Chapitre 18.

590 79 42
                                    

Sortir de la maison s'était avéré étonnamment facile. Ilgog connaissait un passage secret, bien plus simple à emprunter que le goulot de la cheminée. Sans attendre et dans un silence tendu, curieux mélange de colère et de frustrations, ils étaient allés chez Constance, qui en plus d'être une serveuse faisait office de médecin de terrain à ses heures. Quand Anya s'était retransformée en humaine, sous la lumière blafarde d'un plafonnier, ses blessures avaient eu l'air vraiment impressionnantes, mais après un examen minutieux, Constance avait affirmé qu'elle n'était que superficielle. Les félins avaient juste joué avec leur proie et Kana était intervenue avant qu'ils perdent leur intérêt. Peut-être qu'ils l'auraient tué, peut-être pas, personne ne pouvait l'affirmer, mais aucune des blessures infligées n'avait eu pour but d'être mortelles.

— Je vais bien, grommela Anya pour la énième fois en se redressant sur son lit de fortune

— Ce que tu as vécu peut-être traumatisant, il faut que tu dormes, contra Ilgog, intransigeant.

— Je suis une proie, je suis une souris, ce n'est ni la première fois ni la dernière que je me ferais malmener par chat. La seule chose traumatisante c'est vous deux en train de...

— Bonne nuit, Anya, coupa Ilgog avec un regard sévère.

Anya ricana, signe qu'elle n'allait pas si mal que ça, mais n'insista pas.

Constance vivait dans un immeuble à deux pas du restaurant, la réponse que Kana se posait fut donc répondue : les souris ne vivaient pas toutes au-dessus du restaurant, mais dans des immeubles alentour, généralement par quatre ou cinq en colocation ou voisine de palier. Ilgog fit signe à Kana d'entrer devant lui dans le restaurant.

— Ilgog, commença-t-elle, le silence commençait à la crisper.

— Pas un mot. Monte, gronda-t-il en désignant l'escalier.

Kana se hérissa, mais d'un simple regard, elle comprit qu'il était à bout de nerf. Comme une adolescente capricieuse, elle grimpa les marches presque en courant et entra dans l'appartement. Ilgog la talonnait et claqua la porte derrière elle.

— Non, mais à quoi tu pensais, sérieux ? Tu aurais fait quoi si je n'étais pas intervenue, bordel Kana ?

— Je m'en sortais très bien, feula Kana en s'écartant pour le laisser marcher jusqu'au comptoir.

— Tu t'en sortais très bien ? Tu te fous de moi ? Tu tabasses deux félins et tu les laisses alerter toute la maison ? Tu appelles ça bien t'en sortir ?

Ilgog commença à sortir des ingrédients, pains, fromages, beurres.

— Tu fais des croques ?

Il la pointa du doigt, furieux.

— Non, pas pour toi. Les vilaines filles n'ont pas le droit aux croques au fromage. Ce que tu as fait était complètement stupide, et irresponsable, tu t'es comportée comme une gamine impatiente, et les gamines méritent des fessées, pas des croques.

Kana se figea et Ilgog ravala un juron. OK, il était allé trop loin.

— Kana...

Elle carra soudain les épaules, une étincelle furieuse dans le regard et avança à grands pas jusqu'à lui. Ilgog se raidit, prêt à recevoir une gifle, mais au lieu de s'en prendre à lui, elle posa les deux mains sur le plan de travail et écarta les jambes.

— OK.

Hein ? Ilgog mis quelques secondes à connecter deux neurones, mais la position de Kana était sans équivoque. Le dos délicieusement cambré, face au plan de travail, elle lui présentait ses fesses. Le sang déserta son cerveau pour se précipiter dans un endroit bien plus intéressant. Merde.

Proie et Prédateur - La Vipère et le RatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant