Après ce qu'il s'est passé hier, je m'échappe tout de même de la maison. Heureusement, je n'ai croisé personne et j'ai fermé ma chambre à clé. Personne ne saura que je ne suis pas dedans. Je joue vraiment avec le feu, mais au point où j'en suis ça n'a plus vraiment d'importance. Quand j'arrive au jardin sous le soleil inhabituel, Sebastien est sur une nappe posée sous le porche. Il me sourit en disant:
-Hey.Hier, j'étais tellement en colère que je me forçais à l'ignorer, mais voir ses bleus me blesse moi-même d'une certaine façon. Il semble deviner mes inquiétudes, car en indiquant son visage il m'assure:
-Ça fait presque plus mal.Je le fixe sceptique et son sourire relève ses pommettes. Je soupire en laissant tomber. Je lui demande plutôt, amusée:
-C'est un pique-nique?-Ben des fois j'ai faim.
-C'est presque comme si t'étais humain.
Il rit puis prend un cookie que je le regarde juste manger, même s'il m'a tendu la boîte. Quand il a fini, je demande:
-Du coup, qu'est-ce qu'il se passe?Je devine qu'il lèche ses dents, puis il me sert un sourire de pub, de dentifrice ou plutôt de gants de boxe. Il demande:
-J'ai encore quelque chose?-Non.
Pour je ne sais quelle raison, son sourire s'efface rapidement. Il me conseille:
-Tu devrais manger. Parce qu'après que je t'ai dit ce que j'ai à te dire, tu vas sûrement partir.Malgré mon anxiété naissante, je réponds:
-T'es mourant ou un truc du genre? Parce que les gens ne s'en vont pas dans ces cas-là. S'ils sont pas des robots insensibles.Il sourit, puis dit:
-On pourrait poétiquement dire que je suis mourant.Je fronce les sourcils et il continue:
-Tu te souviens de quand Mr.Connard m'a mis à côté de toi en maths ?-Oui, bien sûr.
-Eh ben tu cachais ton visage comme si j'étais Médusa, mais j'avais envie de le voir parce que je te voyais rarement depuis des années. C'était peut-être la curiosité.
Le regard dans le passé, il rit avant de poursuivre:
-Du coup quand je t'ai vu du coin de l'œil en train de regarder sur ma feuille, j'en ai juste profité et je t'ai regardé. T'avais la même expression timide, mais t'avais grandi. On voit mieux les traits de ton visage angulaire comme tes pommettes. Tu sais elles font un peu contraste, avec ton nez rond que je trouve mignon et tes lèvres de poupée, et...ok, je commence à avoir l'air flippant avec la description détaillée. Attends, je rassemble mes pensées, enfin j'essaie, je stresse.Je ris un peu nerveuse et il reprend:
-Ok donc j'ai vu ta tête et j'ai pensé "wow".Il ajoute plus longuement:
-"Wow".Je lève les sourcils en riant et il continue:
-Je sais pas, c'était bizarre et, perturbant, ce que je ressentais après tout ça. Donc, mon cerveau confus a juste eu l'idée de la piscine. Je vais l'admettre, j'avais pas des pensées pures, du tout.Il a un sourire de fripon avant d'ajouter:
-Surtout quand je t'ai vu en maillot de bain.Je lève les yeux au ciel ennuyée et il dit:
-Donc je prends du temps, mais je veux refaire la chronologie.Je hoche la tête attentive avec le cœur battant vite et de l'appréhension. Il reprend:
-Donc après j'ai fait de ta vie un enfer et j'en suis désolé. Je voulais pas te dire pourquoi, mais on va dire que j'étais en colère que tu m'ai jeté à la piscine. T'avais mis cette distance, comme tu l'avais fait toutes ces années. J'ai toujours trouvé ça bizarre, sûrement parce que je m'attends trop à ce que les gens m'aiment bien.
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Wabi-Sabi
RomanceAmina a toujours détesté les maths, mais en 17 ans, elle a appris à les maîtriser, habituellement sans problème. Mais c'était sans compter sur son étourderie, qui lui a fait oublier de noter un contrôle. Pour s'éviter les foudres de son père, elle s...