Manhattan Zero

Chapitre 22

VROOM !! Un grondement tonitruant déchira l'air. C'était la voix furieuse du moteur d'un char en furie dominant le monde. Ce n'était plus le bruit des zombies que l'on entendait. Leurs cris à côté du char étaient à peine plus grands qu'un miaulement. C'était désormais le char des survivants qui régnait sur la surface de New-York. Imposant et puissant, le bolide se dressa sur tout obstacle sur son chemin. Rien ne lui résista. Une force sauvage sembla se déchaîner. Le sol trembla sous ses roues massives. Les voitures s'écrasèrent sous sa puissance. Les bus se brisèrent en deux devant son passage. Les obstacles de pierres volèrent en éclats, projetant des mitrailles de pierre perforant le corps des zombies à proximité. L'engin tout-puissant fonça à toute allure sans s'arrêter à la manière d'un taureau en pleine charge.

Le gros bolide s'engagea sur une large avenue bordée de hauts gratte-ciel dévastés. C'était un lieu ravagé, envahi par la végétation. Avec des panneaux de signalisation rouillés sur les bords et les poteaux des feux pliés au sol. Des véhicules malpropres, et parfois cramés, étaient abandonnés coincés dans une circulation figée dans le temps. Richard accéléra et l'élan propulsa le lourd engin au-dessus de cette immensité de voitures qui ralentirent un court instant la vitesse du char, le temps de franchir cette masse de véhicules abandonnés par la civilisation de la voiture. Les vitres de ces fragiles voitures éclatèrent. Les toits s'affaissèrent dès qu'une roue du char passa dessus. Les zombies à l'intérieur des voitures s'écrasèrent comme dans un hachoir.

Le règne zombie céda sous le poids de la masse de fer lourdement armée. Il n'existait aucun zombie suffisamment rapide pour rattraper le monstre de guerre. La horde la plus inquiétante était désormais loin derrière. Et seuls subsistaient des zombies esseulés et des petits groupes qui disparurent facilement en un clin d'œil sous l'avant du char. L'avant du bolide devint rouge, comme la bouche d'un monstre géant dévorant la chair et les os des êtres humains.

Le bruit du massacre conjugué avec un char qui ne ralentissait pas et les cris des zombies attira d'autres zombies. Et le problème recommença à s'accentuer en augmenter le bruit de la bataille qui attira d'autres zombies. Les vitres des gratte-ciel éclatèrent et de leurs fenêtres tombèrent des zombies qui se fracassèrent les os dans leur chute. C'était comme une bouteille qu'on aurait renversée pour verser son contenu. Un corps entra en collision avec un bord du char en mouvement en y laissant un bout de son corps qui disparut dans les accélérations du bolide. Les zombies sortirent des tours et se déversèrent à terre, attirés par le bruit de l'extérieur. Il pleuvait des corps tombant des fenêtres des bâtiments, comme des cascades de corps humains, comme si les bâtiments décuvaient après une inondation géante.

L'horreur métamorphosa la figure de Jonathan qui ouvrit les yeux comme s'il venait de faire la rencontre avec un être revenu d'entre les morts. Miranda sentit son sang se glacer à la vue de cette démonstration de puissance effroyable de son ennemi. C'était comme une surprise épouvantable qu'elle n'avait jamais anticipée ni prévue de contre-offensive.

La bouche de Richard fit des bruits frénétiques comme ses mouvements, quand il tournait le guidon à droite et à gauche pour éviter les obstacles de la circulation qui commençaient à ralentir le char. Il regarda alternativement dans toutes les directions : devant lui sur les écrans simulant le pare-brise de son véhicule blindé, et sa carte de bord char. Celle-ci montrait une flèche dont la pointe changea de direction chaque fois que le char tournait dans un sens, et un point immobile faisant écho chaque fois, comme sur l'écran d'un radar, de l'autre côté de la flèche.

La horde de zombies à la poursuite du char devint plus nombreuse depuis que le char était ralenti au-dessus des véhicules abandonnés. Il venait d'être rattrapé par une horde arrivant de tous les côtés, à terre comme dans les airs. Cette nouvelle offensive des zombies fit suer le front des trois survivants qui tremblaient de tout leur corps. Miranda et Richard, focalisés à l'avant devant des écrans simulant le pare-brise du char, scrutèrent régulièrement la carte du tableau de bord. C'était une carte affichant un plan de la ville aux rues rectilignes avec une flèche et un point faisant écho, comme sur l'écran d'un radar, chaque fois de l'autre côté de la flèche. Plus la flèche s'approchait de ce point, plus Miranda et Richard l'observaient attentivement plus longtemps.