œil à la main de l'homme, hésitant quelques secondes avant de la serrer en retour.
"Je vous retourne le compliment, monsieur Bardella."
Tandis qu'il s'apprêtait à la lâcher, la poigne de l'homme se resserra autour de sa main, ses doigts remontant légèrement sur son poignet sous la manche de sa chemise, de manière si discrète qu'il aurait pu croire que ce n'était pas intentionnel, si celui-ci n'abordait pas un sourire en coin, trahissant sa satisfaction de voir Gabriel perdre ses moyens ne serait-ce qu'une seule seconde.
Il attirait ensuite l'homme à lui, légèrement seulement, afin de pouvoir chuchoter près de son oreille.
"À la prochaine fois, Gabriel."
Gabriel se figeait, sentant un frisson parcourir son corps contre sa volonté, tandis que l'autre homme se redressait, passant à côté de lui sans un regard de plus pour rejoindre le staff. Il fallut quelques longues secondes à Gabriel pour se remettre de ce qui pouvait sembler futile pour la majorité de la population.
Futile, c'est ce qu'il essayait de se répéter, mais le ton que l'homme avait utilisé, la manière dont sa voix était descendue de plusieurs octaves lorsqu'il s'était adressé à lui, le sourire qu'il avait pu apercevoir au coin de ses lèvres pendant une micro seconde, tout cela n'était pas futile, pas à ses yeux.
La sonnerie de son téléphone le sorti de ses pensées, le faisant cligner des yeux plusieurs fois avant de le sortir de sa poche, se reprenant instantanément en voyant le nom du contact apparaître sur l'écran.
"Monsieur ? Que ce passe-t-il ?"
Il avançait à son tour en direction du staff attrapant un des verres d'eau présents sur la table.
"Gabriel, bonjour. Je sais que tu es occupé, d'ailleurs j'ai regardé le débat et tu t'es très bien débrouillé, bravo à toi."
La remarque le fit sourire, il ressentait toujours une certaine satisfaction lorsque cet homme le complimentait, il faisait tout pour le rendre fier et l'entendre saluer ses efforts était vraiment plaisant.
"Merci monsieur le président, même si je pense que j'aurais pu faire mieux."
Il entendit l'homme rire à l'autre bout du fil, devinant l'expression qu'il devait avoir sur son visage à l'instant.
Il esquissait un sourire, ne remarquant pas le regard qui pesait sur lui."Je t'ai déjà dis de m'appeler par mon prénom lorsque nous sommes en privé, fais-le s'il te plaît."
"Pardon, Emmanuel, j'oublie toujours. Je suis trop habitué à rester professionnel."
Ils rirent tous les deux, Gabriel se retournant pour reposer son verre sur la table après en avoir bu une grosse gorgée.
Il se retrouva nez à nez avec Jordan, qui se tenait devant lui, le fixant simplement du regard sans rien dire."Gabriel ? Tu m'entends ? Est-ce que tu peux passer ce soir ou pas ?"
La voix d'Emmanuel ramenait Gabriel a la réalité, le faisant cligner des yeux plusieurs fois sans pour autant briser le contact visuel qu'il entretenait avec l'homme en face de lui.
"Hm ? Oui oui bien sûr je.. je passerais. Écoutez je dois raccrocher, on se voit plus tard."
Il raccrochait rapidement, perturbé par la proximité entre l'homme et lui, le regardant quelques secondes avant de parler.
"Monsieur Bardella."
L'homme n'abordait pas son sourire arrogant habituel, se contentant de fixer Gabriel de manière si profonde qu'il avait l'impression qu'il pourrait lire en lui d'un simple coup d'œil. Il leur fallut quelques secondes de plus dans ce silence avant que Jordan ne parle.
"Attal."
Gabriel ne pu retenir un haussement de sourcil au ton familier de l'homme. Il n'arrivait pas à cerner celui-ci, il restait perturbé en sa présence malgré le fait que l'homme soit plus jeune que lui.
"Je peux faire quelque chose pour vous ? Si non, vous m'excuserez mais j'aimerais passer, j'ai à faire."
Il entrepris de contourner l'homme, voyant que celui-ci ne répondait pas, seulement pour être retenu au dernier moment par la main de celui-ci se refermant sur son poignet exactement de la même manière que la fois d'avant, sa poigne cependant plus ferme.
Il levait son regard vers lui, s'apprêtant à le sermonner pour son manque de politesse mais le regard de l'homme l'en dissuada directement.
Sa mâchoire était serrée, on pouvait clairement distinguer ses muscles se contracter, et son regard était indescriptible."Qu'est-ce que-"
"Vous devriez être plus professionnel."
Gabriel fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il sous-entendait.
"Pardon ?"
"Il y a des journalistes autour, vous ne pouvez pas vous permettre d'être aussi familier pendant une conversation téléphonique avec le président en public."
Gabriel ne pouvait en croire ses oreilles. Était-il réellement entrain de se faire sermonner par Jordan Bardella ?
Ses sourcils se froncèrent encore plus, et il retira son poignet de sa poigne d'un coup sec."Soyons clair. Premièrement la manière dont je me comporte avec monsieur le président n'est absolument pas votre problème. Secondement, je n'apprécie pas du tout que vous épiez mes conversations. Mêlez vous de vos affaires Bardella."
À ces mots, l'homme en face de lui semblait revenir à lui-même, sa mâchoire se décontractant, non sans passer sa langue contre l'intérieur de sa joue, et son regard reprenant ce fameux air malicieux qui l'énervait tant.
"Veuillez excuser mon impolitesse, n'hésitez pas à passer le bonsoir au président de ma part."
Gabriel hocha la tête, ne cherchant pas à comprendre les sautes d'humeurs de son adversaire.
"Oh et, monsieur Attal ?"
Le regardant dans les yeux, le coin de ses lèvres remontant légèrement dans un sourire en coin, Jordan parla d'un ton plus bas, de manière à ce que seul l'homme en face de lui puisse l'entendre.
"N'hésitez pas à m'inviter à vos petites réunions tardives un de ces jours. Je serais ravis d'échanger avec vous."
Et sur cette phrase il tourna les talons, rejoignant son groupe définitivement, laissant Gabriel planté au milieu de la pièce, se demandant s'il avait rêvé le ton suggestif avec lequel l'homme avait parlé.
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le poids du monde
Romancede la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas, ou qu'un seul débat. cette histoire contient des sujets sensibles et matures, je suis responsable de ce que j'écris, pas de ce que vous lisez, s'il vous plaît faites attention.