Les matins avaient pour point commun d'être frais. Certains jours étaient ensoleillés, d'autres étaient venteux. Avec la privation d'Internet, il était difficile de prévoir la météo. Les trois survivants devaient s'habiller chaudement chaque matin, jusqu'à l'apparition des matins plus chauds, signe de l'arrivée de l'été, cet autre grand ennemi de l'année.
La toilette des survivants était plus que sommaire : se frotter les yeux et curer le nez. Et les saletés nasales étaient soient catapultés à terre ou dans les airs, soit collés sur le pantalon.
Au petit-déjeuner il n'y avait pas vraiment le choix. D'ailleurs, il n'y avait aucun choix alimentaire en cette période de fin du monde. Tout ce qui était comestible devait être englouti. Le menu de ce matin était simple : une boîte de conserve contenant trois sardines à l'huile et un pot de miel déjà entamé. Une sardine chacun et une cuillère de miel, avec la même cuillère. Il n'y avait pas le choix d'ouvrir la bouche. Il ne fallait rien gaspiller, pas même une seule goutte de cette huile grasse tapissant le fond de la boîte de conserve.
Miranda, ayant terminé de manger la première, se mit sur le rebord. Elle observa les millions de zombies qui hurlaient toujours comme des humains souffrant les pires tortures qui soient. Elle laissa Richard et Jonathan déjeuner au milieu des seaux toujours désespérément vides.
- Tu crois qu'elle a des tendances suicidaires ? demanda Jonathan inquiet de voir Miranda sur le rebord près du vide. Enfin je veux dire... Elle fait ça tous les matins quand on se lève. C'est le genre de comportement des gens qui n'en peuvent plus.
Richard soupira dès que Jonathan lui adressa la parole. Il ne le regarda pas.
- J'en sais rien, j'en ai rien à foutre, répondit-il gravement en léchant ses doigts huilés.
Jonathan se focalisa immédiatement sur lui avec un air désappointé. Même si Miranda était en danger de mort, Jonathan ne se soucia que d'affronter la voix menaçante de Richard.
- Tu me fais des reproches ? lui demanda Jonathan confus.
Richard n'ajouta rien ni ne le regarda. Il se leva et balança violemment la boîte de conserve vide comme s'il lançait au baseball. Son geste était motivé par deux violences : sa haine de la planète qui lui menait la vie dure depuis deux ans et un sentiment récent envers Jonathan.
- Il y a toujours des reproches à faire dans son monde ! s'écria Richard en fixant l'horizon gris. Des reproches il y en aura encore maintenant que le monde est devenu complètement dingue !
Jonathan se leva doucement, comme pour ne pas rester dans une position inférieure et donner à Richard le sentiment que sa colère domine les restes du monde. C'était comme si le besoin de se lever était une façon pour Jonathan de se mettre à égalité avec Richard et de s'opposer à ses forces obscures.
- Je comprends que tu es encore remonté contre moi, lui dit Jonathan avec une voix très douce et calme et des gestes d'apaisement. Tu penses que la religion n'aide à rien mais si je te dis au contraire...
- Va te faire foutre avec ta religion ! cria Richard en fonçant vers Jonathan et le poussant de son front. Tu crois que ton dieu et ta vierge vous nous sauver mais c'est faux !
Jonathan n'éprouva aucune peur face aux yeux noirs de Richard. Une bouffée de chaleur envahit son corps et fit apparaître des gouttes de sueur aussi soudainement que son cœur s'accéléra.
- Je te défends de me parler comme ça, lança-t-il en affrontant Richard.
- Quoi, tu me pousses maintenant ? Tu veux te battre, c'est ça ? C'est ça connard !
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Manhattan Zero
Science FictionDans un New York envahi par les zombies, Jonathan Miles, un jeune soldat de 15 ans, se bat pour sa survie avec son compagnon d'armes Richard et leur cheffe, Miranda. Abandonnés par l'armée et encerclés par les morts-vivants, leur seul espoir réside...