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Gabriel était prêt.
Enfin, il le pensait.
Le débat approchait à grand pas, et il avait passé les derniers jours à le préparer.
Il n'avait pas le droit à l'erreur, parce qu'il représentait la France.
Il avait révisé son texte, débattu avec plusieurs personnes de son entourage dans le but d'être complètement irréprochable ce soir là.
Et pourtant.
Pourtant, à seulement quelques minutes du lancement, il ne pouvait s'empêcher de douter.
Il ne pouvait penser à autre chose qu'à la scène de la veille.
La manière dont l'homme avait réussi à le calmer en seulement quelques mots, quelques gestes.
Secouant légèrement la tête, il se levait en entendant son nom être appelé sur le plateau.
Il ne pouvait pas faire de sentiments, aucune amitié n'était possible avec Jordan Bardella.
La seule chose qui devait importer ce soir était de gagner.
Prenant une grande inspiration, il s'avança sur le plateau, souriant poliment en marchant avec assurance.
Face à lui, Jordan Bardella était déjà installé, ses yeux déjà rivés sur Gabriel tandis que celui-ci s'avançait vers lui, lui tendant la main.

"Monsieur Bardella."

L'homme se levait de son siège, obligeant Gabriel à lever les yeux vers lui dû à leur différence de taille.
Il l'observa quelques secondes, le toisant de haut, Gabriel se sentant minuscule en face de lui.
Finalement, il lui tendit la main, sans le lâcher du regard.

"Monsieur Attal."

Ils se serrèrent la main, peut-être un peu trop longtemps pour que l'on puisse qualifier ça d'une simple poignée de main, leurs yeux ne se quittant pas une seule seconde.
Jordan ne pouvait pas détacher son regard de l'homme, son regard semblant appeler le sien d'une manière qu'il n'avait jamais connu.
On dirait un ange.
Gabriel fut le premier à briser le contact, se dirigeant vers son siège, à l'autre bout de la table.
Il était prêt.
Il ne devait plus penser à rien d'autre qu'à la victoire.

"Mais enfin laissez-moi parler!"

Le débat faisait rage, les deux adversaires semblant chacun bien au point sur leurs objectifs.
En revanche, Gabriel n'appréciait pas la manière dont l'homme jouait son jeu.
Il passait son temps à lui couper la parole, et Gabriel était content de posséder une certaine capacité à rester calme.

"Vous étiez contre sortir du marché européen, et maintenant vous êtes pour. C'est donc ça la stratégie du rassemblement national ? Vous dites que vous êtes contre, comme ça si ça ne marche pas vous pouvez dire que vous aviez raison, et si vous voyez que ça marche bizarrement la vous êtes pour!

Il pouvait voir la mâchoire de l'homme se contracter, signe qu'il avait appris à reconnaître et qui trahissait son agacement.

"La question Jordan Bardella c'est quand est-ce que vous mentiez ? C'était avant ou c'est aujourd'hui ?"

Il y eu un moment de silence après cette phrase, seul le léger ricanement de l'homme résonnait dans la pièce.

"Restez élégant monsieur Attal."

Gabriel n'en revenait pas, cet homme ne savait donc pas défendre ses idées correctement ?

"Je vous pose simplement une question!"

"Non mais, restez élégant monsieur Attal."

Gabriel ne savait pourtant pas quoi répondre, un léger sourire amusé se dessinant sur ses lèvres sans même qu'il ne s'en rende compte.
L'homme l'énervait, il avait l'impression de débattre avec un enfant, celui-ci passant son temps à contourner les questions sans jamais donner de réelle réponse.
Et pourtant, la manière dont l'homme le fixait du regard, ce léger sourire au coin des lèvres.
Gabriel ne l'admettrait jamais, mais il avait sentit plus d'une fois un frisson parcourir son corps à l'entente des répliques de l'homme.
Les débats étaient toujours riches en émotions, si bien qu'il avait souvent du mal à en redescendre.
Mais avec lui, c'était différent.

le poids du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant