Manhattan Zero

Chapitre 15

Le matin le plus célèbre arriva. C'était le matin final. Le matin du départ. L'aube tant espérée. Et comme un duel entre deux farouches adversaires, ce matin-là avait préparé un froid sec et nuageux pour ses ennemis les humains. C'était comme une bataille épique entre le monde, armé par tout l'arsenal de la météo, et l'escouade de Miranda. Et c'était autour de Miranda de préparer ses armes pour ce dernier combat.

Elle était la première debout. Elle ajouta aux aboiements des zombies encore plus de bruit en tapant sur une tôle de leur tente avec une barre de fer.

- Debout, vous deux ! Sortez de votre boîte de conserve, bande de limaces ! Aller ! Richard ! Jonathan ! Levez-vous immédiatement ! C'est un ordre !

Richard s'extirpa rapidement le premier. Il enfila ses chaussures et sa veste. Mais Miranda le saisit d'une main ferme, le fit sortir de la tente et le projeta jusqu'au milieu du toit. Jonathan, qui le suivit, eut le temps d'enfiler veste et chaussures.

- Présent, cheffe ! déclarèrent les deux soldats avec force.

- Torse nu, faites 50 pompes ! ordonna brutalement Miranda avant qu'ils aient tous deux terminé de parler.

Jonathan et Richard ôtèrent les vêtements de leur torse et s'agitèrent dès lors que le froid commença à les agresser. C'était comme une nouvelle attaque du monde contre les humains. Puis, commandés par l'autorité de Miranda et désireux de se réchauffer, ils entamèrent l'exercice des pompes. Une première douleur apparut sur les paumes de leurs mains, comme écrasées entre le béton et le poids de leur corps. Puis une deuxième douleur apparut dans leurs pectoraux plats sollicités comme des élastiques trop raides s'apprêtant à se déchirer. Puis une troisième douleur apparut aux triceps, comme si ces muscles allaient se détacher des os de l'articulation du coude. Le manque d'activité physique et d'une bonne alimentation avait réduit leur masse musculaire. Mais la mémoire musculaire répondit présent à ces nouveaux efforts en même temps que leurs corps s'embrasaient comme un feu en plein milieu d'un désert glacé. Le vent qui était en train de les frapper par ses souffles glacés était en train de perdre la bataille, car les trois soldats venaient de repartir en guerre.

- On n'avancera pas tant que c'est pas fait ! cria Miranda tandis que Jonathan et Richard soufflaient d'effort. Allez ! Plus vite ! Plus vite !! Je veux 50 pompes !! Plus vite que ça, bande de larves ! Dépêchez-vous ! Celui qui ralentit sera puni d'un grand coup sec dans le dos !! Plus vite !! Plus vite !! Dépêchez-vous on n'a pas que ça à faire !! Plus vite !! Plus vite !! À combien vous en êtes ?!!

- 18 !! 19 !! 20 !! répondit Richard à voix haute quand il touchait le sol avec son nez.

- T'es trop lent, mauviette !! Accélère !! Plus vite que ça !!

Elle tapa sur le dos de Richard qui reporta sa colère sur l'exercice. Il exécuta cette fois ses pompes comme en son battant contre le sol, comme s'il voulait frapper et éloigner de son corps ce sol qu'il accusait d'être responsable de ce coup dans le dos exécuté par Miranda.

- 24 !! 25 !! 26 !! 27 !! 28 !! cria-t-il plus rapidement et furieux.

- Plus vite !! Plus vite !! vociféra Miranda tout près de l'oreille de Richard. Dépêche-toi on n'a pas que ça à faire !!

- 33 !! 34 !! 35 !! 36 !! cria Richard en gémissant de douleur.

- Continue et arrête de compter comme un âne sans cervelle !! Et toi Jonathan à combien t'en es et t'as pas intérêt à mentir !!

Jonathan soulevait et descendait sans arrêt son corps au-dessus du sol.

- 44 !! 45 !! cria-t-il avec une voix guerrière.