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Gabriel n'arrivait pas à respirer, s'accrochant fermement à l'homme comme s'il était la seule personne capable de l'aider en l'instant présent.
Jordan le regardait, sentant l'homme trembler dans ses bras, donnant un léger coup de pied à la porte pour la refermer.

"Gabriel, on vas s'asseoir et tu vas m'expliquer d'accord ?"

Il sentit l'homme secouer négativement la tête, ne semblant pas vouloir bouger de cette position.
Mais Jordan avait besoin de le voir, il avait besoin de voir à quel point il était amoché.
Alors il glissa une main sous ses cuisses, le soulevant aisément tout en le gardant contre lui, marchant jusqu'au canapé avant de l'asseoir dessus, s'agenouillant en face de lui.

"Parle moi, s'il te plaît."

Gabriel le regardait, les larmes au bord des yeux, la respiration saccadée comme s'il avait couru sans jamais s'arrêter pour arriver ici.
Il ouvrit la bouche, plusieurs fois, mais les mots ne semblaient pas vouloir sortir.

"Je.. j'y arrive pas, je suis désolé."

Jordan le regardait, son cœur se serrant en entendant l'homme s'excuser sans cesse, pour quelque chose qui n'était clairement pas de sa faute.
Il prit son visage en coupe dans ses mains, faisant attention à n'appuyer sur aucune de ses blessures.

"Tu dois d'abord te calmer. Je suis là, et je t'écoute, alors respire, lentement."

Gabriel hochait la tête, son regard planté dans celui de l'homme, ses paroles semblant l'apaiser, sa respiration se calmant petit à petit.
Cependant la peur qui se devinait dans ses yeux n'avait pas disparu.

"Je ne sais pas.. par où commencer."

Gabriel ne se sentait pas de lui raconter toute l'histoire.
Il ne savait pas comment il aurait pu lui expliquer qu'il subissait la violence du président depuis presque dix ans maintenant, qu'il l'avait manipulé et qu'il détenait encore aujourd'hui une emprise sur son être entier.
Et cela, Jordan semblait le comprendre, puisqu'il le regardait en hochant la tête.

"Je te pose les questions alors."

Jordan l'observa encore quelques secondes.
Il ne voulait pas entendre la réponse, mais il avait besoin de savoir.
Quand bien même il était certain d'avoir déjà percé le mystère, il avait besoin de la confirmation verbale de l'homme en face de lui.

"C'est le président que t'as fais ça ?"

Gabriel le regardait, son souffle semblant se couper pendant une seconde.
Il dû se faire violence pour ne pas fondre en larmes à nouveau, hochant la tête lentement, sachant pertinemment qu'il n'y aurait pas de retour en arrière.
Il pu voir la mâchoire de l'homme se contracter, signe qu'il mettais tout en œuvre pour ne pas montrer sa colère dans un moment pareil, mais il n'en pensait pas moins.
Il le savait, depuis quelques temps déjà, mais maintenant qu'il était mis face à la confirmation directe de l'homme, il avait l'impression qu'il ne pourrait pas se retenir.
La rage qu'il ressentait au fond de lui était plus forte que tout ce qu'il avait ressenti jusqu'à présent.
Pourtant, lorsque Gabriel se mit à parler, il l'écouta avec une attention hors du commun.

"C'était mon mentor, pendant des années ça a été la personne que j'admirais le plus. C'est lui qui m'a repéré alors que j'étais si jeune, et j'avais l'impression de lui devoir toute ma carrière, et peut être même ma vie à certains moments."

Il prit une grande inspiration, s'arrêtant quelques secondes dans son monologue.

"Je ne saurais même pas décrire l'admiration que j'avais pour lui, une admiration qui ne faiblissait par malgré la violence qu'il pouvait montrer par moments."

le poids du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant