Chapitre 20

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Miranda le regarda dans les yeux. Elle eut à ce moment la sensation que le monde s'était étrangement stoppé et que les bruits effroyables de la guerre avaient disparu. Était-ce le bruit de la paix ? Ou plutôt le bruit de la Mort, auprès de qui on n'entend rien ? Ou alors le monde entre les deux ? L'intervalle entre le monde cruel des hommes et la paix céleste ? Miranda soupira. Le temps lui parut long. Les épaules affaissées, son regard erra sur les vestiges du champ de bataille. Ses mains, autrefois fermes sur son arme qu'elle venait de faire tomber, tremblèrent légèrement comme des feuilles agitées par le vent de la culpabilité. Les lambeaux de la réalité l'assaillirent, et le poids de chaque vie éteinte par ses mains pesait sur son âme comme un fardeau insoutenable. Des frissons parcoururent son échine. Ses yeux, vitreux et hantés, reflétaient la terreur croissante de quelqu'un qui prenait conscience des massacres perpétrés.

Richard reprit son souffle. Lui aussi eut la sensation que le temps venait de ralentir et de lui offrir un répit plus que bienvenu au milieu de cette boucherie effroyable. Il mit la main sur une épaule de Miranda. Il entendit le silence, comme Miranda, et pris conscience de ses pleurs. Miranda vint se réfugier contre la poitrine de Richard. Celui-ci l'embrassa de ses deux bras, refusant de la laisser tomber, littéralement, au milieu des corps qui étaient autrefois des humains. Il soupira, désolé et caressa la chevelure courte et hirsute de sa cheffe éprouvée. Puis Miranda ôta son masque. Elle toussa dès la première expiration puis essuya ses larmes. Ses épaules s'affaissèrent, ses genoux s'apprêtèrent à se plier et sa tête fut tombée comme si les muscles de sa nuque avaient été sectionnés en guise de châtiment.

- Vous ne devrez pas avoir honte de cette folie, car je vous comprends, dit Richard calmement. Vous avez le droit d'agir comme ça, car les zombies nous ont malmenés depuis des années. Je devrais vous aider à tous les buter et les brûler en enfer, mais... Cheffe, le monde a besoin de nous. Votre famille reposera enfin en paix si vous m'aidez à mettre un terme à cette épidémie de zombie. Vous pouvez compter sur moi pour vous soutenir dans cette épreuve. Je vous en prie, cheffe, me laissez pas tout seul avec Jonathan.

Miranda releva la tête après un court silence qui leur parut réellement sans bruit. Elle acquiesça, sans oser regarder Richard. Un léger soupir sortit de la bouche de Richard.

Soudain un bruit brutal se fit entendre devant eux. Des zombies enflammés chargèrent dans leur direction. Un puissant courant électrique traversa instantanément Miranda et Richard, comme des piétons voyant une voiture foncer sur eux. Leur respiration se coupa. Une chaleur, plus grande que les zombies enflammés, dévora l'intérieur de leur tête et sembla faire bouillir leur cerveau à la vue de cette puissante charge de zombies. Le cœur de Miranda tambourina dans sa poitrine. Les muscles de Richard se raidirent dans une réaction instinctive. La terreur s'insinua dans chaque partie du corps de Miranda. Ils furent pris au dépourvu par cette offensive finale des zombies. Trop tard ! Miranda ne put contre-attaquer et ferma les yeux pour mourir, pendant que Richard la serra fort contre sa poitrine. Il fut trop tard pour réagir et se sauver, car le temps de lever leur arme la horde enflammée allait s'abattre sur eux comme un rouleau compresseur.

Mais leur réaction fut instinctivement trop hâtive, car une nouvelle barrière invisible s'abattit sur les zombies et déchiqueta tout sur son passage. Miranda en fut frappée soudainement, comme si elle venait de subir une gifle qui la réveilla. Elle se retourna et aperçut d'où venaient ces balles. C'était Jonathan qui les couvrit à la mitrailleuse. Un profond soupir de soulagement sortit de Miranda, à la manière d'une profonde respiration après s'être retenu de respirer pendant un long moment. Son regard fatigué s'illumina enfin à la vue de l'intervention secourable et louable de Jonathan. Un court instant de bonheur l'envahit et elle ria un instant avec Richard, qui venait, comme elle, d'échapper à la mort, cependant que des zombies se faisaient broyer autour d'eux.

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