Chapitre 1: La main dans le sac

65 7 6
                                    

Ce test de maths vient juste de commencer et je crois que je suis déjà en train de transpirer. Si je n'étais pas aussi foncée je suis sûre que je serais si rouge qu'on proposerait de me sauver en m'emmenant à l'infirmerie. Quoique je ne suis pas assise à un endroit super exposé. J'ai révisé au dernier moment pendant la journée. Mais le truc incroyable, c'est que je me suis rendue compte au dernier moment, à nouveau, que j'avais révisé la mauvaise leçon. C'est parce que le chapitre que j'ai appris par erreur, avait un nom de merde similaire au bon, alors qu'on l'a pas encore vu. Ça c'est arrivé car j'ai oublié de noter le contrôle.

Pendant le cours sur la leçon j'étais en plein "trouble de rêverie compulsive", comme disait le psy que je voyais. Je visitais Venise dans l'obscurité et maintenant c'est mon cerveau qui est dans le noir. Je n'ai pas le niveau de super génie en maths pour improviser à partir d'autres leçons parce qu'en plus elles ne sont pas assez liées. Ça va tacler mes notes et pousser Papa à me crier que mes 17 années d'existence ont été gaspillées.

Le temps passe pendant que je fixe ma feuille quasi-vierge et je ne sais pas pourquoi, mais je vais jusqu'à faire la folie de me tourner vers le gars que le prof a mis à côté de moi aujourd'hui. Il a fait ça pour l'humilier comme un enfant de primaire parce qu'il a eu le malheur de l'énerver. C'est Sebastien Takahara. Pour mon côté rancunier, c'est un connard de première classe qui pourrait repeupler notre ville Californienne de Silverlake, ou même la Terre, avec toutes les filles qu'il se tape. Parfois, on en entend parler jusqu'ici, même s'il a laissé les filles de notre lycée tranquilles à force de dramas.

Ok, maintenant il ne se moque plus de moi comme avant, mais c'est sûrement plus parce que c'est devenu moins drôle pour lui et qu'on n'était pas dans la même classe depuis deux ans. Mais une partie de moi n'oublie pas. Bref, en attendant je suis toujours en train d'alterner mes coups d'œil entre son profil et sa feuille aussi discrètement que je le peux. Malheureusement pour moi le stress m'empêche même de réfléchir aux formules que je lis, alors que son écriture ressemble à celle d'une imprimante. Putain c'est juste une situation horrible.

J'essaie de me concentrer et mieux regarder quand mes yeux s'écarquillent à cause du choc, quand il tourne sa tête vers moi et son regard nuit m'emprisonne. Ses paupières lisses et sans plis donnent leur forme unique à ses yeux en amande dont les extrémités sont affinées, on pourrait même dire acérées maintenant qu'il les plisse. Il lève aussi un de ses sourcils fournis dont la forme droite puis angulaire accentue son expression, accompagnée d'un sourire étirant ses lèvres. Elles sont assez charnues comparées à celles de la plupart des gars, mais pas si larges que ça non plus. Sa lèvre du haut a vraiment la forme d'un arc de cupidon, lui donnant un bel air.

Je pensais vite fait qu'elles étaient super belles à l'époque, jusqu'à ce qu'il commence à me tourmenter avec les autres. Après ça, il est plus devenu comme un orque de jeux vidéo, puis un autre visage vague que j'évitais de regarder. Merde je le détaille beaucoup trop. Pourtant passé tumultueux mis à part, je dois avouer que ce gars est toujours aussi beau que la dernière fois où je le regardais, avec un filtre normal. C'est pas étonnant qu'il soit une menace.

Une menace qui me regarde toujours comme un idiot, donc je lui fais les gros yeux en bougeant ma tête et mes sourcils, pour lui dire de retourner à sa foutue copie avant qu'on ne se fasse attraper. Il arbore un sourire rieur avant d'enfin le faire. Je me mets à soupirer doucement en regardant mon contrôle. Je suis morte. Soudain, je remarque la feuille de Sebastien glisser vers moi. Ok, qu'est-ce qu'il se passe? Non, copie maintenant, pense après. Je reporte le plus de réponses possible sur ma copie en faisant quelques fautes exprès, puis finis juste avant que Mr.Davis commence à ramasser.

Pendant que la sonnerie retentit, je soupire profondément tandis que les autres fuient la salle comme une cellule. Je pense que j'aurais la moyenne. Je quitte mon état pensif quand Sebastien se penche sur moi et de sa voix grave ayant pourtant une légèreté naturelle, il me demande:
-Je peux te parler dehors?

Super. Pourtant j'ai pas le choix, il m'a aidé. Je hoche la tête et il esquisse un sourire avant de sortir. J'ai presque envie de lui demander son parfum plus tard, il sent différemment des parfums de gars qui crient "c'est moi l'alpha". C'était plus frais avec un truc fruité, je crois, mais il y a une vraie différence avec le boisé qui balance. C'est doux, mais ça redevient un peu dur à la fin. Je devrais vraiment me mettre à la parfumerie.
Merde, je suis encore en train de rêvasser. Je cours presque hors de la classe quasi vide sous le regard moqueur de Mr.Davis qui me rend mon "au revoir".

Une fois dehors je ne vois pas Sebastien et pense à un autre de leurs sales coups qui revient après tout ce temps, mais je sursaute presque en entendant une voix grave amusée dire derrière moi:
-J'ai cru que tu t'étais enfuie. Je te voyais pas.

Je me tourne et il ajoute:
-Donc je t'ai aidé n'est-ce pas?

-Oui.

-Et je sais que tu es une personne avec des principes moraux non?

Je réponds confuse:
-Oui...

Il sort son téléphone et me dit:
-Donne-moi ton numéro, je t'expliquerais un truc.

C'est quoi ce délire? Malgré tout, j'hésite et demande:
-Tu vas pas le donner à tout le monde hein?

-Aller j'ai grandi, je le ferais pas.

Je ne devrais sûrement pas, mais je finis par le croire. Après que j'ai pris le téléphone puis ajouté mon numéro, il le récupère et dit:
-Merci, je t'envoie un message après.

Je le regarde s'éloigner en me disant que j'ai vraiment déconné.

Wabi-SabiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant