Je m'arrête d'observer l'herbe ternie du jardin, pour partager mon commentaire, histoire de m'amuser un peu. Je regarde Sebastien avec un sourire désespéré. Il me demande amusé:
-Quoi?-Tu continues de maltraiter de pauvres filles, je me trompe?
Il demande en riant:
-Qu'est-ce que tu veux dire?-Genre ton truc de les mener en bateau, pour t'amuser. Comme Fallyn, tout à l'heure sur tes genoux.
Il prend soudain un air ennuyé, durcissant ses traits et son regard de jais. Il me dit:
-Et? T'es leur défenseuse maintenant? Ces filles feraient sûrement pas la même chose pour toi.Pourquoi il s'énerve maintenant? Je fais rouler mes yeux au ciel et réplique:
-Qu'elles me renvoient la balle ou non, tu sais quoi? Ça reste mal moralement. C'est si drôle que ça à faire?Il esquisse un sourire passif-agressif et dit:
-Toi, tu sais quoi? Je pense pas que t'en ai quoi que ce soit à foutre, de leurs sentiments. Il y a quelque chose d'autre qui te dérange?Je ricane et me réfugie sur mon téléphone. Mais Sebastien n'en a pas fini:
-Oh et vu que tu veux parler de choses bizarres, moi je t'ai rien dit, quand t'as laissé ton super pote te lécher.Je le mitraille du regard et réponds:
-Vas-y, va jusqu'au bout avec tes pensées tordues.-Oh j'en ai pas besoin, tout le monde l'a déjà fait.
-Juste parce qu'il a fait ça? C'est ridicule. Vous l'êtes. Et moi, au moins, je sais où j'en suis et ce que je fais. Contrairement à une certaine personne, qui flotte autour des filles comme un fantôme perdu, pour s'amuser. Parce qu'on lui a brisé le cœur.
Putain. Je le regarde, choquée par mes propres paroles. Pourquoi je réfléchis toujours après? Il ricane et dit:
-T'aimes prétendre que tu sais où t'en es, mais tu sais même pas ce que tu fous. Et on le sait tous les deux.Je suis tellement énervée, que je n'ai même pas envie d'y réfléchir pour répondre. Je me lève et m'en vais.
Après avoir lu des chapitres dans ma chambre, pour me calmer, je décide de retourner sur mes pas en cachette. Le message que Sebastien a fini par m'envoyer, malgré notre dispute, était vague. Mais ça semblait urgent.Au milieu du gris menaçant de virer au noir, je tripote ma lacrymo, que Sebastien m'avait offerte de force. Peut-être que, justement, j'aurais dû le laisser me récupérer. Dans l'obscurité naissante, je le rejoins debout au milieu des plantes froides. Je lance:
-Hey.Sur un ton moins énergique, il répète:
-Hey.-Pourquoi tu m'as dit que c'est urgent? Tu vas bien?
-Ouais on va dire...je voulais qu'on parle.
-C'est sur ce qu'on s'est dit?
-Oui et non.
Il continue:
-On peut se réconcilier comme toujours, j'en suis sûr. Mais si on le fait, est-ce qu'on pourrait juste dire aux gens qu'on est amis? Je veux dire ça fait longtemps maintenant...Je ne sais même pas pourquoi j'hésite, mais je réponds:
-Non...je veux pas f...Il dit agacé:
-Je sais. Je connais la chanson. Pourquoi tu peux pas juste être courageuse?Blessée, je fronce les sourcils. Je lui dis énervée:
-C'est facile à dire pour toi, avec qui t'es. Pourquoi tu veux faire ça même? Ça t'avancerait à quoi, hein?Il ne répond pas et garde son expression de marbre. Il y a un silence avant qu'il n'émette un ricanement. Il ajoute:
-Tu sais quoi? J'en ai marre. T'as raison, on est trop différents et c'est pour ça qu'on aurait jamais dû commencer à trainer ensemble.J'ai l'impression qu'il vient de me frapper. Je serre la mâchoire en respirant profondément, pour ne pas pleurer. Lui, il s'en va sans même un mot ou un regard.
C'est une fois que j'ai passé la porte du jardin de ma vraie maison, que le ciel a commencé à vraiment noircir. Malgré ça, je n'ai pas reçu de message, pour savoir si je suis bien rentrée. Rien. Après ma douche, j'éteins enfin la musique qui me suit depuis que je suis rentrée. C'était pour m'empêcher de "respirer ce qu'il se passe". Pour tout retenir. Rester en apnée, figée. Ne pas ressentir. Mais maintenant je dois lâcher, respirer, penser à nouveau. Je ne vais pas pleurer. Putain. J'essuie mes larmes rageusement. Tout ça à cause d'un connard, que je me suis mise à trop aimer, malgré moi. Je prends mon téléphone et envoie à Jamari:T'avais raison je suis qu'une conne
Assez vite, il m'appelle directement:
-Allo, qu'est-ce qu'il se passe?J'essaie de ne pas pleurer, en pensant à "ce qu'il se passe". Donc je respire lentement. Jamari demande concerné:
-Est-ce que t'es en train de pleurer?-Non.
-T'es une mauvaise menteuse des fois.
Je ris doucement et il demande irrité:
-C'est Sebastien hein?La peur d'un conflit entre eux me prend, donc je dis:
-Désolé, c'était une mauvaise idée de t'appeler.-Dis-moi juste ce qu'il a fait, tu peux me parler Amina.
La façon dont il me dit ça, me donne envie de pleurer. J'inspire et dis:
-C'est censé être rien, je vais m'en remettre.-Qu'est-ce qu'il a dit?
-Juste qu'on est trop différents. Qu'on n'aurait jamais dû commencer à trainer ensemble. Tout ça, c'est parce que je suis qu'une lâche, parce que je veux toujours pas dire aux gens qu'on est amis. Parce que ça les ferait parler.
-Eh. T'es pas une lâche, ok? T'es juste fatiguée de souffrir et c'est un connard au cerveau pourri, pour ne pas pouvoir comprendre ça.
Je ris et dis:
-Jamari.-Désolé. Pas pour ça, hein. Mais je dois y aller, avant que ma mère vienne me tirer par l'oreille.
Je rigole et il ajoute:
-Tu peux me rappeler dans genre 30 minutes si tu veux.-D'accord, merci beaucoup.
-C'est normal...oui j'arrive!
Il raccroche et je souris un peu. Trop fatiguée mentalement, je me couche, même si je ne vais pas en cours demain. J'ai juste pas envie de voir la tête de Sebastien aussi tôt. Une vraie lâche.
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Wabi-Sabi
RomanceAmina a toujours détesté les maths, mais en 17 ans, elle a appris à les maîtriser, habituellement sans problème. Mais c'était sans compter sur son étourderie, qui lui a fait oublier de noter un contrôle. Pour s'éviter les foudres de son père, elle s...