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Ce fut le bruit d'un homme tambourinant à sa porte qui réveillait Gabriel.
Enfin, réveiller était un grand mot, nous devrions plutôt parler de tirer du lit, puisque celui-ci avait encore la tête complètement dans les vapes, ne sachant même pas quelle heure il était.
Il tenta de jeter un coup d'oeil à son téléphone, soupirant en se rappelant qu'il ne l'avait pas rallumé la veille, trop fatigué pour y penser.
Grognant légèrement, il se leva difficilement de son lit, son esprit complètement ailleurs, si bien qu'il faillit trébucher sur ses propres affaires

"Fais chier, putain."

Il sursautait en entendant la personne devant sa porte tambouriner encore plus fort, l'énervant au plus haut point.

"J'arrive, c'est bon!"

Il se dépêcha d'arriver jusqu'à la porte, se demandant qui pouvait être assez impoli pour le déranger chez lui.
Ouvrant la porte, il découvrit le visage de deux hommes, qu'il savait être membres de la garde rapprochée du président.

"Monsieur le premier ministre, le président tiens à vous voir, veuillez vous préparer et nous suivre, rapidement."

Gabriel hochait la tête sans une autre réponse, retournant dans sa chambre afin de se préparer.
Sur son lit reposait la veste de Jordan Bardella, pliée comme il le fallait. Gabriel ne voulait pas repenser à ce qu'il s'était passé la nuit dernière, les actes du président du rassemblement national ne faisant toujours pas sens dans sa tête.
Certes, il était peut-être un peu dur avec lui, mais il était réellement étonné de voir que l'homme était capable d'une simple action humanitaire, lui qui n'avait jamais daigné lui montrer une once de respect.
Il avait bien inspecté la veste, cherchant la moindre trace d'une blague ou de quelque chose pouvant lui nuire, mais mis à part un briquet et un paquet de bonbons il n'avait rien trouvé.
Il s'habillait rapidement, vérifiant qu'il avait bien une tête présentable avant de rejoindre les deux hommes dans leur voiture, les conduisant à Matignon.
Une fois sur place, il fut directement conduit au bureau du président, qui l'attendait, assis dans son fauteuil.

"Gabriel, tu peux fermer la porte."

Il s'exécutait, refermant la porte derrière lui, s'avançant ensuite en direction du président.

"Monsieur, vous vouliez me voir ?"

L'homme l'observa pendant plusieurs longues secondes avant de se lever, se dirigeant lentement vers Gabriel.

"J'aimerais des explications concernant ce qu'il s'est passé hier soir. J'espère avoir mal entendu, et m'être trompé quand j'ai entendu la voix de Jordan Bardella me répondre, sur ton téléphone."

Gabriel ne savait pas où se mettre. Il pouvait sentir que le président n'était pas ravis de la scène de la veille, et il n'aimait pas ce sentiment.
Emmanuel était celui qui avait tout appris à Gabriel, il l'avait pris sous son aile lorsqu'il n'était rien et l'avait fait évoluer jusqu'au poste qu'il occupait aujourd'hui.
Le sentiment qui l'envahissait lorsqu'il pouvait sentir qu'il avait déçu ou énervé l'homme était indescriptible. Il en avait des nausées, et c'est en partie pour cela qu'il était autant minutieux dans son travail.
Tu ne dois pas décevoir ton président.
Emmanuel lui avait répété cette phrase, des centaines de fois depuis qu'ils se connaissaient, si bien qu'elle était ancrée dans l'esprit de Gabriel.

"Monsieur, comme je vous l'ai dis, notre voiture est tombée en panne. Monsieur Bardella a proposé de nous déposer puisque le garage le plus proche était assez loin, et vous ne répondiez pas au téléphone. J'étais vraiment fatigué et je n'ai pas pu refuser. Mais je vous rassure nous n'avons pas parlé."

Emmanuel le regardait dans les yeux, ne disant rien pendant plusieurs secondes, augmentant le sentiment de culpabilité qui grandissait au fond de Gabriel.
Il s'avança finalement, attrapant la mâchoire de Gabriel d'une main ferme, mais non violente.
Il approcha son visage du sien, ses sourcils froncés, parlant légèrement plus bas.

le poids du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant